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Guillaume Sarkozy ou l'échec du textile européen face à la Chine

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17 mai 2006


Guillaume Sarkozy
PARIS, 17 mai 2006 (AFP) - Le départ mercredi de Guillaume Sarkozy de la tête de l'Union des industries textile (UIT) et le dépôt de bilan de sa propre entreprise de tissus symbolisent l'échec des industriels textiles européens à lutter contre la déferlante des produits chinois.

Guillaume Sarkozy, qui a mené en vain une longue croisade pour défendre les textiles euro-méditerranéens, a cédé la présidence de l'UIT à Lucien Deveaux, 65 ans, lors de l'assemblée générale de l'organisation patronale, en évoquant son "angoisse" à tenter pendant des années de sauver ce secteur sinistré.

Candidat malheureux l'an dernier avec Francis Mer à la direction du Medef, M. Sarkozy avait aussi annoncé lundi qu'il quitterait "définitivement" et "sans amertume" l'organisation patronale au terme de son mandat à l'UIT.

Désormais à la tête d'un cabinet de conseil en ressources humaines comptant 250 salariés, Guillaume Sarkozy est passé de l'industrie aux services, une mutation emblématique de l'économie française, dont 20 % des actifs seulement travaillent désormais dans l'industrie.

Autre symbole, la propre entreprise de Guillaume Sarkozy, la PME Tissages de Picardie, a été mise en redressement judiciaire en septembre, avant d'être reprise il y a quelques semaines par un chef d'entreprise, René de Gaillande.

M. Sarkozy avait accusé à l'époque "le niveau du dollar et la place de l'Inde et de la Chine sur le marché textile" et souligné que "les efforts de création et de positionnement" n'avaient pas empêché la chute des commandes.

Les difficultés du textile européen ont été surtout aggravées par la suppression des quotas sur les produits textile depuis le 1er janvier 2005 et l'entrée de la Chine à l'Organisation mondiale du commerce en 2001.

Mais la réintroduction de certains quotas contre la Chine en juin 2005, cheval de bataille de Guillaume Sarkozy, n'a pas suffi à ralentir les importations de produits textile chinois, toujours en hausse au deuxième semestre 2005 : + 47 % par rapport à la même période de 2004, selon l'Institut français de la mode (IFM).

"La production industrielle textile quitte l'Europe aujourd'hui", a résumé mercredi Evelyne Chaballier, directrice des études économiques à l'IFM.

"Qui dit textile dit angoisse et nombre de nuits écourtées", a avoué de son côté M. Sarkozy, en rappelant que le nombre d'emplois du secteur en France avait fondu de 1 million en 1979 à 91 000 en 2005.

Dernière illustration d'un secteur sinistré, le groupe DBApparel, qui regroupe les marques de lingerie Dim et Playtex, va supprimer 450 emplois en France (sur 2 500) dont la moitié sur son site historique de Château-Chinon (Nièvre).

Le coût unitaire des collants fabriqués à Château-Chinon "est de 36 centimes. En Asie, il est inférieur de 30 %", a expliqué Patrice Bonnet, représentant syndical.

Les dernière tendances observées par l'IFM pourraient toutefois rassurer Guillaume Sarkozy, grand défenseur d'une filière textile européenne et méditerranéenne, pour qui cet "axe euro-méditerranéen est indispensable", sinon "l'Europe du textile n'existera plus".

Les importations de Chine "ont quelque peu ralenti" en janvier et février 2006, a rapporté Gildas Minvielle, responsable de l'observatoire économique de l'IFM "parce que le niveau des importations en 2005 était très important" et parce que "les quotas ont incité les donneurs d'ordre à diversifier leurs approvisionnements".

Les donneurs d'ordre importent donc davantage de vêtements des pays du Maghreb, où "la dégradation des exportations de textiles français s'est atténuée", a-t-il ajouté.

Reste à savoir si la tendance sera la même sur l'ensemble de l'année.

Par Anne RENAUT

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