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7 oct. 2021
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Les Fashion Green Days questionnent la reconquête industrielle du textile

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7 oct. 2021

L'édition 2021 des Fashion Green Days s'est ouverte pour trois jours le 6 octobre, pour des prises de paroles et tables-rondes depuis Roubaix ou par vidéos en ligne. Un rendez-vous qui pose encore une fois la question du défi industriel posé au textile-habillement tricolore.


Quelques intervenants de cette édition des Fashion Green Days - Fashion Green Days



La journée du 6 octobre a été pour les participants l'occasion de suivre les "love pitch" préparés par marques et fabricants. L'occasion d'en apprendre plus sur les initiatives d'organismes et entreprises comme Splice, Sither&Amboroise, IMC, Chandam, Peignage Dumortier, Uptrade, Chantelle, La Fripe Française, Les Trois Tricoteurs et Chez nous, ou encore Les Toiles de la Montagne Noir et Les Enfants d'Alice.

La matinée de jeudi a de son côté été le cadre d'échange autour de la stratégie des politiques publiques pour une réindustrialisation durable. Un point dont la proximité grandissante de l'élection présidentielle vient renforcer l'importance. "La réindustrialisation, ce n'est pas la brande économique d'un programme politique: c'est le cœur d'un programme économique, qui réunit toujours enjeux éco-sociaux et durables", a pour l'occasion insisté Yves Jego, fondateur du label Origine France Garantie. "On a cru qu'on pouvait produire n'importe où et n'importe comment, du moment qu'on gardait pour nous l'intelligence de la création. Le textile a été le 1er à partir, il doit être le 1er à revenir".

Pour Clarisse Reille, directrice générale du Défi (comité de développement et de promotion de l'habillement), si beaucoup de marques veulent réindustrialiser, il faut d'abord s'entendre sur la portée du terme. "Car peu de marques ont des usines, elles sous-traitent tout", rappelle la responsable, qui salue une récente prise de conscience des donneurs d'ordres concernant les coûts réels. "Pendant longtemps, les marques additionnaient coûts de matières, de fabrication, de transport, et s'arrêteraient là. Or il faut prendre le coût de toute la chaine de valeur, dont invendus, stocks, soldes et donc pertes". Pour la dirigeante du Défi, le plan de Relance doit donner lieu à un conseil des marques quant à leur transition durable.

Directrice exécutive adjointe des territoires pour l'Ademe (Agence de la transition écologique), Joëlle Colosio se félicite de son côté de la multiplication des initiatives au sein de la filière. Que ce soit dans la renaissance d'une filière lin complète sur le territoire, ou sur la montée en puissance du tri et recyclage textile, vecteurs de circularité et de création d'emploi. "Il faut parvenir à tisser des liens entre l'ensemble des acteurs et producteurs", a insisté la responsable, qui évoque notamment la dynamique des filières textile dans le nord, en Auvergne-Rhône-Alpes, et en Île-de-France. 

Des tiers-lieux pour la "mise en commun des moyens"



Des ambitions de filières dans lesquelles vont s'inscrire nombre de tiers-lieux, ces espaces équipés à même d'accompagner les très nombreuses TPE et PME du secteur textile-habillement. "Ce sont des lieux dont on entendait plus du tout parler chez nos décideurs", a rappelé Patrick Levy-Waitz, président de l'association France Tiers-Lieux. "Or un artisan n'a pas forcément les moyens d'investir, là où la mise en commun des moyens permet de structurer des acteurs autour d'équipements et de savoir-faire. Ce qui rend les tiers-lieux essentiels, surtout à l'heure d'une prise de conscience des consommateurs".


Fashion Green Days



Des lieux qui doivent notamment pouvoir s'appuyer sur une volonté publique. Président de Rev3 (programme de la "troisième révolution industrielle" des Hauts-de-France), Frédéric Motte souligne que "ce n'est pas le job des élus de créer de l'emploi, mais de créer les conditions pour qu'entrepreneurs et industriels puissent le faire". Pour le responsable, il ne faudrait par ailleurs ne pas confondre les enjeux de transition durable avec une volonté de décroissance ou repli sur soi. "En revanche, il faut créer un sentiment d'appartenance entre nos jeunes et nos territoires", pour le responsable.

Ex-Maire de Tourcoing et expert de l'histoire textile nordiste, Jean-Pierre Balduyck préfère de son côté évoquer une responsabilité collective plutôt qu'individuelle, concernant la délocalisation qui ravagé le paysage industriel. "On s'est tous laissé enfermé par l'argument des salaires, pour dire qu'on ne pouvait pas faire concurrence. Or les salaires ne constituent qu'une part minime des coûts", affirme l'ex-élu, pour qui l'industrie a peut-être trop tardé à prendre en compte l'évolution incontournable du marché. "A l'époque, nous travaillions sur seulement deux collections par an, et personne ne s'étonnait qu'un véadiste annonce une livraison pour dans trois mois", rappelle-t-il.

Les Fashion Green Days se poursuivent ce 8 octobre, avec la présence de nombreux acteurs clefs de la filière. Outre la présidente de l'UFIMH (Union françaises des industries mode et habillement) Sylvie Chailloux, sont annoncés les dirigeants et représentants de Tissages de Charlieu, Lemahieu, Peignage Dumortier, Manufacture de Layette et Tricots, Safilin, Le Slip Français, 1083 ou encore Tekyn.

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