Publié le
15 oct. 2015
Temps de lecture
3 minutes
Télécharger
Télécharger l'article
Imprimer
Taille du texte

Priscilla Jokhoo (Traffic) : « Le risque pour les marques est une croissance trop rapide »

Publié le
15 oct. 2015

Directrice du service entreprise de la Fédération française du prêt à porter féminin (FFPAPF), Priscilla Jokhoo accompagne chaque année une centaine de marques dans les phases charnières de leur développement. C’est à son initiative que sera lancé les 4 et 5 novembre à Paris un nouveau salon, Traffic, où les dirigeants de marques pourront rencontrer les prestataires pouvant les appuyer. Une « suite logique », pour Priscilla Jokhoo, comme elle l’explique à FashionMag.

FashionMag.com : Quels sont ces moments charnières qui peuvent mettre en péril les marques, petites ou grandes ?

Priscilla Jokhoo : Contrairement à ce que l’on peut penser, le risque pour les jeunes marques est une croissance trop rapide, non maîtrisée. Notamment parce qu’elles ne sont pas encore assez structurées en interne. En 2014, parmi les entreprises que nous avons accompagnées, nous avons observé des croissances de 100 à 600 %, d’une saison à une autre. Ce sont des choses qui ne sont pas forcément anticipées, et les financements ne sont pas immédiatement là derrière. Cela fait vivre à ces marques l’enfer sur terre, et met en péril les relations avec les clients. Chez les plus grosses marques, la chose dangereuse est la difficulté à se montrer réactive, voire à ne pas se reposer sur leurs lauriers, alors qu’arrivent en face des structures plus dynamiques. Les chiffres montrent que la moitié des marques lancées cette année auront disparu dans trois ans. Et 75 % dans cinq ans.  

Priscilla Jokhoo - FFPAPF


FM : Quelles sont les clefs pour accompagner ces marques ?

PJ : Le développement des marques se fait de manière très mécanique. Et, par expérience, nous savons à quel moment l’activité va passer au palier supérieur. Il est important que quelqu’un puisse suivre une marque avec un certain recul. En cela, nous nous concentrons sur la stratégie d’entreprise, sur le marketing produit, et sur le commercial. Normalement, si ces trois éléments sont correctement alignés, cela emmène une marque vers des solutions de financement. Et nous conseillons aux marques de s’adresser à des interlocuteurs avec qui nous travaillons : banque, fonds, spécialistes, avocats... Cela peut faire gagner beaucoup de temps de s’adresser aux bonnes personnes, qui comprennent les enjeux.

FM : Traffic est né de ce constat ?

PJ : J’effectue 250 rendez-vous par an avec des marques, à l’issue desquels je donne toujours une liste de contacts : experts, bureaux de presse, banques, spécialistes commerciaux... Nous avions donc d’un côté ces contacts, dont nous connaissons le travail via le retour des marques, et de l’autre côté une forte demande d’information de ces marques. D’où l’idée d’ouvrir ce carnet d’adresses à la profession, et de mettre les dirigeants de marques directement en contact avec les structures. Car le choix d’un interlocuteur est crucial : nous avons vu des entreprises générant plusieurs millions d’euros de vente s’arrêter car leurs investisseurs ne savaient comment agir. Traffic est un outil supplémentaire.

Tous droits de reproduction et de représentation réservés.
© 2024 FashionNetwork.com