Par
AFP
Publié le
25 janv. 2007
Temps de lecture
3 minutes
Télécharger
Télécharger l'article
Imprimer
Taille du texte

L'Espagne en guerre contre la mode anorexique

Par
AFP
Publié le
25 janv. 2007

MADRID, 25 jan 2007 (AFP) - Après avoir dit "non" aux mannequins trop maigres dans les défilés de mode, l'Espagne vient de signer un accord inédit contre la "maigreur excessive" avec les grandes marques de prêt-à-porter, lançant un combat résolu contre l'incitation à l'anorexie.

Homogénéisation des tailles, exit des vitrines les mannequins en plastiques en-dessous de la taille 38, retrait du "46" du ghetto des rayons "grandes tailles": Zara, Mango et les autres leaders espagnols du secteur, qui habillent des millions de femmes dans le monde, vont désormais devoir s'y plier.

Les consommatrices n'auront plus à jongler d'un magasin à l'autre, du 36 au 40, pour un pantalon toujours sous-taillé, un shopping traumatisant où elles se sentent toujours plus rondes qu'elles ne le sont vraiment.

Cela "va faciliter la vie de l'acheteuse, lui permettre de mieux se connaître", se réjouit Clara Courel, rédactrice en chef de la rubrique mode de l'édition espagnole du magazine Elle.

"La mode doit permettre aux femmes de se sentir bien telles qu'elles sont", explique à l'AFP la Directrice générale à la Consommation, Angeles Heras, l'une des promotrices de l'accord signé mardi 23 janvier avec les grandes enseignes.

Pour homogénéiser leurs tailles, les marques se baseront sur une vaste étude réalisée d'ici 2008 par le ministère espagnol de la Santé, qui va mesurer 8 500 Espagnoles de 12 à 70 ans dans 60 municipalités.

Ces femmes, choisies au hasard, seront mesurées sous toutes les coutures dans une cabine laser, d'abord debout, puis assises.

L'Espagnole standard issue de cette étude viendra rafraîchir les dernières données en la matière, qui datent de... 1973, à la fin de la dictature franquiste.

"Il s'agit d'un premier pas important", souligne l'Association de lutte contre l'anorexie et la boulimie Adaner, qui affiche toutefois sa prudence: "Nous avons déjà eu l'exemple de mesures qui n'ont jamais été appliquées", prévient sa présidente, Maria del Carmen Galindo.

Ce front commun du gouvernement et du monde de la mode contre l'anorexie vient s'ajouter aux mesures inédites des autorités régionales de Madrid qui ont décidé de proscrire les mannequins trop squelettiques du grand rendez-vous de la couture madrilène, la Pasarela Cibeles.

Depuis septembre, les mannequins dont l'indice de masse corporelle (IMC, le poids en kilos divisé par la taille au carré) était inférieur à 18 (moins de 56 kg pour 1m75) n'ont plus le droit d'y défiler.

Cette mini-révolution a secoué l'univers de la mode, qui s'en est depuis en partie inspiré. Après la signature d'un "code éthique" entre le gouvernement italien et les professionnels du secteur, les mannequins à l'IMC Inférieur à 18 ne défileront pas à Rome fin janvier, ni à Milan en février.

Mais la mesure à aussi été critiquée, mannequins en tête, qui rejettent l'amalgame entre minceur et anorexie.

"C'est un sujet compliqué", reconnaît la rédactrice en chef mode de Elle, pour qui certaines jeunes filles ont pu se "sentir coupables ou discriminées" car "même en s'alimentant correctement elles n'atteignaient pas les canons requis".

Poursuivant son offensive, la région de Madrid, qui estime que quelques 100 000 Espagnoles souffrent d'anorexie, a décidé de promouvoir un "pacte social contre l'anorexie et la boulimie". Elle entend bien faire la chasse à la vente des "produits de régime miracle".

Les promoteurs de la minceur extrême n'ont plus droit de cité en Espagne. Début janvier, un site internet espagnol, "Princesses de Porcelaine", a dû fermer sous la pression des autorités: il voulait lancer un concours récompensant les jeunes filles qui perdraient le plus de poids en 14 jours.

Par Virginie GROGNOU

Tous droits de reproduction et de représentation réservés.
© 2024 Agence France-Presse
Toutes les informations reproduites dans cette rubrique (ou sur cette page selon le cas) sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par l'AFP. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, modifiée, rediffusée, traduite, exploitée commercialement ou réutilisée de quelque manière que ce soit sans l'accord préalable écrit de l'AFP. L'AFP ne pourra être tenue pour responsable des délais, erreurs, omissions qui ne peuvent être exclus, ni des conséquences des actions ou transactions effectuées sur la base de ces informations.