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La mode et la biodiversité défilent à l'ONU

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22 janv. 2010

GENÈVE, 21 jan 2010 (AFP) - En bambou, chanvre, raphia ou coton biologique, les créations d'une cinquantaine de couturiers ont brillé jeudi soir à Genève lors d'un défilé au Palais des Nations unies qui doit montrer qu'une mode durable et soucieuse de la biodiversité est possible.


Invitation du défilé pour la biodiversité

"L'épuisement de la biodiversité est une réalité. Nous exploitons à outrance notre patrimoine naturel", a rappelé jeudi Lucas Assuncao, de la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (Cnuced).

"Or, il y a une vraie demande pour de nouveaux matériaux" dans le secteur du luxe, qui cherche en même temps à produire de manière plus respectueuse de l'environnement : "il y a là une occasion d'influencer ces marchés", a-t-il estimé.

L'association Green2greener, qui organisait le défilé "Ecochic" sous la voûte marine de la salle du Conseil des droits de l'homme de l'ONU due au peintre espagnol Miquel Barcelo, avait fourni pour l'occasion à des couturiers des tissus élaborés à partir de soja, de bambou, de soie ou de coton biologique, de l'alpaca ou encore de fibres d'ananas.

Le couturier britannique John Rocha a ainsi utilisé du tissu de bambou pour réaliser une robe bleu foncé, légère, moussante et transparente évoquant les années 1950.

"On est en plein dans une nouvelle révolution, une révolution verte, qui est aussi importante que la révolution industrielle", s'enthousiasme Sarah Ratty, dont la marque de prêt-à-porter Ciel s'illustre avec des leggings brillants combinant chanvre et soie et des T-shirt en coton biologique.

L'imposante traîne d'une robe rococo beige foncé du Philippin Oliver Tolentino séduit par son tissu à la fois lourd et statique : il s'agit en fait de fibres d'ananas, et on imagine la virtuosité qu'il a fallu déployer pour maîtriser cette matière.

La robe en coton rouge et orange du créateur camerounais Anggy Haif, qui utilise le raphia et fait fabriquer en Afrique un cuir végétal à partir d'écorces d'arbres, arborait fièrement des demi chapeaux de paille récupérés.

A la fin des années 1990, "j'ai dû retourner dans des villages pour convaincre les artisans d'utiliser ces matières délaissées", se rappelle Anggy Haif, qui dit faire travailler aujourd'hui près 500 personnes.

Mais ses créations, qui se parent aussi de racines, paille et graines sauvages, se heurtent parfois à des limites... naturelles : en 2005, une collection de chemises avait eu beaucoup de succès, mais il avait dû refuser des commandes en raison du manque de matières premières.

La plupart des créations présentées jeudi ont été teintes avec des végétaux et à la main, comme pour la robe gant noire au dos nu et aux manches longues de la jeune couturière genevoise Redley Exantus.

"C'est la première fois que j'utilisais de la soie biologique. Je me suis dit que ça pouvait être intéressant pour renforcer ma collection. Mes clients apprécient déjà que je produise localement, en Suisse, dans de bonnes conditions de travail", explique-t-elle.

Le tannage des cuirs, les procédés de lavage de la laine, le blanchissage et la teinture de tissus, très polluants, menacent la biodiversité et "consomment de grandes quantités d'énergie", selon la Cnuced, qui affirme qu'à elle seule, la culture de coton consomme 11% des pesticides utilisés chaque année dans le monde.

Dans beaucoup de pays en développement, certaines communautés ne possèdent rien, si ce n'est la richesse de la nature qui les entoure. "La biodiversité est pour elles une source de revenus et d'emplois", souligne Lucas Assuncao, mais "seulement si elle est exploitée de façon durable et si les bénéfices sont partagés".

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