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6 mai 2013
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Harrods se métamorphose sous pavillon qatari

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6 mai 2013

Il y a tout juste trois ans, le fonds d’investissement Qatar Holding, filiale de Qatar Investment Authority, rachetait pour 1,7 milliards d’euros à Mohamed Al Fayed le célèbre grand magasin londonien Harrods, créé en 1840.


"Après le rachat, les nouveaux propriétaires avaient déclaré vouloir faire de Harrods une entreprise globale avec l’objectif de définir le luxe dans la distribution et les loisirs", rappelle Kate Ormrod, analyste chez Verdict. Le fonds d’investissement n’a pas lésiné sur les moyens: en 2011-2012, quelque 128 millions d’euros ont été injectés dans le grand magasin, contre 38 millions une année auparavant. Ces niveaux d’investissements, qui devaient se prolonger en 2012, ont permis de financer un florilège de projets: Harrods, qui couvre quelque 5,1% des ventes des grands magasins au Royaume-Uni (Source Mintel), a ouvert un nouveau centre de distribution à Newbury afin d’accompagner la croissance de ses ventes, qui ont atteint 771 millions d’ euros en 2011 (+11%) pour des bénéfices imposables de 148 millions d’euros (+15%). Un magasin Harrods a ouvert dans le terminal 5 de l’aéroport d’Heathrow, celui présent dans le terminal 3 a été rénové tandis que son site Internet a été relancé. Le groupe a également multiplié les ouvertures de concessions: nouveau département chaussures pour les hommes, création d’un temple dédié aux montres (Watches Emporium), ouverture de la toute première boutique de prêt-à-porter féminin de la marque Tom Ford sans oublier la création d’un gigantesque royaume des jouets pour les enfants – Toy Kingdom – en juillet dernier. "On a également constaté un afflux de nouvelles marques, en particulier dans l’habillement masculin [Carven, Alexander Wang ndlr] et féminin, explique Kate Ormrod. L’offre a été étendue à de nouvelles griffes de créateurs mais aussi des marques de milieu de gamme afin de permettre au grand magasin d’attirer une cible de clientèle moins aisée". Les départements masculin, accessoires et enfant ont été réorganisés tandis que le sportswear a été étendu.

Le shop in shop Berluti chez Harrods


Harrods multiplie aussi les appels du pied à sa clientèle internationale en autorisant les cartes UnionPay et en internationalisant la signalétique de ses magasins. Les touches purement qataries se sont aussi développées discrètement: au deuxième étage, un café In-Q permet de prendre une boisson et d’acheter des objets et vêtements symboliques de la culture de l’émirat. Une agence à la marque de la compagnie aérienne nationale, Qatar Airways, est annoncée dans les prochaines semaines. De nouveaux projets internationaux sont en réflexion: en juillet 2012, Harrods a annoncé son intention de lancer une chaîne hôtelière à la marque Harrods à Kuala Lumpur, New York mais aussi Paris et Londres. Cet été, le grand magasin prévoit aussi d’ouvrir une boutique éphémère en Sardaigne à Porto Cervo. Mais si les projets affluent, le management, sous la houlette du directeur général Michael Ward, reste stable: Harrods a recruté un nouveau directeur financier en la personne de John Edgar, un ancien de Selfridges, ainsi que Sarah Brown, l’épouse de l’ancien premier Ministre Gordon Brown, au poste d’administrateur non-exécutif en charge de la gouvernance: "les marques britanniques semblent attirer les investisseurs étrangers mais ces derniers ne semblent pas vouloir s’investir à fond dans ces entreprises et préfèrent laisser la direction en place décider des orientations à venir", conclut Kate Ormrod.

Stéphanie Salti

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