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23 mai 2005
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La réalité de la poussée chinoise

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23 mai 2005



Le 24 avril dernier, la Commission européenne a décidé de lancer une enquête (d'une durée maximale de soixante jours), à la suite d'une proposition du Commissaire européen au Commerce, M. Mandelson, sur
les importations de neufs catégories de produits en provenance de Chine (huit catégories pour l'habillement et deux pour le textile).

De plus, le 17 mai M. Mandelson a dévoilé son intention d’ouvrir des négociations formelles avec la Chine pour les tee-shirts et les fils de lin.

Cette procédure pourrait conduire au déclenchement de clauses de sauvegarde de façon à limiter la progression des importations en provenance de Chine.

Pour les trois premiers mois de l'année 2005, les importations de l'Union européenne en provenance de Chine, des neuf catégories de produits considérés, ont affiché des progressions très importantes en volume.

A titre d'exemple, les importations de pull-overs ont connu une croissance de 534 %, comparées au premier trimestre 2004 (+ 413 % pour les pantalons ou + 186 % pour les chemisiers femme).

Au-delà du caractère spectaculaire de ces taux de croissance, il nous semble nécessaire de faire le point sur la portée et l'impact réel de la forte progression des importations en provenance de Chine.

En premier lieu, nous avons assisté à un phénomène de rattrapage : la percée de la Chine a été la plus importante pour les catégories de produits pour lesquels la part du pays dans les importations de l'Union
européenne en volume était relativement modeste au premier trimestre 2004 (comprise entre 6 et 13 %).

Désormais, pour l'ensemble des produits considérés, les parts de marché de l'Empire du Milieu totalisent, au premier trimestre 2005, de 20 à 54 % des approvisionnements des Vingt-cinq.

Par ailleurs, la poussée de la Chine s'est accompagnée du recul des approvisionnements auprès des autres pays fournisseurs.

Pour la plupart des produits, les importations de l'Union européenne en provenance des autres pays (hors Chine) sont en repli en volume. Les importations depuis le Bangladesh ou le Vietnam ont notamment subi des replis sensibles.

Plus proches de nous, les pays du pourtour méditerranéen traversent une mauvaise passe. Ainsi, par exemple, au premier trimestre 2005, l'Union européenne n'a plus importé que 20 millions de pièces de pantalons en provenance du Maroc, contre 25 millions au premier trimestre 2004.

La part de marché du Maroc est ainsi passée de 9 à 7%.

Pour ce même produit, les importations en provenance de Tunisie se sont élevées à 18 millions de pièces au premier trimestre 2005, contre 23 millions pour les trois premiers mois de 2004 (la part de la Tunisie est passée de 8 à 6 %).

L'équilibre de l'espace paneuromed est ainsi fragilisé, ce qui est sans doute l'une des conséquences les plus dommageables de l'après 2005.

Enfin, la question des prix reste centrale, car l'envolée des exportations chinoises est d'autant plus soutenue que les prix pratiqués sont en recul.

Les importateurs ont profité de l'effet d'aubaine qu'a constitué le démantèlement des quotas en bénéficiant des reculs de prix à l'importation en provenance de Chine allant jusqu'à 47 %.

Dans la pratique cela s'est traduit par un écart de prix à l'importation maximum de deux euros par rapport à la moyenne des autres pays pour les neuf catégories considérées et on peut s'interroger sur le supplément de bien-être qu'en retirera le consommateur.

Le manque à gagner pour les producteurs de la zone paneuromed est bien réel et il n'est pas certain que la forte demande qui s'adresse à la Chine conduira les producteurs chinois à ajuster leurs prix à la hausse, tant la réalité du système de fixation des prix chinois est entouré d'une certaine opacité.

La toute récente décision des Chinois d’augmenter les taxes à l’exportation ne fera que corriger légèrement les écarts de prix.

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