SHANGHAI, 16 sept 2010 (AFP) - Le groupe français Hermès a inauguré jeudi à Shanghai la première boutique de sa nouvelle marque Shang Xia, qui veut être la vitrine d'un savoir-faire chinois et illustre l'importance de ce marché pour le secteur de luxe.

Patrick Thomas, PDG d'Hermès

"Nous sommes très émus car c'est la naissance d'un bébé", a déclaré Patrick Thomas, PDG de Hermès, juste avant l'inauguration de la boutique, située près du quartier commerçant de Xintiandi, dans un centre commercial de la métropole de l'est de la Chine dédié au luxe.

Le magasin de 123 mètres carrés propose dans un univers épuré de bois naturel ou blanc, des meubles, des vêtements, des chaussures et des objets de décoration.

Centrée autour du thé, la première collection fait la part belle à des matières très asiatiques comme le bambou, le cachemire, importé de Mongolie, ou encore la porcelaine.

Juste devant la boutique, spécialement pour l'ouverture, des artisans travaillaient jeudi, sur de grandes tables, des objets présents à l'intérieur comme cette tasse de porcelaine cernée de tressage en fil de bambou.

Le credo de la directrice artistique Jiang Qionger, qui est aussi actionnaire minoritaire de la marque, est la revitalisation de l'artisanat chinois par le design. Au total, une vingtaine d'artisans donnent vie au design des 12 créateurs de la marque.

Shang Xia, qui signifie "haut-bas" en chinois, est née de la volonté de Patrick Thomas de développer son groupe, qui a pour stratégie de ne pas faire d'acquisition. "Nous fonctionnons par croissance organique et l'idée était de transférer la philosophie de Hermès en Chine, faire un Hermès chinois", a expliqué le dirigeant à l'AFP.

La marque fonctionnera de façon complètement indépendante, vis-à-vis de la maison-mère. "Si Shang Xia devient un concurrent de Hermès, ce sera un succès", a assuré Patrick Thomas, qui envisage d'ouvrir la deuxième boutique probablement a Paris, sans donner davantage de détails sur le calendrier.

Le marché chinois, déjà deuxième du monde pour le luxe, aiguise les appétits de tous les acteurs et l'expérience Shang Xia devrait être suivie avec intérêt par les grandes marques mondiales.

L'artisanat est devenu un moyen de promouvoir le savoir-faire du luxe.

Au Plaza 66, dans sa principale boutique de Shanghai, Louis Vuitton a installé un atelier où ses artisans viennent de France travailler quelques semaines, devant les clients. Hermès a eu la même démarche à l'occasion d'une exposition.

Pour les enseignes étrangères, la démarche vise autant à valoriser un véritable savoir-faire, qu'à éduquer de nouveaux consommateurs sur les différences entre les vrais et les faux, dans le pays roi de la contrefaçon.

La Chine continentale, avec Hong Kong, Macao et Taïwan, est devenue le premier marché mondial pour Hermès, qui cherche à y conquérir une clientèle plus large, y compris dans les villes de l'intérieur du pays.

D'après le cabinet PriceWaterhouseCoopers, la Chine devrait devenir le premier marché mondial du luxe vers 2015.