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Procès du braquage chez Chopard: les accusés évoquent le "hasard" face aux éléments à charge

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AFP
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10 janv. 2022

Paris, 10 jan 2022 (AFP) - Face aux éléments les reliant au braquage d'une bijouterie de luxe Chopard en décembre 2015, deux des accusés ont invoqué lundi à leur procès à Paris le "hasard", des "coïncidences" ou des "interprétations" hâtives des enquêteurs.


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Ce dossier, c'est "une promenade dans le hasard", a ironisé l'avocat général Philippe Courroye, face aux dénégations des mis en cause devant la cour d'assises de Paris.

Huit personnes sont jugées depuis une semaine pour deux braquages, des vols de voitures de luxe, celui d'un véhicule de transports de fonds banalisé ainsi que pour la constitution d'un arsenal illégal. Plusieurs d'entre elles sont soupçonnées d'être impliquées, à des degrés divers, dans le vol à main armée de montres et de bijoux d'une valeur d'environ un million d'euros commis le 11 décembre 2015 dans une boutique de ce joaillier située rue du Faubourg-Saint-Honoré à Paris, à deux pas de l'Elysée.

Seul point reconnu par l'un des principaux accusés, Philippe Enriquez, "le leader de l'équipe" selon les enquêteurs, il est bien l'homme filmé par les caméras de surveillance passant devant le magasin Chopard dix minutes avant le braquage. Mais il était à la recherche de la boutique Louboutin pour s'acheter une paire de chaussures en vue d'un mariage où il était invité l'après-midi même, a-t-il assuré, depuis le box des accusés. "Si vraiment vous aviez acheté des chaussures chez Louboutin le jour du braquage, vous n'auriez sans doute pas manqué d'en fournir le justificatif et la facture", insiste l'avocat général. Ni les enquêteurs ni la juge d'instruction ne lui ont demandé, fait valoir l'accusé.

- "Doublette parfaite" -



L'interrogatoire a aussi tourné autour d'une Renault Laguna blanche, repérée via la vidéosurveillance dans le quartier du braquage, en convoi avec deux autres véhicules, "fil rouge" qui avait permis aux enquêteurs de remonter jusqu'au propriétaire d'un garage dans le Val d'Oise, ami de longue date de Philippe Enriquez.

Pour l'accusation, cette voiture est une "doublette parfaite": le garagiste a acheté, sous un faux nom, un autre véhicule de même modèle en janvier 2015 puis a attendu octobre 2015 pour procéder au changement d'immatriculation et de carte grise, là encore sous une fausse identité. Or, lorsque les enquêteurs la retrouvent devant son garage, en janvier 2016, elle porte encore ses anciennes plaques. Ils soupçonnent donc le commerçant d'avoir fourni les nouvelles plaques à l'équipe de braqueurs.

L'accusé affirme lui avoir acheté cette voiture sur commande d'un client qui voulait l'envoyer en Afrique, mais qui lui a finalement fait faux bond. Il n'a toutefois gardé trace ni de l'identité de ce commanditaire, ni de l'achat du véhicule.

"Pourquoi cette immatriculation se retrouve sur une Laguna blanche impliquée dans un braquage ? C'est un concours de circonstances ?", l'interroge la présidente "Je sais pas quoi vous dire. C'est une coïncidence, j'ai rien à voir dans cette histoire", répond-il, avant d'évoquer la possibilité que quelqu'un ait subtilisé la carte grise laissée dans le pare-soleil de la voiture ouverte, à son insu.

Mêmes dénégations du côté de Philippe Enriquez, lorsque la présidente lui fait remarquer: "C'est quand même étonnant: vous passez devant une bijouterie, qui va être victime dix minutes plus tard d'un braquage, (commis) au moyen d'une voiture qui porte une immatriculation demandée par votre ami".

"J'ai aucune explication. C'est le fruit du hasard, oui", affirme l'accusé, en détention préventive depuis cinq ans et demi.


Par Amélie BAUBEAU

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