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Clémentine Martin
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23 janv. 2023
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Ludovic de Saint Sernin fait monter la température, Sacai sublime le workwear

Traduit par
Clémentine Martin
Publié le
23 janv. 2023

La dernière journée de la Fashion Week masculine de Paris a débuté par le défilé de l’étoile montante Ludovic de Saint Sernin. Dimanche matin, dans le Marais, il a su faire monter la température malgré le froid glacial, avec son style sexy et audacieux. Affichant une décontraction insolente, ses looks androgynes et sensuels sont devenus des objets de désir dans tout le secteur. Âgé de 31 ans, le créateur a pris la direction artistique de la maison belge Ann Demeulemeester en décembre dernier. Il s’agit depuis du premier défilé présenté par sa propre marque. Pour découvrir ses premières créations pour Ann Demeulemeester, il faudra en revanche patienter jusqu’en mars avec un événement pendant la Fashion Week féminine.


La mannequin Irina Shayk défilait pour Ludovic de Saint Sernin - LDSS


Cet ex-finaliste du prix LVMH et lauréat du prix Pierre Bergé de l’Andam en 2018 a l’impression de "vivre son rêve". Il faut dire que ce designer formé dans les rangs de Saint Laurent et Balmain a lancé sa griffe masculine éponyme en 2017 et l’a, peu de temps après, enrichie de collections féminines. Depuis, son projet a le vent en poupe et s’est doté d’une belle communauté de fans et de fidèles, qui sont venus grossir les rangs des spectateurs de son défilé présenté à l’espace multidisciplinaire 3537, rue des Francs-Bourgeois.

D’un noir sobre et élégant, les trois premiers looks du défilé étaient une mise en bouche de la créativité de Ludovic de Saint Sernin. Une mode sans artifices qui a laissé place aux modèles les plus emblématiques du créateur, caractérisés par une certaine maturité et un potentiel commercial parfaitement exploité. Le résultat: une ligne complète et diversifiée de pièces allant de corsets très sexy jusqu’à des pièces en maille épurées de couleur taupe.


Le logo collé sur la poitrine et le pantalon phare du défilé - LDSS


"I can give you a private show", scandait le beat électronique d’Offaiah, marquant le rythme du pas décidé des mannequins. Des torses nus uniquement décorés de boas glamour, associés avec des pantalons à taille basse qui laissaient entrevoir les sous-vêtements signés du nom de la marque. Subtil et omniprésent dans toute la collection, le logo LDSS se déclinait sous forme de brillants imprimés, d’étiquettes ou même d’impressions ton sur ton sur les looks en denim. Parmi ces derniers, mention spéciale à une salopette de travail à manches longues, probablement l’une des silhouettes les plus saluées du défilé, portée par la super-mannequin russe Irina Shayk. Le même motif se retrouvait sur un bikini et un micro-caleçon.

Les fameux tops légers et transparents de la marque étaient aussi de la partie, tout comme des robes semi-transparentes blanches et éthérées, pour homme et femme, laissant deviner la forme des corps et les sous-vêtements. Des minijupes patineuses brillantes, des manteaux blancs sophistiqués parés de fourrure et de plumes ainsi qu’un pantalon oversize et fourré qui a déclenché les flashs de tous les appareils photo de l’assemblée venaient compléter un défilé qui semble annoncer que "le meilleur est encore à venir".

Sacai présente des propositions hybrides avec Nike, Moncler et Carhartt WIP



Chez Sacai, l’ambiance était toute autre, quasi apocalyptique. À midi, au Carreau du Temple, d’intenses lumières orange et un sol de pierres grises invitaient à entrer dans l’espace pour assister à un défilé mixte inspiré du film Interstellar, réalisé par Christopher Nolan. Fondée en 1999, la marque japonaise a commencé par faire défiler des looks intégralement noirs, tout comme Ludovic de Saint Sernin. Les bottes militaires à plateforme étaient portées avec des leggings moulants auxquels venaient s’ajouter plusieurs couches de vêtements formant une structure architecturale, caractérisant toute la collection.


Looks inspirés de l’espace - Sacai


La maîtrise de la confection de Chitose Abe, qui a notamment officié chez Comme des Garçons et Junya Watanabe, s’est aussi exprimée dans une des collections "couture" de Jean Paul Gaultier. Elle était à nouveau apparente dans chacun des détails des vêtements. Des looks impeccables et unisexes, qui alliaient le denim fonctionnel à multiples poches avec des silhouettes en tweed composées de minijupes et de vestes courtes.

Mais rien n’est jamais si simple chez Sacai. Des vêtements qui paraissaient à première vue être des vestes ou des manteaux prenaient d’autres formes lorsqu’ils étaient vus de dos, dissimulant des anoraks matelassés, des volumes et des fentes audacieuses et même des jupes plissées sur des pantalons ajustés ou de costume. Des parkas cachant des capes ou des imperméables se mêlaient avec des pièces de tailleur. Un travail de superpositions minutieuses où l’esthétique de chaque pièce compte, alliée à un caractère hybride et une fonctionnalité irréprochable.


Les superpositions se sont imposées comme l’une des clés du défilé de Sacai - Sacai


Ces pièces workwear semblaient prêtes à partir explorer les galaxies lointaines, avec de délicates pièces en maille et des imprimés graphiques rappelant la librairie du film de Nolan. Dans une nouvelle collaboration avec Nike, les chaussures "Air Footscape" et les baskets de trek étaient réinterprétées. La griffe japonaise a aussi noué une alliance avec la maison de luxe Moncler et un partenariat streetwear avec Carhartt WIP, qui a d’ailleurs récemment fait une autre incursion dans le luxe via une capsule avec Marni.

Des manteaux inspirés de gilets en laine, de grandes parkas fourrées, des bombers multi-poches et des pulls en maille épaisse, chers à la marque de skate américaine, venaient enrichir des silhouettes de style aventureux aux coupes parachutes, le tout surmonté de capuches omniprésentes cette saison.
 

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