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25 avr. 2014
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Nicolas Houzé: "Nous avons un ADN auquel nous tenons"

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25 avr. 2014

A la tête de la branche grands magasins des Galeries Lafayette depuis un peu plus d’un an, Nicolas Houzé vient de mettre en place un nouveau comité exécutif. Le fils du patron du groupe, Philippe Houzé, qui entend bien construire l’avenir de l’enseigne sur le long terme, s'exprime dans FashionMag Premium.

Nicolas Houzé - Galeries Lafayette


FashionMag: Vous avez désormais un nouveau comité exécutif. Quels sont vos objectifs ?
Nicolas Houzé: L’équipe, désormais au complet, est au travail sur de nombreux points. L’objectif est de bâtir un plan stratégique qui devrait être prêt pour fin juin.

FM: Est-ce à dire qu’il y a beaucoup à changer ?

NH: L’objectif est tout simplement de créer une nouvelle dynamique générale. Peut-être la croissance du navire amiral d’Haussmann a pu masquer un peu le reste. Il est vrai que l’entreprise a résisté à beaucoup de révolutions en 120 ans mais elle a toujours été ouverte au monde. Et quand les performances ont été un peu moindres, il était logique de regarder l’ensemble de notre organisation… Les nouveaux profils de dirigeants venant d’entrer, une nouvelle génération aussi, doivent nous permettre de nous inscrire davantage dans le long terme. Aux Galeries Lafayette (entreprise familiale, ndlr), nous avons la chance de nous inscrire sur la durée. L’enseigne a 120 ans. Je dois aussi penser aux 120 ans à venir.

FM: Comment voyez-vous le grand magasin aujourd’hui, avec votre regard sans nul doute plus neuf que d’autres ?
NH: Le grand magasin fait entre 7 et 10 métiers différents. Il est généralement présent sur l’enfant, l’homme, la femme évidemment, la maison, la beauté, la lingerie, l’alimentaire et même la restauration. La formule a donc des concurrents multiples sur chacun de ces marchés. Une de ces obligations est d’arriver à la plus grande cohérence possible entre ces secteurs. Nous devons aussi tenir compte du fait que nos partenaires fournisseurs sont aujourd’hui nos concurrents en ouvrant des boutiques monomarques. Nous devons aussi penser à adapter en permanence le concept global du grand magasin. Je pourrais dire que de dinosaure du commerce nous sommes passés à caméléon ! En tenant compte des évolutions de la distribution comme récemment le développement de la fast fashion et de l’internet.

FM: Où en sont pour vous les Galeries Lafayette quant à cette évolution ?
NH: Nous avons déjà un ADN auquel nous tenons. Les Galeries Lafayette couvrent toutes les modes, des plus accessibles comme Topshop par exemple, aux marques les plus luxe et nouveaux créateurs, nous restons bien fidèles à ce positionnement. Et nous avons nos marques propres, qui doivent devenir sous l’impulsion d’Elisabeth Cazorla une business unit à part entière en travaillant sur la différence, l’accessibilité, la rentabilité, etc. Nous couvrons ainsi tout le spectre de la mode. Ce qui n’est pas forcément le cas de notre concurrence la plus proche. Nous tenons aussi à ne pas apparaître comme un centre commercial. Nous devons être un magasin multispécialiste des styles de vie, avec une identité propre. C’est tout cela que nous devons mettre en scène dans les années à venir.

FM: De grands chantiers ont déjà été évoqués comme le transfert boulevard Haussmann de Lafayette Gourmet. Où en êtes-vous à ce sujet et quel est le calendrier ?

NH: Nous allons donc transférer cette année, en septembre prochain, Lafayette Gourmet au rez-de-chaussée et rez-de-chaussée bas de Lafayette Maison, boulevard Haussmann. L’offre maison sera ainsi réduite sur trois étages dans le même bâtiment. Outre de mieux exprimer notre offre alimentaire avec plus de visibilité, cela nous donnera 3000 m² supplémentaires pour Lafayette Homme, avec une plus grande cohérence. Ce secteur, qui marche très bien et est très rentable, bénéficiera d’un total de 10 000 m². Le nouveau magasin homme sera finalisé pour le troisième trimestre 2015. Tout ne sera pas refait bien sûr. Nous ne toucherons pas par exemple au rez-de-chaussée que nous venons de refaire.

FM: Comment faites-vous pour réduire la maison ?
NH: Le gros mobilier va disparaître. En fait, nous gardons les arts de la table, le linge de maison notamment et le petit mobilier à connotation mode, etc.

