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Procès des braquages Chanel et Chopard: "tout ce qui est incroyable n'est pas faux", plaide la défense

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21 janv. 2022

Paris, 20 jan 2022 (AFP) - Les avocats des principaux accusés au procès de deux braquages dans des bijouteries parisiennes Chopard et Chanel ont plaidé jeudi l'acquittement de leurs clients pour les faits les plus graves, estimant que les charges de l'accusation "ne tenaient pas la route".


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"Tout ce qui est incroyable n'est pas faux", a fait valoir l'un des avocats devant la cour d'assises de Paris, pour répondre à l'avocat général, qui avait ironisé mercredi sur les "hasards" et les "coïncidences" brandis par les accusés pour s'expliquer.

"Le rôle du juge n'est pas d'écrire une histoire, de regarder les pièces du puzzle et d'imaginer les pièces manquantes pour écrire un scénario", a plaidé Me Hugues Vigier, rappelant que le "doute raisonnable" devait profiter aux accusés.

Le ministère public a requis mercredi des peines de huit à vingt ans de réclusion contre les sept hommes jugés depuis le 4 janvier. Ils sont accusés d'être impliqués, à des degrés divers, dans le braquage d'une boutique du joailler Chopard à Paris en décembre 2015 et celui d'une bijouterie Chanel de la capitale en mai 2016, pour un préjudice de plus de 3 millions d'euros. Les bijoux et les montres de luxe dérobés n'ont jamais été retrouvés.

Ils répondent également du vol d'une mallette sécurisée contenant 20.000 euros dans un véhicule de la Brink's à Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis) en juin 2016, du vol de cinq Range Rover et de la constitution d'une cache d'armes au Blanc-Mesnil où deux kilos d'explosifs, une grenade et deux kalachnikov avaient notamment été retrouvés, en mai 2016.

Deux d'entre eux, qui ne se sont pas présentés à l'audience, sont jugés par défaut. Trois autres mis en examen, qui ont contracté le Covid-19 au début du procès, seront jugés ultérieurement.

- "Qu'est-ce que ça prouve?" -



"Il n'y a rien pour Chopard, il n'y a rien pour Chanel, il n'y a rien pour la Brink's": l'accusation est "tellement pauvre en preuves" qu'elle en vient à faire des "raccourcis extraordinaires", a estimé jeudi Serge Money, avocat du "chef d'orchestre" de la bande, selon l'avocat général, qui a requis 20 ans de prison contre Philippe Enriquez.

Ainsi, son client est filmé par des caméras de surveillance devant la boutique Chopard, quelques minutes avant le vol: "Il passe devant, on le voit: qu'est-ce que ça prouve?", s'emporte l'avocat, demandant pourquoi les enquêteurs n'ont jamais cherché à vérifier la version de l'accusé, selon laquelle il était allé s'acheter des chaussures ce jour-là.

Concernant le vol chez Chanel, Me Money s'est employé à décrédibiliser le témoignage de la vendeuse d'une boutique voisine, qui a "formellement reconnu" son client comme l'homme au volant de l'Audi attendant les braqueurs devant la boutique. Il a souligné que la jeune femme avait assisté à la scène depuis l'intérieur de son magasin, que ses déclarations avaient varié sur la forme du visage du conducteur, et que la reconnaissance avait eu lieu lors d'un tapissage "caricatural" au commissariat, avec une seule personne sur neuf correspondant à la description physique faite par les témoins, soit un homme de type européen aux yeux clairs.

Avant lui, les avocats de deux autres accusés, contre lesquels 15 ans et 17 ans de détention ont été requis, s'étaient aussi attachés à convaincre les trois magistrats et les six jurés que la version de l'accusation ne tenait "pas la route". Selon eux, concernant les faits de vols à main armée, de recel et d'association de malfaiteurs, "les preuves n'existent pas ou sont de toute façon insuffisantes" pour déclarer leur culpabilité.

Le verdict est attendu vendredi.

Par Amélie BAUBEAU

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