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24 janv. 2022
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La maîtrise des hausses du prix de l'électricité se pose en enjeu industriel majeur

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24 janv. 2022

Sans intervention du gouvernement pour obliger EDF à fournir de l'électricité à des prix plus bas, 150 entreprises françaises auraient pu fermer en raison de la flambée des prix de l'électricité, et 45.000 emplois auraient été menacés, a estimé le ministère de l'Industrie jeudi dernier. 


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"Pour les consommateurs industriels d'électricité, l'enjeu était existentiel, sans intervention du gouvernement, 150 entreprises électro-intensives auraient pu fermer", menaçant ainsi directement quelque "45.000 emplois", sans compter tous ceux des entreprises clientes en aval de la chaîne, a affirmé un conseiller au cabinet de la ministre déléguée à l'Industrie, lors d'un briefing avec la presse.

Agnès Pannier-Runacher s'est rendue vendredi 21 janvier sur le site d'Aluminium Dunkerque, plus gros site industriel de France consommateur d'électricité, qui utilise l'équivalent de la consommation d'une ville de 850.000 ménages, pour évoquer ces mesures.

L'industrie française du textile attendait le Gouvernement sur les questions d'énergie. Le président de l'Union des Industries Textile (UIT), évoquait en décembre pour FashionNetwork.com des factures multipliées par deux pour le gaz, et par trois pour l'électricité. "C'est absolument phénoménal, sachant que l'on signe des contrats sur un an, que le marché se retourne ou non" déplorait l'industriel. "Et vu les prévisions d'électrifications, au détriment du gaz et fuel, le prix de l'électricité va être durablement élevé. Nous sommes aujourd'hui à 150-160 euros le mégawatt/heure".

Plus d'électricité nucléaire vendu à prix réduit 



Face à la flambée historique des prix du gaz et de l'électricité en Europe en 2021, le Premier ministre Jean Castex avait annoncé en septembre un bouclier tarifaire pour limiter à 4% l'augmentation des tarifs réglementés de l'électricité en 2022. Alors que la hausse mécanique aurait frôlé les + 45% le 1er février, selon le régulateur, sur la base des prix du marché.

Pour y parvenir, le gouvernement a annoncé le 14 janvier une augmentation de 20 terawattheures (TWh) du volume d'électricité nucléaire vendu à prix réduit par EDF cette année au bénéfice des industriels comme des particuliers, un mécanisme appelé Arenh (pour "accès régulé à l'électricité nucléaire historique"). Ce qui a déclenché la grogne d'EDF, direction et syndicats compris.


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Les sites industriels les plus menacés par la conjoncture étaient ceux qui consomment beaucoup d'électricité, comme les usines d'aluminium, de ferro-alliages, de plastique PVC "qui sont des matériaux courants vendus à d'autres industriels de l'automobile ou de l'aéronautique notamment, qui eux aussi auraient pu subir en cascade un effet domino", a indiqué le conseiller de Bercy.

Alors que le dispositif Arenh, autorisé par la Commission européenne jusqu'en 2025, doit de toute façon s'éteindre, une mission d'expertise a été confiée par la ministre à Philippe Darmayan, l'ancien patron du sidérurgiste ArcelorMittal France, mais aussi ancien patron de l'UIMM et de France Industrie, a indiqué le cabinet.

"Il va réfléchir sur l'établissement de contrats à long terme" pour les industriels désireux de s'approvisionner en électricité, indique-t-on de même source. Sa mission est prévue pour 6 mois, avec un point d'étape fin mars, selon une source industrielle.

Les craintes de l'industrie textile concernant la hausse du coût des énergies faisaient écho à l'expérience faite par la Chine à l'automne. Victime d'une chute de la production de charbon, dont dépend largement le pays, certaines provinces industrielles avaient ainsi vu leur industrie textile ralentie par des coupures. Pékin avait réagi en déployant une production accélérée de charbon. 

(avec AFP)

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