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29 juin 2013
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L’industrie française du luxe revendique son poids dans l'économie

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29 juin 2013

Combien pèse le secteur de la création de mode? C’est le sujet d’une enquête publiée à l'aube de la semaine de la Haute Couture par la Fédération française de la couture et du prêt-à-porter, réalisée par l’Institut Français de la Mode (IFM). Son but: dresser un état des lieux chiffré du secteur représenté par la fédération et identifier les vertus de l’industrie française de la création. Prouver l'utilité du luxe, une mission a priori paradoxale...

"Nous voulons lancer un message aux pouvoirs publics", explique Didier Grumbach, président de la fédération, qui compte parmi sa centaine d’adhérents les plus grandes marques de luxe françaises. Des pouvoirs publics qui, selon lui, "ont tendance à assimiler le luxe à la haute couture et ignorent que les grands couturiers sont aussi les plus gros exportateurs de prêt-à-porter. Or, les entreprises de création font vivre l’industrie française et continuent de créer des emplois, souligne-t-il, malgré un contexte économique difficile." Derrière les paillettes et les tapis rouges, se cache un véritable levier de croissance économique, semblent rappeler en substance les représentants du secteur.

Ce message, l’IFM et la fédération ont choisi de le démontrer en se basant sur un échantillon représentatif de trente entreprises adhérentes, assurant à elles seules 94% du chiffre d’affaires global des membres de la fédération, qui en compte une centaine au total, économiquement "émergents" pour la plupart d'entre eux.

Solidaires de l’initiative, les grandes maisons de luxe ont accepté de communiquer les détails de leurs chiffres -fait rarissime- pour les besoins de l’enquête. Ces 30 sociétés réalisent au total un chiffre d’affaires proche de 15 milliards d’euros et emploient directement près de 35 000 personnes à travers le monde. L’enquête ne tient pas compte de leur activité parfums et porte donc sur la mode créative et le luxe, tous segments de produits confondus.

87% réalisés à l’export

Répartition des exportations dans l'enquête (IFM)


Le Japon devance encore la Chine dans l’activité des marques du panel de l’enquête. Mais la répartition de l’activité par zones géographiques fait apparaître sans surprise la souveraineté de l’Asie (46% des ventes, tous marchés confondus) et un relatif équilibre entre l’Europe (hors France) et le continent américain, 17% pour chacun.

Un impact sur la filière européenne

Répartition du "made in" selon les segments de produits (source: IFM)


Le secteur du luxe et de la création joue pour beaucoup toute la filière de production française et européenne, loin de ce qu'on observe dans d'autres segments de l'industrie textile, qui sous-traitent généralement beaucoup plus loin. "Si l’on estime le nombre d’emplois générés par les montants confiés en production (façonniers, sous-traitants), il est possible d’établir qu’au moins 41% des emplois de la filière habillement sont liés aux commandes en provenance des marques de création". De quoi préserver des savoir-faire mis à mal et les emplois locaux qui les pérennisent.

Des activités multiples
La part de maroquinerie et des accessoires non textiles dans le chiffre d’affaires des entreprises sondées s'avère croissante avec la taille de celles-ci. Une entreprise qui pèse plus d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires génère ainsi 65% de ce revenu avec la maroquinerie, tandis qu’une société au poids inférieur à 100 millions d’euros n’en tirera que 20%. Mais la mode femme, homme, les accessoires textiles assurent toutefois pas moins de 4 milliards d’euros par an, soit 25% du chiffre d’affaires global du panel de marques (voir ci-dessus).

En résumé, la maroquinerie l'emporte largement sur les autres catégories de produits, et cette activité fait travailler essentiellement des ateliers européens, à 67% précisément selon l'enquête. Mieux: il apparaît que le prêt-à-porter des créateurs est sourcé et produit à 48% en France et 44% en Europe, et seulement à hauteur de 8% hors Europe.

Pour appuyer leur propos, l'IFM et la fédération prennent le parti de ne pas utiliser le terme de "luxe", qui n'est cité nulle part dans le document, remplacé par "création", un concept plus large et moins frivole. Cette précaution lexicale en dit long sur le motif de cette étude, qui tente par les chiffres d'apaiser le tabou qui repose sur l'industrie de la création en période de crise.

"Nous rencontrons le même problème à chaque changement de gouvernement", observe Didier Grumbach, ajoutant que ces derniers "changent plus souvent que les directeurs artistiques des maisons de luxe". Une remarque non encore vérifiée par l'IFM!

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