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Les salariés de La Redoute divisés avant "l'ultimatum" de Kering sur le plan social

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20 mars 2014

WATTRELOS, 20 mars 2014 (AFP) - Les salariés de la Redoute étaient divisés jeudi, entre manifestants dénonçant "l'ultimatum" du groupe Kering, qui met la pression pour obtenir la signature d'un accord sur le plan social avant jeudi soir, et un collectif "implorant" les syndicats de signer.

Photo : AFP.

Entre 500 et 700 salariés de l'ancien fleuron de la vente à distance, selon la police et la CGT, ont manifesté en fin de matinée à Wattrelos (Nord) pour réclamer de meilleures garanties et dénoncer la "précipitation" de l'actionnaire Kering, qui suspend l'avenir de l'entreprise à la signature par les syndicats d'un accord sur le plan social avant jeudi soir.

A l'appel de l'intersyndicale CFDT-CGT-Sud, le cortège a quitté le site industriel de La Martinoire vers 11H30 en direction de la mairie de Wattrelos, aux cris de "Pinault (patron de Kering, ndlr), voyou, La Redoute est à nous!", en klaxonnant et en sifflant.

Les manifestants, qui ont multiplié ces dernières mois défilés et blocages de La Martinoire, étaient rassemblés derrière deux banderoles de tête clamant "Pinault, les Redoutables réclament leur dû" et "Des garanties sociales pour tous les salariés".

L'accord sur le plan social "ne sera pas signé par la CGT, car on est encore très loin de nos revendications", a déclaré à l'AFP Jean-Christophe Leroy, délégué CGT. "Toujours pas de signature", a renchéri Virginie Soete, déléguée CFDT.

"C'est un nouveau coup de bluff, on n'imagine pas un groupe comme Kering déposer le bilan d'une entreprise comme La Redoute. Ils ont les moyens d'aller plus loin sur les sommes prévues" par le protocole, a poursuivi Jean-Christophe Leroy.

Kering (ex-PPR) a engagé la cession de La Redoute à Nathalie Balla et Eric Courteille, respectivement PDG de La Redoute et secrétaire général de sa maison mère Redcats, pour se recentrer sur le luxe. Deux mois après l'annonce le 9 janvier de la suppression de 1 178 des 3 437 postes de La Redoute, la direction du vépéciste a dévoilé lundi à Roubaix les grandes lignes du protocole d'accord sur les mesures d'accompagnement social.

Il prévoit notamment 20 000 euros de plancher pour les indemnités de départs volontaires - contre 15 000 lors d'une précédente réunion de négociations - plus 750 à 1 200 euros par année d'ancienneté en fonction des cas.

- 'Une très sale ambiance' -

L'intersyndicale CFDT-CGT-Sud réclame 40 000 euros de plancher, plus 1.500 euros par année d'ancienneté et 36 mois de congés de reclassement et souhaite que cette même somme soit bloquée pour les salariés qui ne seraient pas concernés par le plan social.

"Il faut pas signer. Pinault, il exagère. On n'y croit pas, à son ultimatum", a lancé Linda, 56 ans, dont 37 passés à La Redoute.

L'intersyndicale dénonce la "précipitation" de Kering, alors qu'un comité d'entreprise est prévu vendredi pour étudier le business plan des futurs repreneurs, sur la base de l'avis d'experts mandatés par la CFDT.

"Y a une très sale ambiance entre les grévistes et les non-grévistes", a déploré Linda.

Dans un communiqué, un collectif de salariés baptisé "Avenir pour La Redoute", en faveur du protocole d'accord de la direction, en appelle à la "responsabilité" des syndicats et les "implore" de signer.

Le collectif, qui dit représenter une majorité de salariés et renvoie vers une pétition en ligne comportant plus de 1 500 signatures, salue les avancées obtenues jusqu'ici par les syndicats mais prévient: "ne pas signer serait un tsunami social".

"Arrêtons ce qui se passe en ce moment, les blocages intempestifs et les arrêts de production et évitons d'aller dans le mur. Les organisations syndicales qui cautionnent les blocages sont en train de creuser notre tombe", a déclaré à l'AFP un membre du collectif.

Devant l'hôtel de ville de Wattrelos, peu avant 13H00, les manifestants ont copieusement hué les salariés favorables à l'accord, avant de voter à main levée la poursuite de la mobilisation, aux cris de "jusqu'au bout!".

Pour Brigitte, 56 ans, visiblement émue, les 40 000 euros, "c'est pas pour s'offrir du luxe, c'est pour survivre, c'est vital, pour nous, cette somme".

Par Juliette MONTESSE

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