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17 sept. 2014
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Philippe Gouzes (Nixon) : "Trilantic veut laisser croître la marque à son rythme"

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17 sept. 2014

Directeur général EMEA de la marque depuis le début de l’été, Philippe Gouzes, ancien senior vice-président de Burton Snowboard, était à Paris il y a quelques jours pour inaugurer la première boutique européenne de la marque de montres. L’occasion d’en savoir un peu plus sur les projets de développement de la marque californienne.

Philippe Gouzes, directeur général Nixon en Europe Moyen-Orient Afrique, dans la nouvelle boutique parisienne de la marque. Photo Nixon.


Fashionmag.com : Vous avez récemment pris la tête de Nixon pour la zone Europe Moyen-Orient Afrique et vous inaugurez déjà la première boutique européenne. Vous menez l’offensive retail ?

Philippe Gouzes : Je suis en effet arrivé en juillet chez Nixon. Aujourd’hui, j’hérite du travail réalisé et des projets menés par les équipes en place. Nous inaugurons aujourd’hui ce bel espace à Paris et allons ouvrir en octobre une autre boutique à Londres, sur Newburgh Street, dans le quartier de Carnaby Street.


FM : S’agit-il du début d’un grand réseau de boutiques en Europe ou visez-vous plutôt des emplacements à image ciblés à Paris et Londres, et pourquoi pas Berlin ou Barcelone ?

PG : Nous sommes en effet plus dans une démarche ciblée. Mais je ne pense pas que nous aurons d’autres ouvertures d’ici fin 2015 en Europe. La marque prépare l’ouverture d’une troisième boutique à Miranda, dans le sud de Sydney en Australie, d’une boutique à Hong Kong et d’une boutique à San Diego. Le tout porté par la marque.


FM : Et en Europe, comment ont-été choisis les emplacements ?

PG : Carnaby Street représente une référence retail en Grande-Bretagne. La zone est très dynamique commercialement et apporte une visibilité très forte. Pour Paris, nous avons déjà une belle présence sur le Citadium avec un corner qui a récemment pris de l’ampleur. Je pense que le Marais est le cœur vivant de Paris, où les choses se passent et évoluent. Pour une marque comme Nixon, c’est important et cela a du sens d’être présente ici. L’important, c’est qu’à chaque fois le concept s’adapte au contexte local.


FM : Cette initiative retail intervient alors que le groupe Billabong a cédé Nixon au fonds Trilantic Capital Partners et au management. Cette cession est-elle finalisée ?

PG : La sortie opérationnelle de Billabong est effectivement réalisée et les derniers détails financiers sont en finalisation. Trilantic est l’actionnaire très largement majoritaire.


FM : Quelle est la situation de la marque après cet épisode ? Et quelles sont les ambitions du fonds ?

PG : La marque a légèrement progressé et est restée bénéficiaire sur le dernier exercice alors que le contexte économique était compliqué, qu’elle était en pleine réorganisation et que Billabong sortait de la marque. Cela donne la mesure du potentiel. Et c’est ce qui m’a plu dans le projet de rejoindre Nixon. L’actionnaire veut laisser croître la marque. Nous avons des étapes bien fixées et, même si nous avons bien sûr des objectifs chiffrés, il n’entend pas accélérer le processus. 

FM : Quelle est la distribution de Nixon aujourd’hui ?

PG : Les magasins d’action sports et le lifestyle streetwear représente encore 70 % à 75 % de nos points de vente. Les acteurs de l’horlogerie complètent ce réseau.


FM : Nixon s’était rendu au salon horloger de Bâle. Etait-ce intéressant ?

PG : Nous continuons Bâle. Cela a permis à la marque d’établir une relation avec les acteurs traditionnels de la montre. En tant que jeune marque américaine, Nixon a amené une alternative. Cela nous a apporté de nouveaux partenaires sur le Moyen-Orient ou encore sur l’Inde.


FM : L’ambition affichée de Nixon, sous la houlette de Trilantic, est clairement de monter en puissance, notamment avec un doublement du chiffre d’affaires sur la zone EMEA dans les trois à cinq ans. Comment allez-vous procéder ?

PG : Nous cherchons un développement organique. Nous voulons du qualitatif. Après 16 ans, l’image de Nixon n’a pas été endommagée. C’est une valeur très importante. Jusque-là, la marque était positionnée sur une part très étroite du marché et a connu une croissance rapide chez les indépendants. Nous devons élever notre niveau de services car c’est une distribution challengée et nous devons continuer à les soutenir. Mais, à présent, la distribution est plus large avec des présences chez Citadium, Asos ou Selfridges. Je suis un adepte de la segmentation. Nous avons actuellement la mise en place de shops in-shop chez des acteurs comme Nordstrom et Macy’s, chez qui nous n’étions jusque-là pas présents.

FM : En Europe, quels sont vos marchés clés? Allez-vous en reprendre en direct?

PG : Pour nous, le focus est sur l'Angleterre, l'Allemagne et la France où, d'ailleurs, nous avons pris des agences de presse. Ensuite, avant de changer une équipe commerciale en place, il faut s'assurer d'être capable de prendre en charge la distribution pour protéger la marque. En termes de marché actuellement, la France et l'Allemagne sont importants, la Grande-Bretagne et l'Italie reviennent. Nous avançons avec des partenaires sur les pays d'Europe de l'Est. Je pense qu'il nous faut aussi travailler des zones comme la Suisse et le Benelux qui ont des potentiels intéressants.


FM : Vous travaillez aussi avec les acteurs du net. Quelle est votre vision sur l’e-commerce ?

PG : Nous voulons élever notre niveau de partenariat avec des acteurs clés mais surtout faisons attention à ne pas faire n’importe quoi. Nous sommes en train de revoir notre plateforme internet pour optimiser e-commerce et identité de marque. Nous mettons aussi sur pied une communication au niveau global pour transmettre ce qu’est la marque.


FM : Vous avez d’autres développements en cours ?

PG : Nous travaillons beaucoup sur le développement de catégories complémentaires comme l’audio et les accessoires. Nous avons d’importants ajouts avec des portefeuilles, de la bagagerie, des ceintures. Pour cela, nous avons travaillé en profondeur et recruté des équipes. Sur le vêtement, nous avons recruté des chefs de produit et sur la montre nous avons doublé les équipes de développement.


FM : Vous préparez de nouveaux modèles de montres ?

PG : On voit qu’actuellement tous les acteurs de la high tech arrivent avec des modèles de montres connectées. Bien sûr, nous travaillons sur ce type de montres mais différemment de ces acteurs car nous n’avons pas le même accès technologique. Ils sont prévus pour courant 2015. Nixon s’est développée dans la montre de surf. Et, dans notre univers, nous avons des modèles qui arrivent et proposent de nouvelles fonctionnalités.


FM : Quel regard portez-vous sur le secteur des actions sports?

PG : C'est un secteur dans lequel il y a eu beaucoup d'investissements pour des croissances externes accélérées. Il y a parfois eu des visions à court terme sans vraiment réfléchir sur ce que sont nos valeurs. Aujourd'hui, nous avons les marques institutionnelles qui sont cotées et de petites marques émergentes, comme Brixton ou Iron & Resin, avec des univers forts. Et, pour tous les acteurs intermédiaires, c'est vraiment difficile. La problématique est que pour atteindre la taille critique, la marque doit pouvoir être partout, avoir une couverture internationale avec la même identité. D'où l'importance de garder le contrôle sur sa distribution internationale.

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