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Le Maghreb résiste à la Chine, l'Europe de l'Est souffre

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AFP
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24 sept. 2008

PARIS, 24 sept 2008 (AFP) - Face à la déferlante des vêtements chinois, les entreprises de confection du sud méditerranéen jouent la proximité sur le marché français, au détriment de leurs concurrents d'Europe de l'Est, victimes de la hausse des coûts de production. "On a un peu vite enterré les pays du pourtour méditerranéen", estime Gildas Minvielle, responsable des études à l'Institut français de la mode (IFM).


Usine Pantex à Casablanca - Photo : Abdelhak Senna/AFP

Les importations françaises d'habillement en provenance de Chine ont été multipliées par deux depuis la fin des quotas européens en 2004, à 4,029 milliards d'euros en 2008, selon des estimations de l'IFM dévoilés mardi 23 septembre lors du salon professionnel Zoom by Fatex, qui se tient à Paris jusqu'au vendredi 26.

Mais la part de la Tunisie et du Maroc se stabilise autour de 14 %, après cinq années de repli, à 1,920 milliard d'euros.

Pour ces deux pays, finies les grandes séries ou le "basique", sur lesquels la Chine est désormais indétrônable, et place à la création, aux petites séries et à "l'hyper-réactivité".

Mohammed Alaoui, directeur général d'Ateliance, un consortium d'entreprises marocaines de confection, a transformé sa société : "J'ai recruté des chefs de produits pour pouvoir livrer un produit fini à partir d'un simple croquis, et mes ouvriers sont formés, ce qui m'a permis d'obtenir le label Max Havelaar du commerce équitable".

Résultat : aujourd'hui, il "a augmenté ses marges, et fournit les magasins britanniques Marks et Spencer".

Les performances des pays du Maghreb tiennent avant tout à la géographie: beaucoup plus proches que la Chine des consommateurs européens, ils proposent des coûts et des délais de livraison imbattables.

Au Maroc, les jeans sont fabriqués en moins de trois semaines, quand il en faut parfois le double en Chine, explique Karim Tazi, de l'Association marocaine des industries du textile et de l'habillement.

Cette réactivité permet de répondre aux exigences des grands donneurs d'ordres européens, qui "prévoient en moyenne de passer à 6 ou 8 collections par an", selon l'IFM.

Les nouveaux membres de l'Union européenne font désormais figure de perdants : les importations roumaines ou bulgares ont chuté de plus de 23 % au premier semestre, selon l'IFM.

Bien que très proche des marchés de consommation, ils font les frais de la flambée des coûts. A l'inverse, "les pays du Maghreb ont contenu les salaires", prix à payer pour conserver leurs parts de marché, note Lucien Deveaux, président de l'Union des industries textiles (UIT).

"Comme l'Espagne et le Portugal au milieu des années 1980, les pays de l'Est cessent d'être des pays de sous-traitance. Ils deviennent des pays de consommation", qui délocalisent à leur tour encore plus à l'Est, en Ukraine, au Bélarus ou en Moldavie, explique également Gildas Minvielle.

"Avec ces pays, il y a un problème de compréhension et moins d'histoire commune", confie par ailleurs Lucien Deveaux.

Ce partage des tâches peut-il durer ? La Chine monte à son tour en gamme, mais elle est aussi rattrapée par l'augmentation des coûts, et pourrait pâtir à terme des inquiétudes sur la sécurité de ses produits.

Pour sécuriser leurs approvisionnements, les donneurs d'ordres multiplient aussi les partenaires, en particulier Madagascar ou l'île Maurice, concurrents sérieux en raison de leurs coûts réduits.

Les importations de textile chinois dans l'Union Européenne, libéralisées une première fois au 1er janvier 2005, ont été à nouveau soumises à des quotas jusqu'à la fin 2007. Depuis, un système de surveillance conjoint prévu pour durer un an s'applique.

Par François BECKER

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