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20 févr. 2013
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Printemps: Borletti en association avec des investisseurs qataris en passe de racheter la part de la Deutsche Bank

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20 févr. 2013

Un communiqué court mais très précis ce matin a annoncé que RREEF, le fonds de gestion immobilier de la Deutsche Bank, a entamé des négociations exclusives pour vendre sa participation de 70% dans le Printemps à l’autre actionnaire, le groupe Borletti, en association avec des investisseurs qataris.

Ainsi sont confirmées les rumeurs de cession de la participation de la société allemande qui couraient depuis des mois. C’est surtout, si évidemment ces négociations exclusives aboutissent, une nouvelle ère qui s’ouvrira pour le Printemps. Dans le droit fil toutefois de la stratégie à succès initiée il y a plusieurs années par les deux actionnaires. Qu’on en juge, le Printemps réalisait un chiffre d’affaires de 752 millions d’euros en 2005. Il était de près de 1,5 milliard d’euros en 2011.


L’enseigne de grands magasins a connu une importante montée en gamme qui en a même attisé la convoitise de braqueurs hier, ayant dérobé plusieurs millions d’euros de bijoux sur le stand de de Beers. Cette montée en gamme a été saluée d’une certaine manière par son grand concurrent français, les Galeries Lafayette, qui s’est engagé dans la même voie tout en, certes, sauvegardant un accès au marché bien plus large.

La croissance de l’activité du Printemps et son succès ont sans doute guidé la volonté de RREEF de sortir au bout de 5 ans de présence au capital. De son côté, Maurizio Borletti, le patron du groupe italien, avait manifesté dès les premières rumeurs de cession, sa volonté de rester actionnaire et opérateur du Printemps. Il détient à ce jour 30% du capital. On sait que le groupe Borletti avait dû il y a plusieurs années céder sa participation dans l’enseigne de grands magasins italiens La Rinascente quand déjà la Deutsche Bank, actionnaire très majoritaire, avait souhaité céder ses parts. A l’époque, c’est le groupe thaïlandais Central qui a acquis la chaîne italienne.

Pour le Printemps donc, Maurizio Borletti s’appuie sur des investisseurs qataris. Dans l’état actuel des négociations, ceux-ci ne sont pas désignés par RREEF même si la communauté financière table sur le fonds qui est déjà au capital de Tiffany et propriétaire d’Harrods. On sait que souvent, derrière les investisseurs qataris se trouve tout simplement la famille royale de l’émirat.

Combien vaut le Printemps ? Si RREEF et Borletti ont payé moins de 1,1 milliard d’euros fin 2006, ils ont, selon nos informations, investi pas moins de 350 millions d’euros depuis (dont 150 sur le seul point de vente du boulevard Haussmann). Lorsque les rumeurs de cession ont surgi, le montant évoqué était de 1,6 milliard d’euros. Bien faible, ce chiffre a même fait sourire. Pour nombre d’acteurs, le Printemps vaut au moins 2,1 milliards d’euros.

En cas de réussite de l’opération, l’idée sera évidemment de poursuivre le développement de l’enseigne en France, où sont déjà prévues trois ouvertures, à Marseille (dans Les Terrasses du Port), à Paris au Carrousel du Louvre, et à Cagnes sur Mer. Mais sans nul doute aussi à l’étranger.

C’est une bonne nouvelle pour l’enseigne de grands magasins qui affronte depuis longtemps (toujours ?), tel un outsider, son grand voisin les Galeries Lafayette. Ce dernier groupe présidé par Philippe Houzé avait d’ailleurs manifesté son intérêt pour acquérir le Printemps au cas où il était en vente. Le risque toutefois pouvait être un rejet du fait d’une situation de monopole en France. Une seule grande enseigne de grands magasins aurait encore pu davantage faire la loi face aux marques petites et moyennes qui trouvent dans cette formule de distribution de quoi se faire connaitre et toucher une clientèle bien plus large que leurs bases de revente habituelles. De plus, certains observateurs imaginaient déjà des plans de licenciements dans l’amont des structures, logistique, achats, etc. Même plusieurs centaines, selon des interlocuteurs.

Ce n’est en revanche pas vraiment une bonne nouvelle pour justement les Galeries Lafayette. L’enseigne va se trouver confrontée à une concurrence plus forte encore du Printemps, notamment quand il s'agit par exemple d’attirer des clients étrangers et des griffes …Bien sûr, si les négociations exclusives aboutissent.

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