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Les défaillances d'entreprises pourraient grimper de 25 % au niveau mondial

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7 avr. 2020

Publiant une première étude prévisionnelle de la situation post-crise du monde économique, Coface (Compagnie française d'assurance pour le commerce extérieur) anticipe une hausse de 25 % des défaillances d'entreprises au niveau international (contre +2 % prévu initialement), tandis que le recul du commerce mondial en volume pourrait s'établir à -4,3 %.  


Les entreprises au bord de la noyade vont se multiplier à travers le monde. - Pixabay


La société d'assurance-crédit prévoit ainsi pour 2020 la première récession de l'économie internationale depuis 2009, de l'ordre de -1,3 % (contre une hausse de 2,5 % préalablement estimée). "Alors qu’initialement, l’épidémie de Covid-19 en Chine affectait un nombre limité de chaînes de valeurs, elle s’est transformée en pandémie mondiale avec, pour répercussion, un double choc d’offre et de demande touchant un grand nombre de secteurs d’activité partout dans le monde. La question n’est plus de savoir quels seront les pays et secteurs d’activité affectés par ce choc, mais plutôt ceux (rares) qui seront épargnés."


Comparaison entre l'estimation des défaillances du début d'année, et de mars 2020, selon les pays. - Coface


Même en identifiant un scénario de reprise graduelle dès le troisième trimestre, donc en balayant l'hypothèse d'une seconde vague épidémique, le risque crédit des entreprises sera en forte hausse. Selon les pays, Coface évalue la hausse des défaillances à +39 % aux États-Unis, +33 % au Royaume-Uni, +22 % en Espagne, +18 % en Italie, +15 % en France et +11 % en Allemagne.

Si l'on ne s'attache pas qu'aux grandes puissances, "le choc pourrait être encore plus violent dans les économies émergentes : outre la gestion de la pandémie qui s’annonce plus difficile, ils font en effet face à la chute des cours du pétrole ainsi qu’à quatre fois plus de sorties de capitaux qu’en 2008", indique le rapport.


Évolution estimée du PIB mondial, puis par pays. - Coface


Dans plusieurs pays, des mesures pour soutenir les entreprises ont été annoncées, notamment en France. Cela n'empêchera toutefois pas des placements en redressement judiciaire et des faillites. Dans l'Hexagone, les tribunaux de commerce s'organisent pour tenir dès maintenant des réunions à distance afin d'accompagner les entreprises en difficulté. A Paris, par exemple, le tribunal a ouvert depuis le début du confinement 41 procédures à l'amiable (18 mandats ad hoc et 23 conciliations), concernant un chiffre d'affaires cumulé de 2 milliards d'euros et 12 000 salariés. De plus, les 1er et 2 avril, lors de ses deux premières audiences en visioconférence, pas moins de 34 déclarations de cessation des paiements et 10 requêtes de conversion de redressement en liquidation judiciaire ont été examinées.

Pour les sociétés qui parviendront à maintenir leur activité, Coface avertit ensuite sur l'impact à plus long terme de la crise du Covid-19 sur la structure des chaînes de valeur mondiales, notamment dans l'automobile, l'électronique et le textile. "En effet, la principale source de vulnérabilité des entreprises, dans le contexte actuel, est leur forte dépendance à un nombre réduit de fournisseurs situés dans quelques pays. Augmenter leur nombre pour anticiper de possibles ruptures dans les chaînes d’approvisionnement sera donc désormais une priorité pour les entreprises."

Les secteurs les plus touchés sont pour l'instant le tourisme, l'hôtellerie, la restauration et les loisirs, tout comme quasiment tous les segments de la distribution spécialisée, relève le rapport, qui précise que les biens de consommation durables, comme l'automobile, devraient être parmi les plus pénalisés, tandis que "d’autres dépenses, telles que l’habillement ou encore les produits électroniques, sont aussi susceptibles d’être quasiment réduites à zéro."

L'impact du confinement sur la confiance des ménages étant un facteur aggravant (comme l'avait expliqué l'INSEE pour la France), qui pourrait avoir du mal à s'effacer rapidement tant l'incertitude demeure, y compris sur l'emploi à plus long terme, au vu des faillites d'entreprises attendues.

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