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25 mars 2021
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Quelles sont les marques de mode engagées contre le travail forcé des Ouïghours ?

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AFP-Relaxnews
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25 mars 2021

Mis à mal depuis l'année dernière, le monde de la mode réagit et prend ses responsabilités pour ne plus cautionner le travail forcé des Ouïghours. Parmi elles, certaines dont H&M, Adidas ou Nike se sont attiré les foudres de la Chine.



S'agit-il d'une nouvelle guerre froide que l'on pourrait qualifier de guerre du coton ? Depuis la publication du rapport de l'ONG Australian Strategic Policy Institute (Aspi) - Uyghurs for sale - accusant de grandes enseignes de s'être approvisionnées auprès d'entreprises utilisant le travail forcé des Ouïghours en mars 2020, c'est tout le milieu de la mode qui est ébranlé. Pour dénoncer les atteintes aux droits de l'homme, le rapport a utilisé la technique du "name and shame" en citant 83 marques ayant utilisé du coton provenant du Xinjiang. Cette province produit 80% du coton de Chine et 20% du coton mondial.

Parmi elles, on retrouve de nombreuses enseignes de mode, dont Abercrombie & Fitch, Adidas, C&A, Calvin Klein, Cerruti 1881, Esprit, Fila, Gap, H&M, Lacoste, Nike, Mark and Spencer, Patagonia, Ralph Lauren, Tommy Hilfiger, Puma, Uniqlo, Victoria's Secret et Zara. Depuis un an, chacune des enseignes de mode citée réagit à sa manière. Certaines ont fait amende honorable. D'autres traînent la patte et tardent à se ranger dans la catégorie des entreprises vertueuses.

H&M, Adidas, Nike et Uniqlo dans la tourmente



Adidas avait d'abord assuré n'avoir aucun lien contractuel direct avec les entreprises impliquées dans le travail forcé des Ouïghours. Avant de s'engager en juin 2020 auprès du député européen Raphaël Glucksmann, à "cesser toute activité avec des fournisseurs et sous-traitants impliqués dans l'exploitation des travailleurs forcés Ouïghours". Le député socialiste avait publié l'intégralité de la lettre de l'équipementier sportif sur Instagram.

Le géant H&M avait admis lors d'une commission parlementaire en Grande-Bretagne des difficultés pour retracer avec précision sa chaîne d'approvisionnement, au vu de sa "complexité". En septembre dernier, la firme avait néanmoins assuré cesser toute relation avec un producteur de fil chinois dénoncé par l'ONG australienne. Début 2020, Nike et Uniqlo avaient suivi le mouvement, et s'étaient engagés à ne pas acheter de coton de la province chinoise incriminée.

La position de ces marques a provoqué les foudres de la Chine. Le géant Alibaba a notamment retiré de la vente les produits H&M de sa plateforme Taobao. Côté Nike, les deux acteurs égéries, Wang Yibo et Tan Songyun, ont décidé de couper les ponts avec la marque à la virgule.

Chaîne d'approvisionnement éthique



D'autres marques rejoignent le boycott petit à petit. Lacoste, contacté par Marianne début mars 2021, avait d'abord assuré qu'"aucun des audits conduits n'a[vait] conclu à l'utilisation de travail forcé dans les usines partenaires". Avant d' "enquêter de manière approfondie (...) sur les détails de ce dossier", puis de cesser toute activité avec des fournisseurs et sous-traitants chinois impliqués dans l'exploitation des travailleurs forcés ouïghours.

Interrogé par France Culture, Raphaël Glucksmann a précisé que Calvin Klein et Tommy Hilfiger (appartenant au groupe PVH) s'étaient engagés de manière proactive "à cesser toute relation" avant le lancement de la campagne publique pour inciter les marques à changer leurs chaînes de production.

Selon Aspi, la marque de vêtements Abercrombie & Fitch ne collabore plus avec les usines de Xinjiang.

En janvier 2021, Mark & Spencer, dont la production avoisine les 40.000 tonnes de coton annuelles, a annoncé, dans un communiqué, ne plus utiliser de coton du Xinjiang. "Cela s'inscrit dans l'objectif de long terme de l'entreprise d'avoir une chaîne d'approvisionnement soutenable et éthique, où les travailleurs sont traités avec équité et leurs droits humains respectés', précise l'AFP. 

Certaines marques ont plus de difficultés que d'autres à remonter leur chaîne de production. Le géant Gap a admis devoir faire en sorte de "mieux comprendre comment sa chaîne d'approvisionnement globale peut être indirectement impactée".

Zara, quant à elle, affirme ne pas avoir de lien avec les Ouïghours et a refusé de répondre à l'appel international de la coalition mondiale contre le travail forcé des Ouïgours lancé le 23 juillet.

La Chine continue d'affirmer que les camps de travail forcé sont en réalité des "centres de formation professionnelle" destinés à fournir un job à une partie précaire de la population. La porte-parole Hua Chunying a affirmé lors d'un point-presse : "Une chose est toutefois certaine : les Chinois n'autoriseront probablement pas des étrangers à profiter des largesses de la Chine tout en la critiquant".
 

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