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Paul Kaplan
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12 avr. 2018
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L'année de tous les records pour Bernard Arnault chez LVMH

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Paul Kaplan
Publié le
12 avr. 2018

Il faut s'attendre à une croissance fulgurante cette année pour LVMH, même si les tendances à long terme qui traversent l'économie mondiale incitent à la plus grande prudence, a répété Bernard Arnault au cours de l'assemblée générale annuelle des actionnaires du groupe de luxe. Devant un public de 2 000 personnes réunies à l'intérieur du Carrousel du Louvre, il a insisté sur le fait que les rumeurs d'un hypothétique rachat de Chanel ne sont que des « fake news ».


Louis Vuitton - automne-hiver 2018 - Womenswear - Paris - © PixelFormula


« Nous avons connu une année record, grâce à un marché lucratif et de très bons résultats pour notre groupe, même si la conjoncture, à mon avis, provoque des inquiétudes à moyen terme », a confié Bernard Arnault à la foule venue l'écouter.
  
Nous avons demandé au patron de LVMH de commenter les rumeurs selon lesquelles un cadre important du groupe avait rencontré les propriétaires de Chanel, la famille Wertheimer, à la fin de l'année dernière : serait-il tenté de racheter la marque légendaire ? Apparemment exaspéré, il a répondu abruptement, déclenchant des rires dans le public : « Chanel est une maison magnifique. Mais nous n'avons aucun contact avec elle. Je ne sais pas qui a pu vous dire ça. À un certain moment, toutes ces rumeurs deviennent de fausses informations. Vous savez mieux que moi que ces "fake news" sont monnaie courante ». 
 
Bernard Arnault, dont la famille étendue contrôle le groupe géant, a fait remarquer qu'en 2017, le chiffre d'affaires de LVMH a dépassé pour la première fois la barre des 40 milliards d'euros et que son résultat net a franchi le seuil des 5 milliards d'euros ; même sa trésorerie a progressé de 20 %, malgré l'acquisition de Christian Dior et de la marque de valises Rimowa.

« C'est le résultat d'une créativité exceptionnelle », a expliqué le grand patron de 69 ans, aux cheveux grisonnants. Le groupe LVMH a versé 2,109 milliards d'euros d'impôts l'an dernier, contre 2,318 milliards l'année précédente.
 
Au cours du dernier exercice, le département des vins et spiritueux de LVMH a également fait l'acquisition de plusieurs marques. « Un petit whisky américain et un vin californien tout droit venu d'un endroit incroyable à Napa, le long du Lake Hennessy. Vous devriez aller y jeter un coup d'oeil. Et une tequila mexicaine », a précisé Bernard Arnault.
 
Chantant les louanges du champagne, qui a réalisé « une solide progression de 4 % des ventes », il a aussi vanté les mérites de la dernière Cuvée Spéciale de Dom Pérignon, Cuvée P2, apparemment écoulée. « J'ai moi-même des difficultés à trouver une bouteille. Vraiment ! Je n'ai pas réussi à dénicher une bouteille de cette cuvée pour fêter un anniversaire chez moi », a-t-il plaisanté.
 
À propos des grandes marques du groupe, Bernard Arnault a loué le talent « de ce créateur exceptionnel » qu'est Nicolas Ghesquière, à la tête du prêt-à-porter féminin chez Louis Vuitton, et s'est réjoui du succès des sacs à main réalisés en collaboration avec Jeff Koons. « Le sac Mona Lisa est écoulé ! » s'est-il exclamé.
  
« Chez Vuitton, notre directeur artistique, Nicolas Ghesquière, est très fier d'habiller la Première dame. Même si ça n'a pas vraiment d'impact commercial, nous sommes ravis de lui prêter des vêtements, portés avec une grande élégance par madame Macron. »

Mais Bernard Arnault a refusé de révéler le chiffre d'affaires de 24 Sèvres, le site d'e-commerce du groupe dont on a tant entendu parler, qui, au regard de la taille de LVMH, distribue relativement peu de produits. « Ce chiffre est confidentiel », a-t-il soufflé.
 
Sur le terrain des parfums et des cosmétiques, Bernard Arnault a annoncé que Christian Dior avait gagné des parts de marché et connaissait « un succès incroyable avec Sauvage dans le domaine des parfums masculins ». « La créativité est au coeur de notre groupe. Nous avons pu acheter beaucoup de nouvelles marques, comme Kurkdjian. C'est une petite marque de parfums, dirigée par un créateur très talentueux, et nous pensons qu'il peut faire des merveilles. » 
 
Terminant son discours sur le sujet de l'art contemporain, il a révélé que l'exposition de la Fondation Louis Vuitton « Icônes de l'art moderne. La collection Chtchoukine », organisée en 2016, avait « battu tous les records pour une exposition de peinture en France », avant d'ajouter que la Fondation prévoit désormais d'exposer sa propre collection de peintres russes de la même époque.
 
D'une voix calme et posée, Bernard Arnault a salué la mémoire de son ami Pierre Godé, l'un de ses premiers collaborateurs, décédé récemment, avant de s'adresser directement à deux de ses cadres. 

« 2017 a été marquée par l'arrivée de Dior dans notre groupe. Cela a permis de rapprocher la mode et le parfum, mais aussi d'amener Pietro Beccari (nouveau PDG de Dior) à Paris pour perfectionner son français, qui est déjà honorable. Tandis que Sidney Toledano (ancien PDG de Dior et désormais à la tête de la plupart des autres marques de LVMH) n'a pas changé. Nous avons un nouveau créateur chez Céline - le très doué Hedi Slimane - et vous verrez sa marque exploser grâce à son talent extraordinaire. Et nous nous attendons à des résultats remarquables ! » a assuré Bernard Arnault, adressant un regard entendu à Sidney Toledano, assis au premier rang, comme la plupart des PDG du groupe.
  
Au cours de son discours de 45 minutes, Bernard Arnault, lillois d'origine, a semblé particulièrement satisfait de créer des emplois.
 
« Nous sommes très fiers d'embaucher des artisans. Développer une équipe pour créer un beau produit, ça prend du temps, un an, voire 18 mois. Nous avons désormais 140 000 employés ; quand je suis arrivé chez LVMH, au début des années 1990, le groupe n'en comptait que 20 000. »

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