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Lejaby: le tribunal de Commerce a repoussé d'une journée sa décision

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17 janv. 2012

LYON, 17 jan 2012 (AFP) - Le tribunal de Commerce de Lyon a repoussé à mercredi son choix d'un repreneur pour le fabricant de lingerie Lejaby en liquidation, sous les huées de salariés poussés à bout, alors que les deux offres en lice entraîneront 250 à 280 licenciements parmi les 450 employés.

L'offre portée par Alain Prost, ex-PDG de l'italien La Perla et ancien directeur général de Chantelle, consiste même à fermer la dernière usine d'assemblage de Lejaby en France, à Yssingeaux (Haute-Loire). 195 postes seraient conservés à Rillieux (Rhône), au siège.

Les salariées de l'atelier auvergnat, qui avaient fait le déplacement à Lyon pour l'audience de mardi, étaient les plus remontées. "Aujourd'hui on est tous là car on se bat pour nos emplois", ont entonné ces femmes sur l'air de la chanson des Restos du coeur, avec les dizaines d'autres salariées massés dans le hall du tribunal.


Lejaby
Modèle Lejaby printemps-été 2011

Plusieurs ont fondu en larmes à l'annonce du report de la décision à mercredi 16H00, après une nuit presque blanche passée dans l'usine occupée, peut-être la première d'une longue série. Des ouvrières ont affirmé y être prêtes.

Hélène, 53 ans dont 35 dans la maison, est rongée par l'inquiétude: "A Yssingeaux les deux principaux employeurs sont l'hôpital et Lejaby. Qu'est-ce qu'on va devenir?"

L'autre offre de reprise, celle de la PME Canat, spécialiste de la lingerie de nuit basé à Millau (Aveyron), prévoit de garder la moitié des effectifs d'Yssingeaux, ainsi qu'une centaine de salariés à Rillieux, soit 170 personnes au total.

Lejaby compte quelque 450 salariés en France, dont 93 à Yssingeaux, 250 à Rillieux (Rhône) au siège et une centaine de commerciaux et démonstratrices partout dans le pays.

Avant l'audience, une centaine avaient fait résonner leur colère à Lyon dans la Cour des Voraces, lieu emblématique de la révolte des canuts, ces ouvriers textile du XIXe siècle.

Portant des masques blancs, ils brandissaient des pancartes avec le message suivant: "Lejaby, Palmers m'a tué", en référence au groupe autrichien qui est son propriétaire depuis 2008 et a déjà lancé en 2010 un plan de 197 licenciements.

Ce plan social n'est pas terminé et l'accompagnement de certains ex-salariés a été stoppé par la liquidation de l'entreprise le 22 décembre. "On peut se demander si le groupe Palmers n'a pas utilisé la cessation de paiement comme un moyen d'échapper volontairement à certains engagements", s'interroge la CGT.

Les syndicats menacent de poursuites judiciaires. La CFDT suggère que dès l'annonce de plans sociaux en France, des provisions soient faites par les entreprises sous séquestre.

Et "que font les politiques pour maintenir et relancer les industries en France ?", s'est interrogée Janine Caillot (CGT) au microphone.

Raymond Vacheron, de la fédération CGT du textile, a souligné qu'"à la veille du sommet social à Paris, Lejaby est exemplaire de ce qui se passe dans le pays", à savoir une "casse industrielle".

Alain Prost, qui s'est associé à Isalys, principal sous-traitant tunisien de Lejaby, et à Christian Bugnon, fils d'un ancien PDG de la marque, s'est fait huer mardi par les salariés lorsqu'il a présenté son plan à la presse, expliquant que Lejaby n'était "plus compétitif" et qu'il était nécessaire de tout regrouper sur un seul site en France.

Alain Prost a assuré qu'une "petite unité de production" serait maintenue à Rillieux, où serait lancé en 2012 "un projet haut de gamme".

Il a aussi promis de mettre 500.000 euros dans l'accompagnement social des salariés laissés sur le carreau, et de donner une priorité de réembauche à Rillieux aux salariés d'Yssingeaux.Par Anne-Pascale REBOUL

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