Publié le
4 févr. 2010
Temps de lecture
3 minutes
Télécharger
Télécharger l'article
Imprimer
Taille du texte

L’Inde veut séduire l'Europe pour exister face à la Chine

Publié le
4 févr. 2010

A l’heure où son voisin chinois devient le premier exportateur mondial, l’Inde se met plus que jamais en quête d’investisseurs étrangers pour ses sous-traitants textile, avec en appât son marché domestique grandissant et un accord de libre-échange en discussion.


M. Dayanidhi Maran, ministre indien du textile,
et Mme Rita Menon, secrétaire du ministère indien du textile

L’Inde exporte seulement 20 % de ses productions, soit 22 milliards de dollars d’exportation, à 15 % textile. Côté intérieur, le pays a été relativement protégé de la crise financière, et son marché intérieur va grandissant. Et c’est sur cet atout charme que l’Inde entend d’ici 15 ans multiplier par quatre ses exportations. Vers l’Europe en premier lieu, l’Union concentrant déjà 30 % des exportations indiennes, contre 20 % pour les Etats-Unis. "L’Europe est clairement notre priorité", assure Manish Gupta, directeur pour le ministère indien du textile.

Ministère dont les hauts cadres ont massivement accompagné le Ministre pour sillonner l’Europe, en quête de partenaires et de 43 milliards de dollars d’investissement. Entre l’Italie, la Suisse, l’Allemagne et même la Turquie, c’était la France que l’opération de charme visait le 2 février dernier. "Nous avons rencontré des responsables de Louis Vuitton et Decathlon pour les convaincre de notre savoir-faire et de notre sérieux" confie ainsi à FashionMag.com M. Shishir jaipura, directeur de la confédération de l’industrie textile indienne (CITI), sans manquer de rappeler que les Français Lacoste, Celio, Okaïdi, Promod et Carrefour ont déjà franchi le pas.

Pour l’Inde, l’offre se veut mutuellement bénéfique. Les entreprises françaises trouveront en Inde un marché domestique fort de "500 millions de consommateurs", et profiteront de faibles coûts de production chez des sous-traitants locaux mieux équipés et formés qu’en Chine. En retour, l’Inde gagnera un accès au marché européen et à ses technologies, apportant à son marché intérieur les textiles techniques et marques du vieux continent. Et pour marquer la différence avec le concurrent chinois, le ministre indien du textile, Bishawanath Maran, sait où frapper: "Les entreprises qui investissent en Chine risquent de voir leurs propres produits revenir à prix cassés" lâche-t-il. "Nous, nous protégeons les copyrights".

Mais côté français, le tableau n’est pas si rose. "Les taxes à l’entrée du marché indien sont en moyenne de 50 à 60 %, avec des cas extrêmes montant à 400 %" explique ainsi Lucien Deveaux, président de l’Union des Industries textiles (UIT). "Alors que les droits maximums à l’entrée de l’Union européenne s’élèvent à 12 %". Un constat partagé par Francesco Marchi, directeur général d’Euratex. "Un excès de taxes bloque l’entrée de votre marché" insiste ce dernier face au ministre, qui la veille entendait la même critique chez les professionnels italiens.

En négociation depuis maintenant trois ans, le libre-échange entre l’Inde et l’Union européenne a connu du 25 au 29 janvier sa huitième série de négociations. Et à l’heure où le président Nicolas Sarkozy condamne le principe même du libre échange à Davos, le bras de fer pourrait se poursuivre encore longtemps. "En France, les décisions se prennent très lentement" commente pour sa part le ministre Maran. Pour les industriels français et européens, l’heure en est encore à la réflexion, avec en tête les récents rachats d’entreprises textile allemandes par leurs anciens partenaires indiens.

Tous droits de reproduction et de représentation réservés.
© 2024 FashionNetwork.com