Rangoun, la capitale birmane, accueillera en début d’année prochaine une vaste vente aux enchères de pierres précieuses. Bafouant les sanctions économiques de leur commerce international, la junte organise une nouvelle vente du 5 au 9 janvier prochain. Les acheteurs intéressés devront payer un droit d’entrée de 10 000 kyats, soit près de 8,5 dollars US ; une surtaxe étant appliquée aux étrangers présents lors de ces ventes, tout comme une taxe étatique sur le commerce des pierres précieuses à hauteur de un à trois % de commission par acquisition.

Un acheteur étranger repère des blocs de jade à Rangoun le 5 octobre 2005 Photo : Hla Hla Haty/AFP

Et malgré les sanctions internationales et des appels réguliers au boycottage, le pays parmi les plus pauvres de la planète (un foyer sur quatre vit sous le seuil de pauvreté) multiplie les ventes aux enchères de gemmes. En effet, son sous-sol fournit près de 90 % des rubis du monde, tout en recelant d’importants dépôts de jade. Quant aux acheteurs, ils ne semblent pas tous fuir ces ventes illégales puisque l’une des dernières en date avait proposé environ 7 700 lots pour une somme de quelque 100 millions d’euros.

Moins de six mois auparavant, près de 3 600 lots avaient rapporté 150 millions d’euros, au moment même où États-Unis et Union européenne condamnèrent la Birmanie et la répression étatique d’un vaste mouvement de protestation populaire, moines bouddhistes en tête, en amplifiant leurs sanctions.

D’avis d’experts, en 2004, « les États-Unis avaient décrété un embargo sur les pierres provenant de Birmanie, mais seul Tiffany respecte à 100 % cette règle ». C’est en tout cas ce qu’affirmait Emmanuel Piat, un lapidaire de la place parisienne, à l’AFP, face à des ventes aux enchères permettant d’engranger un maximum de devises étrangères.

(avec AFP)