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Mme Carven fête ses cent ans

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11 juil. 2009

PARIS, 11 juil 2009 (AFP) - La couture "m'a apporté le bonheur" : à quelques semaines de son 100e anniversaire, Mme Carven, 1,55 m sous la toise, qui fut pendant cinquante ans la couturière favorite des femmes petites, évoque dans un sourire "les plus belles années" de sa vie.


Madame Carven et Frédéric Mitterand - Photo : BORIS HORVAT (AFP)

Elle aura 100 ans le 31 août mais la Fédération française de la couture a décidé de lui rendre hommage cette semaine, à l'issue des défilés de haute couture, dans les jardins du musée Galliera, musée de la mode de la Ville de Paris. Un lieu qu'elle connaît bien : "j'y ai toujours présenté mes collections", raconte-t-elle à l'AFP, l'oeil brillant à l'évocation de sa carrière, entamée en 1945.

C'est parce que les femmes petites ne trouvaient pas de vêtements à leur goût que Carmen de Tommaso, rebaptisée Carven, a renoncé à devenir architecte-décorateur pour se lancer dans la couture. Son style frais et joyeux séduira des actrices comme Martine Carol ou Leslie Caron et des jeunes filles du monde, comme la future Mme Valéry Giscard d'Estaing dont elle a réalisé la robe de mariée.

La couture "m'a apporté le bonheur, la joie de créer. Je faisais tout mon possible pour embellir les femmes", dit-elle, très élégante en tailleur vert --sa couleur fétiche-- et collier de perles. "J'ai commencé sans personne. Maintenant il faut un commanditaire, tout est trop cher, trop difficile".

Le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand a tenu à être présent pour saluer "l'une des créatrices les plus éminentes de la mode française et internationale". Mais aussi parce que sa mère "a toujours été habillée par Mme Carven", explique-t-il dans une brève allocution.

Il se dit "ému de retrouver en Mme Carven quelqu'un qui, en quelque sorte, fait partie de la famille". Puis, se penchant vers la couturière : "modeste et gentille comme d'habitude, tu n'as pas appelé, mais je suis là ce soir".

Mme Carven est "la première à avoir osé faire du prêt-à-porter (...) elle a été révolutionnaire", estime le président de la Fédération de la couture, Didier Grumbach. Lui-même a travaillé pour elle : "J'ai vendu des petites robes Carven Junior et présenté la collection Carven Junior aux Etats-Unis en 1964", raconte-t-il, suscitant les applaudissements des invités, parmi lesquels les couturiers Jean-Charles de Castelbajac et Claude Montana, le pdg de Louis Vuitton Yves Carcelle et de nombreux amis de Mme Carven.

Dans l'après-guerre marqué par le retour en puissance des couturiers masculins, avec notamment Christian Dior et Jacques Fath, Mme Carven "était un peu une exception", souligne Florence Müller, professeur à l'Institut Français de la Mode.

Elle a eu "l'intuition de s'adresser aux jeunes filles" à une époque où les couturiers habillaient plutôt des femmes plus âgées. Avec sa mode "très réaliste, embellissante, très féminine, très proche des préoccupations des femmes", elle n'était pas "dans la construction d'une image de marque spectaculaire", comme Dior par exemple, ajoute Mme Müller.

"Quand j'étais enfant, il y avait deux noms qui m'enchantaient : Carven et Paris", se souvient Lady Nancy Chopard-Sain, pétillante vieille dame en manteau turquoise et fleur assortie dans les cheveux, amie de la couturière depuis "très, très longtemps".

Mme Carven n'a abandonné la création qu'en 1993, dans sa 84e année, pour se consacrer à sa passion pour les meubles anciens et les objets rares. La griffe, aujourd'hui propriété du groupe parisien SCM, a abandonné la haute couture pour se recentrer sur le prêt-à-porter.

Par Dominique SCHROEDER

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