FM: Avez-vous programmé d’autres travaux dans le magasin principal ?

NH: Il y a déjà eu une rénovation de la mode femme très récente du premier étage, qui est très réussi. Nous avons aussi refait les 2ème et 3ème étages l’an dernier. La grande affaire de 2016 ce sera la refonte du rez-de-chaussée. C’est le cœur du réacteur pour le grand magasin.

FM: Le groupe a aussi engagé un important travail de transformation du BHV avec désormais un nouveau nom, BHV MARAIS. Quelles en sont les retombées ?
NH: Nous avons investi 30 millions d’euros sur ce magasin. La mutation n’est d’ailleurs pas terminée. Ce sera le cas à la fin du premier semestre. Nous n’avons pas encore d’effet de résultats en termes de progression de chiffre d’affaires, mais le trafic augmente. Nous sommes en tout cas dans nos objectifs.

FM: Le quartier bruisse de rumeurs concernant l’arrivée de telle ou telle griffe. Pourriez-vous préciser votre action à ce sujet.
NH: Nous avons engagé une mutation qui concerne aussi les immeubles dont nous sommes propriétaires autour du magasin. Nous pensons aboutir pour 2015 avec l’arrivée de griffes de luxe, d’autres plus accessibles, de l’alimentaire. Vous verrez, vous aurez sans doute des surprises.

FM: Les Galeries Lafayette, c’est aussi une chaîne de plus de 50 unités. Vous en faites quel diagnostic ?
NH: D’abord, elle résiste bien à la crise. En province, nous sommes à un indice compris entre 98 et 100 alors qu’à Haussmann nous continuons à être en croissance. La diversité de la chaîne fait partie de notre histoire. Nous travaillons des scénarios qui tiennent compte de cette complexité avec comme leitmotiv: que fait-on pour que l’ensemble des magasins retrouvent la croissance ?

FM: Dans certaines villes, n’êtes-vous pas tributaire d’une désaffection des centres-villes ?

NH: Evidemment, nous souffrons dans des centres-villes qui se désertifient. Nous avons quand même des projets de rénovation en province. C’est le cas à Marseille Bourse dans le cadre de la rénovation du centre. Nous y avons refait par exemple le Lafayette Gourmet qui ouvre début juin. Le magasin sera terminé à la mi-2015. Nous allons lancer aussi une rénovation à Nice Masséna.

FM: Sur Paris, il y a aussi une demande forte de la part des enseignes d’Haussmann concernant l’ouverture du dimanche ?

NH: Nous sommes évidemment convaincus que c’est un sujet fondamental du fait de la concurrence internationale. Les touristes aux Galeries Lafayette du boulevard représentent 50 % du chiffre d’affaires. L’Union du grand commerce de centre-ville à laquelle nous appartenons cherche à sensibiliser les élus. Nous allons en rediscuter avec la maire de Paris Anne Hildalgo.

FM: Vous venez d’intégrer un nouveau patron du e-commerce avec des fonctions élargies puisque son titre est directeur client et omnicanal, Jean-Philippe Marazzani. Quel est son plan de route ?
NH: Pour comprendre ce que nous devons faire sur le net, il faut partir de la réalité du e-commerce en France. Il s’est développé par les promotions et les sites de ventes privées. Les consommateurs viennent y chercher en priorité des prix. Il était donc difficile d’y trouver notre place d’une certaine manière. Nous avons tout remis à plat il y a trois ans. Aujourd’hui, nous avons un site facile de circulation. Tous nos magasins acceptent le click and collect. Nous pouvons développer un vrai projet omnicanal. Nous envisageons notamment de le traduire en anglais. Nous sommes en effet aujourd’hui très francophones.

FM: Justement, sur l’internationalisation de l’enseigne surtout, vous êtes présent à Berlin, Casablanca, Dubai, en Indonésie et à Pékin depuis depuis quelques mois. Quels sont vos objectifs à ce sujet ?
NH: Nous avons des projets et beaucoup d’envies. Nous avons annoncé notre implantation à Istanbul dans le cadre d’un partenariat pour 2016. De même à Doha pour fin 2015. Nous regardons l’Italie, comme cela a été dit, sans que je puisse vous citer de villes, la Russie, le Brésil aussi. Nous visons d’autres emplacements en Chine. A Pékin, la fréquentation du magasin, entre 7000 et 10 000 clients par jour, nous satisfait. Bien sûr, nous devons faire mieux connaître le point de vente.

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