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9 févr. 2022
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Hugo Boss s’apprête à fermer son site de maroquinerie en Italie pour délocaliser

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9 févr. 2022

Il n'y a pas que son défilé qu'Hugo Boss délocalise. Alors que les maisons des grands groupes de luxe investissent en nombre en Italie, et en particulier la Toscane, pour bénéficier des savoir-faire locaux, Hugo Boss est sur le point de fermer son unité de Scandicci, aux portes de Florence. Ce mercredi 9 février ses artisans maroquiniers ont croisé les bras. Les trois principaux syndicats Filctem Cgil, Femca Cisl et Uiltec Uil ont appelé à la grève après que le groupe de mode allemand a eu annoncé un licenciement collectif portant sur 21 personnes.


Hailey Bieber dans la dernière cmpagne "be your own Boss" - Hugo Boss


Avec une vingt-deuxième personne sur le départ, son contrat s'achevant, c’est tout l’effectif hautement qualifié de cette usine, qui se retrouve congédié. "Un choix illogique et irrecevable", selon les syndicats. Dans un communiqué, ils expliquent que "la société entend délocaliser les activités de Scandicci (à savoir le développement du produit des collections de maroquinerie et des souliers pour femme, au niveau des prototypes et des échantillons) en Asie ou au Portugal".

"Nous considérons une profonde erreur ce choix de l’entreprise de déqualifier son produit et de déplacer à l’étranger le développement des collections et des échantillons en plus des productions", soulignent-ils, bien décidés à poursuivre leur mouvement jusqu’à ce que la société retire sa procédure de licenciement collectif. "C’est la première grande marque de mode qui s’en va de Scandicci au lieu d’y arriver", notent les syndicalistes. Pour expliquer cette décision, Hugo Boss leur a communiqué que "les tendances des marchés et les goûts des consommateurs ne seraient plus intéressés par le made in Italy". "Cette affirmation est fausse, grave et inacceptable et cache seulement une opération spéculative", fustigent les syndicats.

Le maire de Scandicci, Sandro Fallani, est venu soutenir les grévistes dans la matinée. Il en a appelé à la responsabilité du groupe allemand, tout en soulignant l’importance de sa ville en tant que "premier pôle industriel pour la maroquinerie au niveau européen, si ce n’est mondial". Gucci y a l’un de ses principaux sites de production. Y sont présents aussi Prada, Christian Dior, Richemont, Burberry et Chanel, tandis que Saint Laurent devrait y installer un atelier en 2023.

"Ce choix est difficile à comprendre. Nous ne comprenons absolument pas comment une entreprise qui est là depuis 15 ans, et qui jusqu'ici a soutenu le travail et les ouvriers, décide à l'improviste et de manière incompréhensible de quitter ce territoire qui, je le répète, est le centre mondial de la maroquinerie et du développement", a déclaré l'édile, tel que le rapporte le site de sa commune.

Sur les draps-bannières accrochés par les grévistes aux grilles de l’usine, on peut lire "# be your own boss", en référence à la campagne lancée récemment par la maison à grand renfort d’influenceurs, et juste en dessous: "# mais sans salaire et à la maison". A un moment, où les consommateurs, et notamment la Gen Z que vise Hugo Boss à travers sa nouvelle stratégie de communication, sont de plus en plus attentifs au réel engagement social et responsable des marques, ces licenciements pourraient choquer.

D’autant plus que le groupe a le vent en poupe, (il a engrangé un chiffre d’affaires de 906 millions d'euros, en hausse de 51% au quatrième trimestre 2021 et de 12% par rapport à la même période pré-pandémie en 2019) et qu’il s’apprête à investir dans un grand événement à Dubaï. Contactée par FashionNetwork.com, la société n’a pas donné suite. Les syndicats ont fait savoir qu’ils allaient avoir une rencontre en visioconférence avec l’entreprise jeudi.

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