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22 nov. 2021
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Snowleader change de dimension avec un nouveau siège et un entrepôt XXL

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22 nov. 2021

Les équipes de Snowleader avaient coché en rouge la date du 18 novembre dans leur agenda. Ce jour-là, les salariés du siège de la plateforme française spécialiste de la vente en ligne de produits pour la pratique des sports outdoor ont emménagé dans leurs nouveaux locaux. La société, fondée il y a treize ans par Thomas Rouault dans son garage du Grand Bornand, en Haute-Savoie, et qui a la particularité de glisser un reblochon en cadeau dans ses livraisons à ses clients, propose les collections textiles, chaussures et accessoires de la très grande majorité des marques de montagne, mais aussi une très large offre de matériel, qui pèse pour 62% de ses ventes, allant du ski de piste à la randonnée en passant par le trail, l’alpinisme ou le ski de randonnée.


Thomas Rouault dans l'entrepôt logistique de Snowleader au Versoud - C. Hudry


Elle vient d’investir un bâtiment de 3.000 mètres carrés à Epagny Metz-Tessy, toujours à proximité d’Annecy, fief français de l’outdoor, spécialement construit pour ses opérations. En son sein, les salariés disposent de trois niveaux de locaux, reliés notamment par un toboggan, et également d’un mur d’escalade, d’une salle de sport et d’une crèche.

Un nouveau confort de travail pour les équipes du siège qui sanctionne des années de croissances à deux chiffres de ses ventes avec un chiffre d’affaires de l’ordre de 45 millions d’euros l’an passé (pour son exercice décalé conclus en mars) et qui pourrait se situer entre 50 et 55 millions pour l’exercice en cours.

"Sur le premier semestre, nous sommes plutôt sur des résultats orientés vers le haut de cette perspective, souligne Thomas Rouault. Et le démarrage pour la période d’hiver est encourageant, avec de belles ventes réalisées lors du week-end de la Toussaint. Mais cela dépendra forcément du contexte d’ouverture des domaines skiables cet hiver et du type de contraintes sanitaires qui seront en place."


90 personnes travaillent sur le site et, pour la période de fin d'année, l'effectif devrait monter à 120 personnes - C.Hudry


Pour l’heure, Snowleader, qui fait à présent figure d’acteur fort du secteur au même titre qu’un acteur historique de la distribution physique comme le Vieux Campeur, conserve ses ambitions d’atteindre un chiffre d’affaires de 100 millions d’euros en 2025. Ce nouveau siège ainsi qu’un nouvel entrepôt logistique, pour lesquels la société a débloqué une enveloppe d’investissement de 25 millions d’euros, constituent le terreau des projets de croissance de la société pour les prochaines années.

L’entrepreneur Thomas Rouault, qui est majoritaire et a réalisé une levée de fonds de 10 millions d’euros en janvier 2020, précise que, s’il attend une réponse de la région pour une aide potentielle, son développement se fait actuellement sur fonds propres et avec ses partenaires bancaires.
 
Si le siège dispose des atouts et services pour attirer de nouveaux talents, le site logistique situé au Versoud, à proximité de Grenoble, symbolise les ambitions de la société. Le bâtiment de 25.000 mètres carrés, sur un terrain de 70.000 mètres carrés auparavant occupé par une entreprise spécialisée dans le matériel de chantier, permet à l’entreprise de disposer de quatre fois plus de capacité de stockage qu’auparavant.

"Nous avons pris volontairement trop grand par rapport à notre activité pour pouvoir grandir. Actuellement nous occupons la moitié des cellules, et il y a encore la possibilité de créer une nouvelle cellule de 7.000 mètres carrés. Nous avons plus de place mais aussi une capacité d’accueil plus importante et une véritable aire de trafic et d’attente pour les poids lourds. Aujourd’hui nous avons en moyenne une vingtaine de poids lourds entrants et six poids lourds sortants." Le lieu comporte ainsi douze quais pour faire face à l’augmentation prévisible du trafic, ainsi qu’un sas et un espace d’accueil des chauffeurs.

Une automatisation de l'entrepôt logistique


 
Mais c’est surtout le choix de la robotisation du lieu qui doit constituer un atout pour le distributeur. Snowleader a mobilisé pour 10 millions d’euros de dépenses d’investissement (Capex) dans ce volet. Et cela se voit dès l’entrée de l’entrepôt avec, installée sur 600 mètres carrés et atteignant quelque 10 mètres de haut, une immense boîte. En réalité, il s’agit d’un système de stockage des produits qui sont placés dans des boîtes empilées par colonnes de quatorze. Nommé Autostore, ce système est automatisé.


Les produits proposés par Snowleader sont rangés dans l'Autostore selon leur fréquence de commandes. Les moins demandés sont à la base, les plus achetés en haut. - FNW



"C’est une technologie qui a été créée il y a près de quinze ans par la société norvégienne Atalante, explique Alain Bussod, président de Dematic, qui implémente celle-ci en France. Mais nous voyons qu’avec la pandémie et l’explosion de l’e-commerce, les entreprises ont pris conscience de l’importance de la logistique. Auparavant, les opérateurs se déplaçaient dans l’entrepôt pour trouver les références produits. Ici, c’est une technologie 'Goods to person'. Vous avez seize robots qui naviguent en haut de l’Autostore et, selon les commandes, vont sélectionner et sortir la boîte pour le préparateur de commandes, qui lui est concentré sur la préparation sur l’un des deux postes de préparation. Le concept est adaptable selon les besoins. Decathlon l’a par exemple installé dans un magasin avec 800 bacs et le plus grand au monde contient 435.000 bacs et 250 robots. Chez Snowleader, il y a 20.000 bacs."



