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LVMH accusé par des experts d'avoir délibérément fermé La Samaritaine

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19 janv. 2006

PARIS, 19 jan 2006 (AFP) - La fermeture en juin dernier de La Samaritaine, pour six ans de travaux, a été un "choix délibéré" de la direction qui n'a jamais fait de la sécurité "sa priorité", a affirmé un rapport d'experts - désignés par le comité d'entreprise (CE) et présenté jeudi par les syndicats.


Manifestation d'employés devant la Samaritaine
Photo : Emilie Kremer

Interrogée par l'AFP, la direction du grand magasin parisien, propriété du groupe LVMH, a dénoncé un "véritable procès d'intention". Elle a contesté dans un communiqué un rapport selon elle "étayé par aucun chiffre, ni aucun fait".

Le nouveau rapport, que le maire de Paris Bertrand Delanoë avait aussi appelé de ses voeux, afin de disposer d'une expertise "neutre et techniquement irréprochable" après les deux précédents rapports "contradictoires" des experts de la direction et du CE, tranche par la brutalité du ton.

"L'attitude de la direction de La Samaritaine au sujet de la fermeture du magasin est tout simplement ubuesque !", assène ainsi l'expert-comptable du cabinet Pluriel Consultants dans son document de 64 pages.

Reprenant la chronologie des évènements qui conduisirent le PDG Philippe de Beauvoir à annoncer brutalement, le 9 juin, aux 1.500 salariés la fermeture du magasin six jours plus tard pour une durée de six ans -"afin de garantir la sécurité de tous"-, le rapport ironise sur l'attitude du groupe qui connaissait parfaitement sa situation économique déficitaire.

Selon lui, cette même direction n'avait jusque-là pas fait grand cas des questions de sécurité.

"La première remarque de la commission de sécurité date de... juin 1975" et "depuis 1983" d'autres remarques se sont succédé en vain, souligne l'expert. "La sécurité n'a jamais été une priorité pour la direction" du magasin, qui a même "aggravé la situation" dans ce domaine, affirme-t-il.

Selon le rapport, "la direction utilise de manière abusive le principe de précaution", après avoir retenu le "pire des scénarios éventuels comme quasi certain". Son choix d'une "fermeture définitive" est "un choix délibéré qui ne peut en aucun cas être justifié par l'avis défavorable de la commission de sécurité", affirme-t-il.

Forts d'un tel argumentaire, les syndicats CGT et CFTC de La Samaritaine, opposés dès le départ à la fermeture totale du magasin, pensent pouvoir pousser LVMH à la renégociation.

D'autant que "l'inspection du travail a demandé le 19 décembre à LVMH de revoir son Plan de Sauvegarde de l'Emploi sous menace d'un constat de carence", ont-ils indiqué à l'AFP.

"Aujourd'hui, des experts viennent donner raison aux syndicats", s'est félicité Thierry Rondeau (CFTC). Ces derniers comptent maintenant s'adresser "aux pouvoirs publics, voire à la justice, pour demander réparation et contraindre la direction à revoir son plan social", a-t-il expliqué.

Monique Daniel, secrétaire CFTC du CE, a dénoncé le caractère "prémédité et calculé de la fermeture de La Samaritaine dès son rachat" en 2001 par le groupe de luxe LVMH.

"C'était un choix délibéré du groupe LVMH, qui a trouvé en juin dernier un prétexte sécuritaire", a renchéri Madeleine Charton, déléguée CGT.

Pour autant ce 3e rapport, qui doit être présenté vendredi au CE, ne changera pas le calendrier initial.

"La dernière séance de consultation (sur le plan social) est toujours prévue le 27 janvier prochain, et à ce jour 55 personnes sur la centaine de volontaires ont obtenu un détachement" dans d'autres antennes du groupe, a indiqué la direction à l'AFP.

Par Gérard DUBUS

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