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Marques de banlieue : la guerre des logos fait rage

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AFP
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27 juin 2007

PARIS, 26 juin 2007 (AFP) - Ils sont des dizaines, jeunes stylistes issus de l'immigration, habitant les quartiers, à vouloir se faire une place au soleil en créant leur propre ligne de vêtements streetwear : en banlieue la guerre des "sapes" fait rage à coup de logos.


Modèle de la collection de Prêt-à-Porter Automne-Hiver 2005-2006 du créateur Mohamed Dia
Photo : Jean-Pierre Muller/AFP

Dernières nées, Gen-Zu et Elad ont vu le jour aux Bosquets de Montfermeil, en Seine-saint-Denis. La première s'inspire des moines shaolin, ninjas, et autres stars des arts martiaux admirés des jeunes cinéphiles. La seconde, Elad, est le verlan du nom de son créateur : Adel, un animateur de centre de loisirs de son quartier.

Parmi les marques qui montent, d'autres tentent de se faire un nom sur un concept. African Armure, créée par un membre du groupe de rap la Mafia K1 Fry (cain-fri étant le verlan d'africain), tire son originalité d'un savant mélange d'habits traditionnels africains et de codes de la rue. Le logo: une carte de l'Afrique surmontée d'un bouclier tribal.

Bullrot Wear, contraction de pitbull et rottweiler, des races de chiens célèbres pour leur agressivité, a créé un logo reconnaissable entre tous et, du même coup, un style plus explicitement "caille-ra" : deux molosses prêts à bondir.

De nouveaux sigles prometteurs naissent aussi dans un esprit revendicatif. NO6RA (lire "no cisra", verlan de "non au racisme") a été créée par exemple en 2004 par un trentenaire d'Aubervilliers comme "la première marque antiraciste". Il n'en fallait pas moins pour attirer les jeunes en quête d'identité vestimentaire au lendemain des émeutes de banlieue.

Mais les stars de cette mode restent Mohamed Dia, 32 ans, franco-malien originaire de Sarcelles, soutenu par les chanteurs de l'ex-Secteur A (Passi, Stumy Bugsy) qui habille désormais les basketteurs de la NBA. Exportée aux Etats-Unis, la marque M. Dia en est à 16 millions d'euros de chiffre d'affaire.

Autre nom, autre style, Royal Wear, marque française malgré son air anglo-saxon, se situe dans la tendance "bling-bling". Venue des Etats-Unis, elle consiste à arborer avec ostentation des signes de richesses : bijoux brillants, grosses montres ou voitures de luxe. Avec une couronne argentée en guise de logo, Royal Wear est vite devenue un des leaders du marché.


Malamine Koné, créateur de la marque Airness, recompensé le 13 novembre 2006 à Paris lors des BFM Awards
Photo : Olivier Laban-Mattei/AFP

Parmi les rois du sweat à capuche et du survêt' en éponge, il faut encore citer le rappeur Joey Starr, à la tête de la marque Com8, et Malamine Koné, patron d'Airness, la marque à la panthère, qui réalise 120 millions d'euros de chiffre d'affaire.

Mais la guerre des logos se terminent parfois devant les tribunaux. Djessi Camara, jeune créateur de Cikatrice, "la marque qui laisse des traces", poursuit ainsi le géant Airness qu'il accuse d'avoir copié son logo : un coup de griffe.

Malamine Koné, propriétaire d'Airness, a utilisé la griffure pour une campagne de publicité en 2006, ignorant l'existence de Cikatrice.

Le logo griffé a été déposé par Djessi Camara il y a cinq ans à l'Inpi (Institut national de la propriété industrielle) et celui-ci accuse Malamine Koné de contrefaçon et de violation de droits d'auteur.

Les deux hommes ont tenté de s'entendre à l'amiable, mais les négociations n'ont pas abouti et la justice, saisie, les entendra le 10 septembre prochain.

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