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7 déc. 2016
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La jeune création séduit de plus en plus mécènes et institutions

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7 déc. 2016

La jeune création est au cœur du système de la mode. Les décideurs et institutions ont fini par le comprendre, portant désormais une grande attention aux talents les plus prometteurs. Au fil des ans, les aides se sont structurées et multipliées, comme l’a illustré le premier Forum de la mode, organisé mardi 6 décembre à Paris, en consacrant une table ronde à ce thème.

Wataru Tominaga, vainqueur du grand prix du festival de mode de Hyères - PixelFormula


Ainsi, les prix récompensant des créateurs émergents ont augmenté de manière exponentielle ces dernières années. Aux côtés des plus anciens, tels que le festival de Hyères, le Prix de l’Andam ou encore le Woolmark Prize, se sont ajoutés le concours italien ITS, le grand prix de la création de la ville de Paris ou plus récemment, en 2014, le Prix LVMH. Les institutions ont mis en place de leur côté différentes formules d'accompagnement, telles que le showroom Designers Apartment pour les toutes jeunes pousses.
 
« Il y a plein de structures qui existent pour aider les jeunes, mais on ne les connaît pas forcément. Souvent, les jeunes ne savent comment y accéder, ni à qui s’adresser », constate Jérémy Egry, le directeur créatif et cofondateur du label Etudes.

Difficile en effet de se retrouver dans ce labyrinthe, avec des structures s’adressant à différents profils. A côté des prix misant sur la créativité, il existe des aides pour les petites marques, comme celle mise en place par la Fédération française du prêt à porter féminin.
 
« On utilise tous les outils à disposition, de l’expert-comptable à l’avocat, pour aider ces PME à construire leur business plan en leur facilitant la vie », résume Priscilla Jokhoo, qui dirige ce service entreprises et développement depuis cinq ans. « Pour la plupart, c’est un vrai marathon, nécessitant de l’endurance. Il est très important néanmoins pour les jeunes designers qui se lancent d’avoir très vite une posture de chef d’entreprise », poursuit-elle.
 
Du point de vue financier, on peut s’adresser à l’Institut pour le Financement du Cinéma et des Industries Culturelles (IFCIC), qui depuis 2012 garantit des financements ou permet aux jeunes créateurs d’accéder à des prêts, jouant les intermédiaires entre les designers et les banques. A l’étape suivante, lorsque l’entreprise sera un peu plus structurée, elle pourra s’adresser à la société de gestion Bpifrance Investissements, qui au-delà des investissements en fonds propres, va bientôt proposer des prêts dédiés aux entreprises de la création.
 

La lauréate du prix de l'Andam 2016, Johanna Senyk, qui a fondé le label Wanda Nylon - © PixelFormula


En dehors de Paris, les structures ne manquent pas non plus. Des aides locales très concrètes ont vu le jour en province, telles que la Maison Méditerranéenne des Métiers de la Mode à Marseille, ou à l’étranger, comme Pitti Tutorship, le projet de mentorat lancé en mai dernier par l’organisateur de salons italiens Pitti Immagine, qui chapeaute désormais 25 designers dont cinq basés à Paris. « On a reçu plus de 500 candidatures, dont une soixantaine sont encore en phase de sélection, indique son dirigeant Riccardo Vannetti. Nous avons largement dépassé le seuil de 15 profils que nous nous étions donné. »
 
Le tutorat joue de fait un rôle de plus en plus important pour guider les jeunes dans la jungle du marché actuel. Ainsi, au-delà de la simple récompense financière, les promoteurs des prix de mode mettent en place de véritables accompagnements à l’adresse de leurs lauréats, qui par le passé se retrouvaient souvent démunis une fois leurs dettes épongées grâce à la somme gagnée.
 
« Nous sommes isolés et le fait de pouvoir nous reposer sur une vraie équipe prête à nous donner un support ou un conseil lorsque nous avons un doute, c’est essentiel », confirme la fondatrice de Wanda Nylon, Johanna Senyk, qui a remporté le prix de l’Andam 2016.
                                                                                                                                                      
« Il ne faut pas avoir peur de pousser les portes et de demander de l’aide. Il nous arrive parfois de tomber sur des projets mal engagés car mal conseillés », note Françoise Seince, la directrice des Ateliers de Paris, l’une des rares structures à Paris à offrir des espaces aux jeunes créateurs. « On les aide ainsi à sortir de leur isolement. Les échanges sont primordiaux », poursuit-elle.
 
Depuis six ans, l’IFM a mis en place le programme IFM Labels, qui accompagne également les jeunes talents en misant sur les échanges. « Souvent, les créateurs ont une grande énergie, mais ont du mal à prendre du recul. On les amène à se confronter entre eux sur des thématiques afin de partager leurs expériences », explique la responsable du programme, Patricia Romatet.

« L’important, c’est qu’ils prennent le temps de se connaître pour savoir exactement ce qu’ils veulent dire. Et quand ils le savent, il faut y aller franchement et simplement », conclut Mark Alizart, directeur du prix LVMH.

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