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10 nov. 2022
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L'inflation menace-t-elle la pérennité des entreprises d'habillement?

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10 nov. 2022

Dans le sillage de Camaïeu, d'autres défaillances vont-elles s'enchaîner dans le secteur malmené de la distribution mode? C'est la question que se sont posée l'Alliance du commerce* et le cabinet de conseil Eight Advisory, alors que les conséquences de l'inflation pèsent sur les bilans financiers et la rentabilité des entreprises de l'habillement. L'étude, qui analyse les données de marché de 17 groupes de distribution textile (cumulant 5,4 milliards d'euros de ventes annuelles et 28.000 emplois), démontre que leur pérennité est remise en question par les difficultés actuelles liées à la hausse des coûts et aux arbitrages des consommateurs.


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Plusieurs postes de dépenses ont sérieusement augmenté ces derniers mois pour les entreprises de mode. Synthétisant ces données, l'étude souligne que le prix du coton vierge et du polyester ont respectivement grimpé de 107% et de 38% en un an, tandis que la hausse du dollar implique un surcoût de plus de 15% au taux de marché.

De plus, les coûts du transport maritime ont été multipliés par cinq entre 2019 et 2022. "La désorganisation des flux logistiques mondiaux, qui outre l’effet précité sur les prix, conduit à anticiper les approvisionnements et donc peser sur le besoin en fonds de roulement", décrit le document. Enfin, le prix du gaz a plus que doublé en un an, les loyers des magasins ont cru 1,3 fois plus vite que la croissance des ventes, et le SMIC a été revalorisé.

Conséquence? "La totalité de la structure de coûts des retailers est considérablement attaquée, alors même que nombre d’entre eux doivent rembourser les PGE (principalement souscrits au cours des confinements de 2020) et accélérer leur transition écologique (fibres recyclées, proche import, etc.)".

Escalade des prix



Augmenter les prix de vente constitue un levier direct pour tenter d'endiguer la baisse de rentabilité. Mais il ne s'agit pas que de quelques euros. Ainsi, à volume équivalent, l'étude a mesuré qu'une augmentation des prix de 5% (donc équivalente à l'inflation INSEE à fin mai) ferait tout de même chuter de deux points les niveaux de résultat de 2019.

Pour atteindre le même niveau qu'il y a trois ans, en valeur, il faudrait pratiquer une hausse de prix de 8%. Enfin, "pour maintenir le taux de rentabilité net, les entreprises devraient augmenter les prix de ventes de 13% en moyenne".

"Des enjeux de survie"



Sans compter que ces prix revus à la hausse ont potentiellement des répercussions sur les volumes, les clients achetant moins d'articles mode, alors que leurs budgets sont pressurisés par l'inflation et qu'ils doivent réaliser des arbitrages.

L'Alliance du commerce et Eight Advisory concluent qu'une grande partie des retailers mode font aujourd'hui face "à des enjeux de survie". Depuis le début de l'automne, les annonces de procédures enclenchées par les acteurs de l'habillement se multiplient. Outre la liquidation de Camaïeu, on note le redressement judiciaire de San Marina, Salamander et Cop.Copine, ou encore la sauvegarde de Burton of London.

*L'Alliance du commerce est une organisation professionnelle qui regroupe plus de 700 enseignes en France, des grands magasins et magasins populaires (Galeries Lafayette, Printemps, Monoprix..) ainsi que les enseignes de l’habillement et de la chaussure (Etam, Celio, Primark, Zara, H&M, Eram, C&A Pimkie, Kiabi...).

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