Publié le
31 mai 2018
Temps de lecture
4 minutes
Télécharger
Télécharger l'article
Imprimer
Taille du texte

Nicolas Rohr (Faguo) : « En matière de transports nous étudions de nouvelles alternatives moins émettrices »

Publié le
31 mai 2018

Alors que jusqu’au 5 juin se tient la Semaine européenne du développement durable, Faguo célèbre son millionième arbre planté depuis sa création. A cette occasion, ce samedi 2 juin, la marque de mode française – qui vient d'ouvrir une boutique à Nantes et en inaugurera fin juin à Lyon et Aix-en-Provence - distribuera des arbres dans ses magasins et chez certains de ses revendeurs. Car depuis sa création, Faguo mène en France un projet de reforestation, autour du concept « Pour chaque produit Faguo acheté, un arbre est planté ». Outre cette campagne de reforestation, Nicolas Rohr, cofondateur de Faguo avec Frédéric Mugnier, explique ce qu’a mis en place la marque pour plus de durabilité.


Nicolas Rohr et Frédéric Mugnier, cofondateurs de Faguo - DR


FashionNetwork.com : Depuis la naissance de Faguo il y a neuf ans, quelles initiatives la marque a-t-elle mis en place pour réduire son impact sur l’environnement ? Certaines ont-elles échoué ?

Nicolas Rohr : Au niveau de la fabrication, nos stylistes et chefs de produit travaillent au quotidien avec nos usines afin de choisir matières et couleurs, et d'estimer nos quantités au plus juste pour maximiser l’utilisation des surfaces. Nos techniques de découpe repèrent les défauts et limitent les chutes, ce qui réduit les coûts tout en produisant moins de déchets pour l'environnement.

Par ailleurs, l’acheminement des produits qui proviennent de l'Asie se fait par bateau, ce qui est le moyen de transport le moins émetteur de carbone. L’unique contrainte reste la longueur des délais de livraison, c’est pourquoi nous commandons nos collections plus de six mois à l’avance. Notre entrepôt est situé à Troyes et de là partent les commandes en camion à destination de nos magasins en France et clients Web. Malheureusement, nous ne pouvons utiliser le transport fluvial pour cela.

Nous veillons également à utiliser des étiquettes et boîtes en carton recyclé et recyclables. Nous avons également développé ces boîtes sans aucun point de colle, elles tiennent uniquement grâce à une technique de pliage. Afin de diminuer nos émissions de CO², cet emballage a été réduit en taille, mais également en épaisseur du carton. Pour les enfants, la boîte à chaussures se transforme en nichoir à oiseaux grâce à un patron à découper et des instructions inscrites à l'intérieur. Chaque packaging est pensé pour inciter nos clients à les réutiliser.

FNW : N’est-il pas compliqué de réduire son empreinte carbone lorsqu’on fait fabriquer au Portugal, mais aussi en Chine ou au Vietnam ?

NR : Comme nous le disions, les produits sont acheminés de nos usines asiatiques jusqu’à nos entrepôts logistiques par bateau. Ce type de transport nous permet de limiter notre impact carbone pour le fret entrant. Contrairement à ce qu’on peut penser, produire en Asie n’a qu’un très faible impact sur notre bilan carbone. A titre comparatif, l’impact carbone du transport d’une paire de chaussures sur l’axe Portugal-France est 30 % supérieur à celui sur l’axe Vietnam-France alors que la distance est 13 fois inférieure. La différence : l’acheminement Portugal-France se fait en camion et pour le Vietnam-France par bateau. Ainsi, le transport représente 11 % du bilan carbone (le bilan carbone de Faguo a été réalisé en 2016 par la Fondation GoodPlanet, ndlr).


Faguo célèbre au sein de ses boutiques son millionième arbre planté - DR


FNW: Quelle est la position de la marque sur le Made in France ? 

NR : Notre réseau d’ateliers s’est structuré par famille de produits : nous produisons en Chine, au Portugal, au Vietnam. Dans chaque atelier, une personne traite en direct avec nos chefs de produit et stylistes afin de réaliser nos prototypes et de s’assurer du bon déroulement de la production dans le respect des normes européennes. La Chine est le premier pays à avoir accepté de travailler avec nous en 2009. C’était en effet un des seuls pays à encore maîtriser la technique dite du vulcanisé, procédé d’assemblage en une pièce de la semelle caoutchouc, et à encore disposer des ateliers et machines adaptés à ce type de production. Nous fabriquons nos souliers au Portugal car ils ont un très bon savoir-faire en matière de travail du cuir et une attractivité prix-produit. 
 
FNW : Quels sont les axes « durables » que vous souhaitez encore développer ?

NR : Aujourd'hui, il nous reste des centaines de choses à faire pour nous améliorer, comme toute entreprise de l'industrie. Cela est comme une petite montagne que nous gravissons étape par étape. Nous aimerions produire une partie de notre collection en coton recyclé.

En termes de transport, nous étudions de nouvelles alternatives moins émettrices pour l’axe Portugal-France. Nous réfléchissons également à la mise en place de process pour récupérer vêtements et chaussures usagés afin que le tri soit fait pour ensuite les donner à des organismes compétents pour le recyclage.

Le principal reste que nous voulons faire encore mieux ce que nous faisons déjà. Continuer à planter ces arbres qui permettent de stocker du carbone, important pour l'équilibre de la planète. Chaque entreprise a ses limites mais nous réfléchissons à horizon lointain et à nous améliorer quotidiennement par des gestes éco-citoyens.

Tous droits de reproduction et de représentation réservés.
© 2024 FashionNetwork.com