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Le masque obligatoire dans les magasins aura-t-il une incidence sur les soldes ?

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28 juil. 2020

(AFP) - Magasins désertés, stocks importants, dates décalées, encadrement par des mesures sanitaires: le cru 2020 des soldes d'été ne ressemble décidément à aucun autre. Risque-t-il de tourner à l'aigre avec le port du masque obligatoire?


AFP




"Il faut se rendre à l'évidence: face à un risque majeur et même si cela pose des difficultés pour nos adhérents, on n'avait juste pas le choix", affirme à l'AFP Emmanuel Le Roch, délégué général de Procos, la Fédération pour la promotion du commerce spécialisé.

Pour lui, le port du masque obligatoire, entré en vigueur le 20 juillet soit cinq jours après le début des soldes, ne constitue pas forcément un "frein" à l'achat, les premières tendances étant de toutes les façons négatives.

"On sent la peur", confie à l'AFP Mickaël, 32 ans, vendeur aux Galeries Lafayette à Paris, où le masque est obligatoire depuis le déconfinement le 11 mai. Et, faute de trafic aérien, "il y a beaucoup moins de touristes chinois, d'habitude ils arrivent par cars entiers ici".

Entre le 1er et le 19 juillet, "l'évolution du chiffre d'affaires des magasins des enseignes Procos, tous secteurs du commerce spécialisé confondus, est négative (à -9,6% par rapport à la même période en 2019) malgré le premier weekend de soldes", précise Procos dans un communiqué.

Si l'équipement de la maison (+12%) réalise un bon début de soldes, d'autres sont à la peine, dont l'équipement de la personne (-13,9%).

"Assez triste"



Quant à la fréquentation des magasins, ajoute Procos, elle est "peu dynamique", en raison notamment du "départ d'une partie des Français en congés". Selon l'Observatoire Procos/Stackr, elle est même cette année "inférieure de 30% à celle des premiers jours de soldes en juin 2019".

Ce que confirme Mickaël, le vendeur des Galeries: "on sent une grosse baisse d'affluence, entre cinq et dix fois moins de personnes. C'est assez triste".

Chez Fnac Darty, où le masque est obligatoire également depuis le déconfinement, comme chez Decathlon, la Halle, C&A ou Kiabi, on estime qu'il "est trop tôt à ce stade pour tirer des premiers enseignements", les soldes se terminant le 11 août.

Pour M. Le Roch, ce serait plutôt "l'indisponibilité des cabines d'essayage", due aux mesures sanitaires destinées à endiguer la propagation du Covid-19, qui expliquerait le peu d'enthousiasme des consommateurs.

Rencontrée dans les rayons des Galeries, Ruth, Parisienne de 22 ans, acquiesce: certes, "c'est un peu lourd de devoir mettre les masques mais on ne va pas sacrifier les soldes, surtout que les marques ont fait de plus grosses promos que d'habitude. Du coup, on achète directement les produits sans les essayer et on les rend si ça ne va pas".

"Perte de liberté"



Président de la Fédération nationale de l'habillement (FNH), Eric Mertz, confirme à l'AFP que le "démarrage des soldes est très timide" pour ses 40.000 adhérents.

"Autant les indépendants ont augmenté leur chiffre d'affaires de 6% en juin et réalisé de bonnes marges, autant les franchisés ont perdu de 20 à 25% car leur franchiseur les a obligés à mettre en place promotions et ventes privées depuis le 11 mai", explique Eric Mertz. Et depuis, malgré les soldes, la "situation est extrêmement critique".

Selon une étude du groupe de communication spécialisé dans la distribution Altavia réalisée avec OpinionWay et publiée en juin, donc bien avant le port du masque obligatoire, 47% des Français se sentaient déjà inquiets lorsqu'ils devaient se rendre en magasin.

Et, même si des mesures sanitaires étaient mises en place, moins de 50% des Français s'y sentiraient rassurés, expliquaient-ils alors.

Pour Lionel Laurençon, directeur régional Paris de l'enseigne de chaussures Minelli, "les clients présents ont (désormais) intégré la contrainte du masque", même si "parfois ils le ressentent comme une perte de liberté".

Quant au commerce en ligne, plébiscité pendant le confinement, il ne semble pas avoir forcément bénéficié de la situation.

Ainsi, lors du premier jour des soldes, "le nombre de connexions chez les clients e-commerce de ReachFive (une plateforme spécialisée dans la gestion de l'identité client, ndlr) a été multiplié par 2" mais, "dès le lendemain, on observait une baisse moyenne de 35% des connexions".
 

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