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Muriel Pernin, l'audace aux commandes pour offrir une nouvelle vie à d'ex-Lejaby

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14 oct. 2012

VILLEURBANNE (Rhône), 13 oct 2012 (AFP) - Elle a été émue par le sort des ouvrières du fabricant de lingerie Lejaby, laissées sur le carreau il y a dix mois, s'est retroussé les manches et a lancé un projet d'atelier près de Lyon, sur le point de se concrétiser: Muriel Pernin est une femme qui ose. A 49 ans, à la tête d'une agence de communication à Villeurbanne, et auteur de romans à ses heures, elle n'a rien à prouver. Pourtant, les images fin 2011 de ces "petites mains" de Lejaby en pleurs la font bondir.

Muriel Pernin le 13 octobre 2012 à Villeurbanne. Photo: Philippe Merle/AFP.

"Je me suis toujours engagée pour la cause des femmes, je ressentais leur émotion. Et elles incarnaient la perte d'un savoir-faire séculaire, dans une région berceau de la couture", retrace pour l'AFP cette arrière-petite-fille de fileuse, qui coud elle-même ses vêtements colorés à fleurs.

Quelques heures après la liquidation de l'entreprise, elle rencontre Nicole Mendez, déléguée CFDT. "Je n'avais pas d'idée précise, je me demandais s'il n'y avait pas quelque chose à faire à Yssingeaux" en Haute-Loire, dernière usine Lejaby en France vouée à la fermeture, le repreneur Alain Prost délocalisant ses productions en Tunisie, narre Mme Pernin.

Elle appelle ses contacts, à la Région Rhône-Alpes, à la préfecture. On lui rit parfois au nez. Mais elle obtient l'appui de l’État. Arnaud Montebourg, impliqué dans le dossier Lejaby et devenu ministre du Redressement productif, qu'elle connaît, garde un œil sur le projet.

Alain Prost, ex-PDG de l'italien La Perla, lui certifie qu'il aura besoin d'un atelier pour sous-traiter une part de sa production en France, elle saisit la balle au bond.

"Les tabous sautent"

Le 18 juin, entourée d'ex-salariés de Lejaby et de deux élus villeurbannais mobilisés à titre personnel, elle lance un appel aux dons sur internet: "Soutenez les Atelières avec 10 euros". Le succès est au rendez-vous, avec déjà plus de 65.000 euros récoltés auprès de 6.000 personnes. "Nous avons reçu des milliers de lettres de gens sensibilisés", se félicite son initiatrice.

Le recrutement d'une vingtaine de couturières, de 20 à 60 ans, pour certaines ex-Lejaby, s'est fait fin septembre. Elles vont entamer lundi une formation de trois mois avant que la production débute en janvier à Villeurbanne.

La première commande ferme, de la lingerie haut de gamme "made in France" devant assurer un tiers du chiffre d'affaires, vient de la Maison Lejaby d'Alain Prost, qui a aussi cédé à bas prix 90 machines à coudre. "Avec Muriel Pernin nous avons une croyance commune en un métier noble, cela soude", témoigne le patron qui a dû relancer son affaire dans un climat difficile et est agréablement surpris que "les tabous sautent et les syndicalistes deviennent chefs d'entreprise".

Car les Atelières ont pris le statut d'une société coopérative d'intérêt collectif (SCIC), une idée chère à sa dirigeante qui prône un "management participatif". Les associés en sont à la fois les neuf personnes engagées depuis le début, dont six travaillent en parallèle à la Maison Lejaby à Rillieux (Rhône), les salariés des Atelières et des investisseurs éthiques.

Pour Laura Gandolfi, élue socialiste qui est de l'aventure, Mme Pernin "allie une capacité de manager et une grande idée des relations humaines". L'intéressée, sans enfant, poursuit son activité dans la communication et se dédouble pour mettre les Atelières sur les rails. "Nous voulons devenir une entreprise rentable et non un musée des savoir-faire disparus", insiste-t-elle, alors que de nouveaux partenariats sont en vue, avec Agnès B notamment.

Par Anne-Pascale REBOUL

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