Les équipes de l’entreprise française réalisent actuellement le stockage qui doit à terme intégrer l’ensemble de ses produits… pouvant rentrer dans les casiers. Ceux-ci faisant 60 cm de long, 40 cm de large et 40 cm de hauteur, pas question d’y glisser des bâtons de randonnée ou des skis. Ces derniers sont traités à part, et Snowleader a d’ailleurs doublé la taille de son service de préparation des skis, qui lui permet d’attirer les férus de poudreuse et de renforcer son identité de spécialiste.


Avec douze postes pour la préparation des skis, Snowleader à doubler les postes de travail sur ce service - FNW



Mais hormis ce matériel, les équipiers qui préparent les commandes travaillent déjà sur la machine qui a été installée en octobre. Toutes les sept secondes, la machine leur apporte un produit… Ce qui signifie qu’entre 330 et 350 produits sont à récolter chaque heure. Un rythme qui impose que les équipiers évoluant sur le système soient formés et prêts à suivre ce rythme.

Dans le même temps, l’équipe logistique a installé une nouvelle chaîne d’emballage qui lui permet d’optimiser l’utilisation du carton et de réduire le garnissage, tout en triant de manière automatisée la destination d’un colis selon son transporteur. Cette chaîne, qui peut traiter 500 colis par heure, remplacerait 36 postes de préparateurs de commandes.

Quel impact cette implantation a-t-elle eu? "Le premier impact est que nous réduisons notre emprise au sol, explique Thomas Rouault. Sur 600 mètres carrés, nous stockons ce que nous aurions stocké sur 5.000. C’est aussi un saut technologique pour nous. On vient de digérer en quatre mois le déménagement et l’implémentation de cette technologie sans interruption du service, sans avoir des notes de qualité de service qui s’effondrent. Mettre en route la robotisation est aussi très consistant. Donc pour l’heure nous maintenons notre engagement de livrer le lendemain une commande passée avant 14h. Mais l’objectif est de repousser cet horaire. Et pourquoi pas pouvoir atteindre les 18h. Avec l’équipement que nous avons actuellement, nous estimons que nous pouvons atteindre les 70 millions d’euros. Ensuite nous avons une option pour doubler la taille de l’Autostore."

Surfer sur le boom de la vente en ligne


 
Pour atteindre son objectif de 100 millions d’euros de chiffre d’affaires, Snowleader entend bénéficier de la montée en puissance de l'e-commerce dans les habitudes de consommation, avec, selon Kantar, déjà plus de 14% des consommateurs qui achètent en ligne, et des perspectives florissantes pour le secteur. C’est pour cette raison que la société a planifié la refonte de son site avec un nouveau système de gestion de contenu qui va lui permettre d’optimiser les recherches des internautes et les services à ses clients.


Les robots circulent collectent les caisses depuis le sommet de la structure - Snowleader



Ensuite, s’il est déjà puissant sur le matériel et le textile pour les sports d’hiver, il renforce sa proposition dans le matériel outdoor, comme les accessoires pour le VTT ou le canyoning, et avance sur de nouvelles catégories de produits. "Nous n’irons pas sur le matériel dans le cycle, des spécialistes sont déjà très présents, estime Thomas Rouault. En revanche, nous renforçons notre proposition sur le city, qui pèse déjà entre 10% et 15% de nos ventes. Pour la saison 2022, nous développons les solutions pour les personnes qui se déplacent à vélo en ville, entre leur domicile et leur bureau. Sur la catégorie city, on retrouve les propositions lifestyle de marques qui ont un lien avec l’outdoor, comme par exemple K-Way."

Enfin, Thomas Rouault, qui a pour l’heure mis entre parenthèses les ouvertures de magasins, ne cache pas sa volonté d’expansion européenne. Avec une présence en Grande-Bretagne, Suisse, Allemagne, Belgique, Luxembourg, Espagne et Italie, Snowleader réalise déjà 52% de ses ventes hors de France.

Et la plateforme prévoit d’entrer au Pays-Bas, en Scandinavie et en Pologne. Une nécessité également car la concurrence est rude au niveau européen et une concentration du marché pourrait se profiler dans les prochains mois. Un risque pour Snowleader? "Je ne vois pas pourquoi, avance Thomas Rouault. Nous sommes une société en croissance depuis nos débuts, nous affichons une rentabilité de 5% d’Ebitda. Nous ne sommes pas forcément la cible. Nous pouvons nous aussi potentiellement reprendre un acteur pour accélérer sur un projet ou un marché." Avec ses nouveaux atouts logistiques, la société française semble en effet armée pour se lancer dans une croissance externe.
 
 
 

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