Publié le
11 févr. 2022
Temps de lecture
3 minutes
Télécharger
Télécharger l'article
Imprimer
Taille du texte

Privé d'événements et cérémonies, le dentellier Solstiss se relève doucement de la crise

Publié le
11 févr. 2022

Avec une production de dentelle Leavers très majoritairement destinée aux robes de soirée, cocktail et mariage, Solstiss a vu son activité heurtée de plein fouet par la crise sanitaire. Après avoir dû réduire ses effectifs et eu recours à des aides d'Etat, l'entreprise basée à Caudry, dans le Nord, attend de pouvoir à nouveau rencontrer ses acheteurs au grand export, et mise sur la reprise du marché du mariage. Non sans aller chercher un potentiel relais de croissance dans le développement durable.


Solstiss


En janvier 2020, Solstiss comptait parmi les entreprises du Made in France à être reçues à l'Elysée. Le dirigeant de l'entreprise, Christophe Machu, posait alors souriant le temps d'un selfie avec le couple Macron. Deux ans et une catastrophe sanitaire mondiale plus tard, Solstiss panse encore ses plaies. Au ralentissement du marché du textile-habillement s'est ajouté le coup de frein donné à l'événementiel et au mariage pour le dentelier, pour qui la lingerie ne représente que 10% de l'activité.

"Nous vendons à 80% à l'export", indique à FashionNetwork.com Christophe Machu. "Ne plus pouvoir aller voir nos clients en direct, notamment en Asie, cela signifie que tout passe par des agents et des vidéos. Or, l'attrait de notre produit est lié au toucher. Il n'y a donc que les clients fidèles qui ont été en mesure de passer des commandes, qui ont été bien plus petites que les années antérieures."

Ayant compté jusqu'à 300 personnes, l'entreprise a dû ramener ses effectifs à 165 salariés. Son dirigeant indique par ailleurs avoir activé toutes les aides qu'il pouvait solliciter. L'entreprise a ainsi contracté un PGE (prêt garanti par l'Etat) et adopté un ADLP (accord d'activité partielle de longue durée), qui permet de réduire les horaires de travail de ses salariés.

Forte de showrooms à Caudry et Paris, Solstiss est parvenue à conserver son bureau lancé il y a trois ans à Milan. L'entreprise se félicite en outre d'être le seul fabricant français de dentelle Leavers à compter un bureau à New York. Des dispositifs qui permettent d'accompagner la reprise actuellement constatée sur les marchés italiens et américains. Après avoir exposé à Première Vision Paris, les équipes ont donc pris la direction du salon LA Textile de Los Angeles.

"On commence à voir revenir des événements en France et à l'international", apprécie Christophe Machu. Les dentelles de Solstiss ont notamment trouvé leur place dans la collection haute couture printemps-été 2022 de Chanel et La Metamorphose, tout comme elles l'avaient fait pour la collection haute couture automne-hiver 2021/22 d'Orient Express l'été dernier. Sans oublier le printemps-été 2022 de Dolce&Gabbana.

Le marché du mariage profite de son côté d'un effet de report sur 2022, et vraisemblablement 2023. "C'est une bonne nouvelle, car ce secteur peut peser jusqu'à 15-20% de notre chiffre d'affaires, indique le dirigeant. Après, il faut aussi que la dentelle retrouve son chemin vers les défilés et consommateurs."


Dolce&Gabbana (PE22), Chanel (haute couture PE22) et Uni.paris - Solstiss


Christophe Machu fait en effet le constat d'un marché de l'habillement profondément modifié par des tendances de consommation comme la seconde main et la lutte contre la réchauffement climatique. Solstiss travaille donc à sa diversification, trouvant notamment un débouché dans la régénération des coraux, dans le cadre du projet Corail Artefact mené par l'artiste Jérémy Gobé. "Nous travaillons un produit éminemment technique à même de supporter les nutriments nécessaires à la reproduction du corail via une dentelle biodégradable", explique Christophe Machu, qui indique que la Guadeloupe a manifesté son intérêt pour le produit.

Du fait d'une activité ralentie, Solstiss n'a pas pâti de la crise d'approvisionnement en matières qui a parcouru la filière. "Nos fournisseurs sont encore debout, pourvu que ça dure", lâche le dirigeant. Il indique avoir déjà intégré "beaucoup trop d'étapes" à son activité, et en particulier la teinture, et espère ne pas avoir à en faire de même avec la filature.

Tous droits de reproduction et de représentation réservés.
© 2024 FashionNetwork.com