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17 oct. 2015
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L'organisation du Mondial 2006 de football "acheté" par l'Allemagne selon Der Spiegel

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17 oct. 2015

L'hebdomadaire Der Spiegel affirme que l'Allemagne a acheté des voix au sein de la Fifa pour remporter l'organisation du Mondial 2006, ce que la Fédération (DFB) a nié, tout en reconnaissant un versement de 6,7 millions d'euros sans lien avec cette compétition.

Robert-Louis Dreyfus, alors propriétaire d'Adidas, aurait prêté l'argent - AFP


Le Spiegel assure que le Comité de candidature allemand s'était constitué une caisse noire qui a servi à acheter des voix pour le Mondial 2006, grâce à un prêt personnel de l'homme d'affaires suisse d'origine française Robert Louis-Dreyfus, alors patron d'Adidas (et ex-propriétaire de l'OM, aujourd'hui décédé). La marque avait évidemment un intérêt majeur à ce que le Mondial soit attribué à l'Allemagne !

Selon l'hebdomadaire allemand, Robert-Louis Dreyfus aurait secrètement prêté 10,3 millions de francs suisses (soit 6,7 millions d'euros selon les cours de l'époque) à la DFB avant la désignation du pays hôte, le 6 juillet 2000. Un prêt qui aurait servi, croit savoir le Spiegel, à s'assurer les votes de quatre membres asiatiques parmi les 24 du Comité exécutif de la Fifa, dont le Sud-Coréen Chung Mong-joon.

Ces membres asiatiques auraient alors voté avec les Européens en faveur de l'Allemagne, qui a remporté l'élection 12 voix à 11 face à l'Afrique du Sud, après le non-vote du Néo-Zélandais Charles Dempsey au dernier tour de scrutin.

Avant même la publication de ces accusations, la Fédération allemande a cherché à déminer le terrain et à devancer la polémique.

Dans un communiqué, elle a assuré que l'existence d'un versement de 6,7 millions d'euros avait été découverte à l'occasion d'un examen interne lancé ces derniers mois sur l'attribution du Mondial 2006, dans le contexte du scandale de la Fifa.

La « DFB a appris qu'un paiement de 6,7 millions d'euros avait été fait à la Fifa en avril 2005, somme qui aurait pu être utilisée pour autre chose que le but initial », c'est-à-dire un programme culturel de la Fifa, a expliqué la Fédération.

Mais « le paiement n'était pas lié à l'attribution (du Mondial 2006), effectuée près de cinq ans plus tôt », assure la Fédération allemande, précisant que l'enquête interne n'a révélé « aucune preuve d'irrégularités ».

La DFB a publié un nouveau communiqué après la parution des affirmations du Spiegel, rejetant « fermement » toute irrégularité dans l'attribution du Mondial 2006 et qualifiant ces accusations de « totalement sans fondement ».

Selon le Spiegel, Robert Louis-Dreyfus a souhaité récupérer son argent plus d'un an et demi avant l'ouverture du Mondial 2006. L'hebdomadaire allemand affirme que la DFB a alors eu recours à un compte genevois de la Fifa qui devait ensuite transférer cette somme sur un compte de Robert Louis-Dreyfus à Zurich.

Pour le journal, Franz Beckenbauer, alors patron du Comité d'organisation, et Wolfgang Niersbach, alors secrétaire général de la Fédération allemande, qu'il préside désormais, étaient forcément au courant de la situation.

Dans son communiqué, la DFB précise que son « président a ordonné cette enquête interne cet été » et qu'il a été fait recours à « des juristes externes » pour voir si l'argent « peut être récupéré ». D'après elle, « un résultat final n'est pas encore disponible car les contrôles se poursuivent ».

De son côté, le ministre allemand de la Justice, Heiko Maas, a déclaré au quotidien Bild ce samedi qu'il fallait que « la lumière soit faite entièrement sur ces accusations. Les fans de football en ont le droit ».

En début de soirée, la Fifa a à son tour publié un communiqué dans lequel elle estime que « ces allégations sont très graves ». L'instance suprême du football mondial, qui n'en finit plus d'être secouée par les scandales, ajoute que ces affirmations seront examinées dans le cadre des enquêtes internes déjà en cours.

Sur les quatre dirigeants asiatiques mis en cause par le Spiegel, trois sont encore vivants. Deux ont refusé de donner suite aux questions de l'hebdomadaire et le troisième, Chung Mong-joon, a estimé que la question n'était pas assez « importante » pour y répondre.

Le Sud-Coréen, longtemps candidat affiché à la présidence de la Fifa, a été suspendu pour six ans ferme par la commission d'éthique de la Fifa le 8 octobre, pour avoir enfreint le code d'éthique dans le cadre de l'attribution du Mondial 2022.

avec AFP

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