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Clémentine Martin
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21 janv. 2020
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Palomo Spain : entre extase et religion, un défilé sous le signe de la consécration

Traduit par
Clémentine Martin
Publié le
21 janv. 2020

« Je suis revenu pour rester », avait prévenu le créateur Alejandro Gómez Palomo à son retour sur les podiums parisiens. Il n’avait pas menti et revient dans la capitale française avec une proposition renouvelée. Cet habitué de la journée d’ouverture de la Fashion Week, traditionnellement dédiée aux nouveaux talents, a cette fois joué dans la cour des grands avec un défilé prévu le dimanche 19 au matin, journée de clôture de la semaine de la mode.


Palomo Spain


Affichant une plus grande maturité, le créateur originaire de Cordoue a délaissé le décor rococo de l’Ambassade d’Espagne et ses superbes œuvres de Goya, où il avait défilé l’été dernier, pour investir un entrepôt vide du quartier populaire de Belleville. Un espace taillé sur mesure pour « Ecstasy », sa collection automne/hiver prochain, qui propose une fusion entre le maniérisme dramatique du Greco et les rave parties de la « Ruta del Bacalao ». Ce mouvement de discothèques espagnoles inscrites dans la culture techno agitait Valence dans les années 1980 et 1990. D’ailleurs, l’artiste s’est permis des clins d’œil aux stupéfiants emblématiques de cette époque festive, sous forme de motifs psychédéliques aux couleurs fluo ou de petits sachets de bonbons aux faux airs de MDMA pour les invités.

Les vêtements défilaient sur fond de musique électronique signée Chimo Bayo, un artiste des années 1990. Inspirés d’un voyage d’Alejandro Gómez Palomo à Tolède, berceau de l’œuvre du Greco, les premiers looks faisaient la part belle à la sobriété avec des costumes de couleur noire. Ils étaient suivis de vestes d’extérieur mettant en avant les talents de tailleur du jeune homme, avec des épaules effilées et des cols Mao. Les silhouettes fines et allongées, évoquant les personnages des tableaux du peintre grec, mettaient en valeur le style de la maison, jouant entre l’exagération totale et le classicisme extrême.

Des détails de dentelle noire et blanche de Chantilly, des chemises à jabot, des volants, des transparences sensuelles, des manteaux en velours et des gabardines aux coupes aristocratiques allaient à la rencontre d’un style plus urbain. Une expérience jusqu’ici inédite pour Palomo Spain, qui lui ouvrira sans nul doute de nouvelles possibilités commerciales.


Palomo Spain


La confection traditionnelle se mêlait de façon étonnamment naturelle avec des bombers, des vestes à découpes aux genoux et aux épaules, des pantalons cargo aux détails réfléchissants et des manteaux oversize. L’artiste Sébastien Sans-Arcidet signe des motifs colorés apposés sur les parkas et les chemises en soie, tandis que l’on doit à Kausi des éventails en plume et en bois nobles. Les chaussures sont le fruit d’une collaboration avec New Tock Shoes, et l’on retiendra notamment une paire de bottes montantes et ajourées d’inspiration western. Sans oublier trois looks de brocard aux silhouettes de ménines avec des perles de verre appliquées, résultant d’une récente collaboration avec Swarovski.

La collection était savamment émaillée de références religieuses. À l’entrée du défilé, on pouvait respirer une puissante odeur d’encens. Le fil conducteur de tout le spectacle est l’enfance du créateur en Andalousie, où la Semaine Sainte est synonyme d’émotion et de culture pop. Sous le regard attentif de la chanteuse du groupe français Christine and the Queens, du (t)rappeur CTangana ou encore de l’artiste burlesque Violet Chanki le défilé s’est converti en passion électronique du Christ. Un chemin de croix revisité qui, entre brûleurs d’encens et cierges d’un rouge écarlate, s’est dirigé vers l’extase au rythme solennel d’une procession de la Semaine Sainte.

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