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17 janv. 2023
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Jacopo Politi apporte un nouveau souffle à Borsalino

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17 janv. 2023

Avec Jacopo Politi à son bord, Borsalino passe à la vitesse supérieure. Nommé responsable du style depuis avril 2022, le talentueux modiste, qui est capable de rendre sexy même un simple bonnet en laine bicolore, a dévoilé à Florence, en marge du Pitti Uomo, une première collection automne-hiver 2023/24 haute en couleurs et truffée de trouvailles et détails fonctionnels, irriguée par un twist mode, qui rafraîchit avec subtilité l’offre du légendaire chapelier italien.


Jacopo Politi avec l'une de ses créations - ph Dominique Muret


Ainsi, pour l’hiver prochain, le classique Fedora en feutre est doublé en polaire et se pare de protections en laine détachables à rabattre sur les oreilles pour les grands froids. Chez la femme, l’élégant modèle Claudette est équipé d’un lacet en forme de chaîne-collier. Quant à la casquette de baseball, elle est revisitée, tout comme le bob, dans différentes matières nobles. Déclinée en feutre, elle peut se plier et s’enfiler dans une poche, avant de retrouver sa forme parfaite.
 
Le styliste italien âgé de 44 ans affiche vingt ans de carrière dans le chapeau et une grande connaissance technique. Après neuf ans comme directeur du studio chez Maison Michel, l’atelier parisien détenu par le groupe Chanel, il renoue avec l’historique griffe piémontaise, puisqu’il a déjà collaboré avec Borsalino entre 2009 et 2012. "J’avais très envie de revenir", confie-t-il.

Tous les matins, Jacopo Politi parcourt les 90 kilomètres qui le portent de Milan à Alessandria pour se plonger dans la manufacture de chapeaux. "Cet accessoire me passionne et chez Borsalino la qualité est indéniablement supérieure par rapport aux autres fabricants", glisse-t-il, en rappelant l’histoire importante de cette entreprise fondée en 1857. "Nous utilisons encore les machines datant de l’époque, avec une équipe dédiée de neuf personnes, pour réaliser notre propre feutre. Nous en avons six qualités".


Le nouveau Fedora à bord hologramme - Borsalino

 
"Borsalino était un peu figée dans le passé. Dans cette industrie en général, c’est un peu comme si le chapeau était resté enfermé dans une armoire pendant quarante ans. Or, il a besoin d’évoluer vers le futur et d’un lien avec la mode. Nous avons 40 ans de créativité à récupérer. Il y a beaucoup à faire, aussi parce que nous devons travailler sur des processus durables ayant un moindre impact pour la planète, comme les teintures", poursuit-il.
 
La relance du chapelier italien accompagne de fait un nouvel engouement, que connaît cet accessoire depuis quelques années. "Aujourd’hui, le public a retrouvé l’utilité du chapeau, qui revient comme accessoire fonctionnel et de mode. La concurrence la plus forte provient des maisons de luxe, car c’est en train de devenir un grand business. Borsalino est tout à fait légitime pour devenir le complément d’un look de prêt-à-porter et donc un achat de mode", analyse le designer.

Pas question néanmoins de tout chambouler. La marque continuera à proposer ses grands classiques, qui constituent 40% de la collection. La mission de Jacopo Politi est "surtout de rendre plus riche la carte des couleurs et les formes", comme l’illustre cette première collection où, au-delà des classiques, le modiste s’est focalisé sur trois formes. Le bob, la casquette de baseball et le basque, qui est proposé en taille mini et maxi. Il les décline dans toutes sortes de matières insolites, comme le feutre justement, mais aussi le velours côtelé, la laine bouclée ou tressée, la maille cachemire, un tweed chevron parsemé de strass ou encore un tissu nid d’abeille technique.


Quelques modèles de la collection Borsalino - ph Dominique Muret

 
Il s’est inspiré aussi de l’espace et des voyages dans le cosmos, avec des détails ludiques et fascinants, tels ces imprimés à effet nébuleuse ou terre de mars. Jacopo Politi s’amuse à élargir et aplatir le bord d’un Fedora, le recouvrant d’une pellicule hologramme aux reflets irisés et changeants, ou à confectionner un modèle classique en version bicolore. Il joue notamment avec les couleurs avec, d’un côté, des teintes énergiques, tels le bleu électrique, l’orange, le rose, et de l’autre, une grande recherche autour du gris, ressuscitant des archives certaines nuances élaborées par le passé comme le gris très clair Picreco.
 
Rachetée un an avant la crise du Covid-19 par le fonds Haeres Equita, qui la gérait depuis décembre 2015, la marque de chapeaux italienne, qui affiche plus de 160 ans d’histoire, a poursuivi son développement à marche forcée l’année dernière en recrutant 46 personnes, dépassant les 150 employés, tandis que son chiffre d’affaires s’élevait autour de 17,5 millions d’euros en 2021. En parallèle, Borsalino a multiplié les initiatives, entre collaborations et ouvertures de pop-up et vient d’ouvrir une boutique aux Maldives et une autre au cœur du luxe milanais, au 26 de la Via della Spiga, portant à onze le nombre de ses points de vente en propre.

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