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Clémentine Martin
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2 mars 2022
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Paris Fashion Week: Vaquera et Weinsanto entre provocation et sensualité

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Clémentine Martin
Publié le
2 mars 2022

Prenant le relais de Milan, Paris a donné le coup d’envoi de la Fashion Week lundi 28 février après-midi. Une inauguration dans un contexte tendu, marqué par l’invasion russe de l’Ukraine et par le premier défilé d’Off-White depuis le décès de son directeur artistique Virgil Abloh en novembre dernier. Une journée en demi-teinte, où la célébration de la mode a cohabité avec de dures nouvelles de guerre. L’ouverture a été confiée à deux jeunes talents du calendrier parisien: Vaquera et Weinsanto.


Vaquera - Automne/hiver 2022 - Collection femme - Paris - © PixelFormula


Les new-yorkais Patric DiCaprio et Bryn Taubensee ont fondé la griffe Vaquera en 2013. Chargés d’ouvrir les festivités, ils étaient soumis à une double pression: il s’agissait du premier défilé parisien de cette marque nord-américaine finaliste du prix CFDA/Vogue Fashion Fund en 2017. Considérée comme l’une des marques à suivre de la côte Est, elle dénombre plus de 68.000 abonnés à son compte Instagram. Conformément aux attentes, Vaquera a créé l’événement au cœur du Marais, à l’espace 35-37 de Dover Street Market dans la rue des Francs-Bourgeois. C’est aussi le lieu qu’avait choisi Weinsanto pour son défilé à 18h30.

Et les designers américains ont imaginé leur collection pour marquer les esprits, dans une ambiance sombre de rave party décalée. Inspirée du film “Irma Vep”, réalisé par Olivier Assayas en 1996, la ligne automne-hiver de la maison multipliait les références stylistiques à son héroïne, incarnée par l’actrice chinoise Maggie Cheung. Un mélange de glamour et de surréalisme, avec des mannequins vêtues de latex noir verni de la tête aux pieds, comme des combinaisons de vampires.

Les modèles, survoltées et presque agressives, défilaient à pas rapides au rythme d’une musique techno, paraissant glisser sur le sol. Les jeux de superposition abondaient, dont des ensembles intégrant des pièces inspirées de lingerie, des robes à volants ou des capes transparentes, mais aussi des passe-montagnes, des foulards voluptueux et des mitaines léopard. Des pulls et des écharpes en maille XXL accompagnaient des jupes plissées à carreaux tartan, rappelant des uniformes scolaires. Des mélanges de lurex et de gaze, des jupes-tuyau et des pantalons en denim ainsi que des bombers, des manteaux et des blousons noirs apportaient la touche street. Sans oublier une immense jupe imprimée, plusieurs silhouettes rappelant le Petit Chaperon Rouge ou des chemises classiques portant le logo de la marque, tirant presque vers un style gothique.


Weinsanto - Automne/hiver 2022 - Collection femme - Paris


De son côté, Weinsanto signe une collection irrévérencieuse qui va jusqu’à intégrer un détail disruptif et actuel : une carte avec un QR code permettant aux invités de télécharger les NFT de la collection tout juste présentée.

"Weinsanto in Paris"



Le lieu reste mais le contexte change chez Weinsanto. Quatre mois seulement après son dernier défilé au 35-37 Dover Street Market, le créateur formé dans les rangs de Jean Paul Gaultier a cette fois rassemblé un public fourni, éveillant un intérêt médiatique soutenu. Cette soudaine popularité aurait-elle un lien avec sa nomination parmi les 20 finalistes de l’édition 2022 du prix LVMH, pour lequel il affronte des créateurs comme Palomo Spain, Airei ou Bluemarble ?

Inspiré du théâtre et du cirque, comme toujours, le défilé du créateur alsacien mettait en scène sa collection “Murder in Paris” et s’ouvrait sur un look composé d’une combinaison semi-transparente imprimée de visages roses et violets que l’on retrouvait sur bon nombre d’autres pièces. Une énorme coiffe à tentacules ondulés venait compléter le tableau. Paraissant tout droit sorties d’un spectacle, les mannequins défilaient en file sinueuse, portant des mini-robes fendues à manches longues ou même une robe voluptueuse imitant une mantille rose fuchsia, la couleur de prédilection de Victor Weinsanto, qui en a teint ses cheveux courts.

Des bodys sensuels accompagnaient les corsets caractéristiques de la marque, assortis de robes en velours noir, de tops croisés semi-transparents et de robes de gaze à traîne, de bibis en forme de chapeaux balayant le visage ou de diadèmes à plumes. Du côté des accessoires, des sacs-boule noirs rappelaient des armes médiévales. Les références à la culture du bondage étaient nombreuses, avec des superpositions de ceintures, de courroies et de sous-vêtements en cuir. Des tangas à taille haute et des seins protégés de cache-tétons se devinaient sous des robes transparentes, faisant monter la température de quelques degrés.

Mais la grande surprise est arrivée à la fin du défilé. C’est une marraine d’exception qui est entrée en scène, enveloppée dans un look extravagant associant un corset et une capeline imprimés des fameux visages que l’on retrouvait dans toute la collection, qui devraient lui assurer un certain succès sur les réseaux sociaux. Philippine Leroy-Beaulieu, alias Sylvie, personnage de la série “Emily in Paris”, a accepté de jouer les muses glam pour le jeune Weinsanto.
 

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