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L'Oréal - Nestlé : quel avenir après la fin du pacte d'actionnaires ?

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21 mars 2018

Paris (AFP) -  Un pacte d'actionnaires vieux de 44 ans expire mercredi : celui qui liait la famille Bettencourt Meyers, héritière du géant mondial des cosmétiques L'Oréal, au colosse suisse de l'agroalimentaire Nestlé, désormais libre d'agir comme bon lui semble.


AFP/Archives / THOMAS SAMSON, FABRICE COFFRINI


Le pacte était étroitement lié à Liliane Bettencourt, fille unique du fondateur de L'Oréal Eugène Schueller, désireuse d'adosser le groupe à un grand actionnaire étranger pour le mettre à l'abri d'une éventuelle nationalisation ou de tout rachat hostile. Dans la dernière mouture de ce pacte, en 2014, une clause stipulait que celui-ci deviendrait caduc six mois jour pour jour après le décès de Liliane Bettencourt. Ce qui s'est produit le 21 septembre dernier alors qu'elle avait 94 ans.

Après des mois de suspense, Nestlé a annoncé mi-février qu'il ne comptait pas renouveler le pacte, « afin de maintenir toutes les options ouvertes » dans l'intérêt de ses actionnaires, tout en s'engageant à poursuivre une « relation constructive » avec les héritiers de Liliane Bettencourt.

Quelles options pour Nestlé ?

Le groupe suisse a d'ores et déjà exclu d'augmenter sa participation dans L'Oréal, dont il possède actuellement 23,17 % du capital contre 33,13 % pour Françoise Bettencourt Meyers, la fille de Liliane Bettencourt, et sa famille.
Le directeur général de Nestlé, Mark Schneider, avait souligné en septembre dernier la qualité de ce placement, qui au cours des dix dernières années a rapporté 14 % par an et généré 9 % du bénéfice net par action du groupe suisse.

Aussi les analystes penchent pour un maintien du statu quo dans l'immédiat. Cependant une vente, totale ou partielle, de ce trésor valorisé actuellement à quelque 23 milliards d'euros ne peut être totalement exclue.

La croissance et la rentabilité de Nestlé sont poussives. Et l'un de ses actionnaires, le fonds activiste Third Point, plaide pour une cession de la participation dans L'Oréal afin de générer plus de valeur pour les actionnaires de Nestlé. Mais l'influence de ce fonds américain, qui ne détient que 1,25 % du groupe helvétique, paraît limitée.

Que fera L'Oréal si Nestlé est vendeur ?

L'Oréal est « prêt » à racheter la part de Nestlé si celui-ci désirait un jour la vendre, a assuré en février le PDG du groupe français, Jean-Paul Agon. Le numéro un mondial des cosmétiques, dont les affaires sont florissantes, dispose actuellement d'une confortable trésorerie de 1,8 milliard d'euros et peut emprunter aux banques dans de bonnes conditions. Il pourrait en plus abattre une autre carte : vendre sa part de quelque 9,4 % dans le capital du groupe pharmaceutique Sanofi, un autre poids lourd du CAC 40 - des titres valant actuellement plus de 7 milliards d'euros.

Enfin, L'Oréal a l'oreille du gouvernement français. En février, le Premier ministre Edouard Philippe avait ainsi symboliquement choisi une usine du groupe dans l'Oise comme lieu d'annonce de nouvelles mesures pour protéger les entreprises françaises jugées stratégiques. Dès la mort de Liliane Bettencourt, Edouard Philippe avait aussi assuré que l'Etat serait « très attentif » au devenir de ce fleuron industriel français.

Le PDG du groupe joue aussi sur la fibre patriotique : « L'Oréal est patrimonial à 1 000 % pour la France », s'est ainsi enflammé Jean-Paul Agon dans les colonnes du Journal du Dimanche le mois dernier, n'hésitant pas à comparer son groupe à la cathédrale Notre-Dame de Paris.

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