Safilo plonge en Bourse après l'annonce de l'arrêt de la licence Gucci

Auteur :

Dominique Muret

Publié le
3 sept. 2014

Safilo doit bien regretter aujourd’hui de s’être séparé de Roberto Vedovotto... sans avoir songé à lui faire signer une clause de non-concurrence!

Recruté par François-Henri Pinault en novembre 2013, l’ex-administrateur délégué du groupe de lunetterie italien contrôlé par le fonds néerlandais Hal n’a pas perdu de temps en créant au sein de Kering une entité dédiée à l’eyewear s’accompagnant de l’internalisation progressive de ses licences de lunettes.

La première licence à être touchée est celle de Gucci, que Safilo détenait depuis vingt ans. Le lunetier et Kering ont conclu un accord pour mettre fin à cette licence avec deux ans d’avance (elle se conclura au 31 décembre 2016) moyennant une compensation de 90 millions d’euros pour Safilo de la part de Kering payable entre 2014 et 2018.

Le groupe italien a eu beau rassurer les marchés en mettant l’accent sur "l’accord de partenariat stratégique de production jusqu’en 2020" signé avec Kering pour le développement et la production des collections de lunettes Gucci qui devrait lui apporter 75 à 100 millions d'euros par an, le titre a plongé aussi sec en Bourse.

Gucci représente, en effet, l’une des principales sources de revenus pour Safilo. Plus de 20 % du chiffre d’affaires total, soit près de 250 millions d’euros, selon les analystes financiers. Toute la journée de ce mercredi 3 septembre, le titre a dévissé à la Bourse de Milan, en allant jusqu’à perdre 30 % au cours de la séance, après avoir été suspendu une partie de la matinée pour excès de baisse.

Le marché s’est montré d’autant plus inquiet que Safilo détient dans son portefeuille de licences d’autres marques du groupe Kering telles Saint Laurent, Bottega Veneta, Alexander McQueen et McQ. Du coup plusieurs analystes ont révisé à la baisse leurs estimations.

"Safilo perd sa principale licence. Par ailleurs, après avoir perdu il y a deux ans la licence de Giorgio Armani, sa distribution devient moins intéressante désormais pour de potentiels clients", conclut un analyste.