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Tiffany & Co., la très bonne affaire de LVMH

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4 févr. 2022

Un an à peine après avoir été rachetée par le n°1 du luxe, Tiffany & Co se révèle stratégique pour LVMH. Comme l’a rappelé d’entrée de jeu le PDG Bernard Arnault, à l’occasion de la présentation des résultats annuels, "l’événement de l’année, c’était l’intégration de Tiffany". Acquis fin 2020, l’emblématique joaillier américain, consolidé pour la première fois dans les comptes du groupe en 2021, a terminé une année record, permettant à la division montres & joaillerie, de multiplier par 2,7 ses ventes, passées de 3,35 milliards d’euros en 2020 à 8,96 milliards un an plus tard.


Le célèbre diamant porté par Beyoncé dans la campagne 'About love' - Tiffany & Co.



Alors que cette division arrivait en queue de peloton derrière les pôles modes & maroquinerie, distribution sélective, parfums & cosmétiques et vins & spiritueux, elle se hisse désormais en troisième position. Elle a enregistré en 2021 une croissance organique de 40% (+7% par rapport au niveau pré-pandémie 2019), tandis que son résultat opérationnel courant a explosé de plus de 200% (+128% par rapport à 2019), à 1,6 milliard grâce à l’apport de Tiffany & Co., qui ne figurait pas dans le périmètre en 2020.

La maison de joaillerie a réalisé une année record avec une forte croissance, et alors que "le flagship de New York sur la 5e avenue, son premier point de vente au monde qui réalisait plusieurs centaines de millions de chiffre d’affaires, était fermé toute l’année pour cause de travaux. Elle a dépassé largement ses records absolus à la fois en chiffre d’affaires et profitabilité", a souligné Bernard Arnault,

A ce titre, le directeur financier Jean-Jacques Guiony a indiqué au cours de la conférence dédiée aux résultats annuels que la griffe avait "gagné plus de 900 millions de dollars (796 millions d’euros) en résultat opérationnel l’année dernière. C’était habituellement le niveau de l’Ebitda que publiait Tiffany. Là, c’est l’Ebit, donc c’est quand même une véritable performance". L’apport du joaillier a ainsi permis à LVMH de doubler son résultat opérationnel courant, qui a atteint 17,15 milliards d’euros en 2021 (+107% par rapport à 2020, +49% par rapport à 2019).

Au-delà des produits, "qui font le succès de Tiffany", Bernard Arnault voit plusieurs raisons à cette réussite. La première s’explique par le changement de management à la tête du joailler, dès son acquisition, avec à sa tête deux hommes forts issus de chez Louis Vuitton: Michael Burke (ex-PDG de la griffe) nommé président non exécutif du conseil d'administration de Tiffany et, dans le rôle de PDG, Anthony Ledru, jusque-là directeur général adjoint en charge des activités commerciales mondiales de la marque phare du groupe. Le patron de LVMH a par ailleurs confié à son fils, Alexandre Arnault, précédemment à la tête du label de valises Rimowa, le poste de directeur exécutif produits et communication.


Le groupe a bénéficié d'un cash flow exceptionnel en 2021 - LVMH


"Ce sont des équipes que nous connaissons bien, qui ont l’expérience à la fois de ces métiers et du groupe, que l’on a réussi à implanter dès notre arrivée. Une équipe dynamique de professionnels, qui a le sens du produit, de la communication et de la distribution", expose le PDG, tout en reconnaissant que le rachat a été réalisé à un moment favorable pour LVMH, puisque le joaillier n’était pas au mieux de sa forme. "Pendant une période où le luxe s’était développé très fortement de manière un peu générale, dans les années qui se sont terminées à fin 2019, Tiffany avait stagné. Pendant près de cinq ans, le chiffre d’affaires était resté plat ainsi que le bénéfice", glisse-t-il.

Autre élément clé, la communication en totale rupture avec ce que pratiquait l’entreprise auparavant, avec un fort accent mis sur les réseaux sociaux et les célébrités. La campagne institutionnelle "About love", construite autour des personnages de la chanteuse et star mondiale Beyoncé et de son mari Jay Z, "a fait le tour de la planète et attiré énormément de jeunes", s’est réjoui Bernard Arnault.

Le géant français du luxe s’était emparé du joaillier pour un peu moins de 16 milliards de dollars (13,4 milliards d’euros). Cette somme, au bout d’un an, a quasiment été remboursée par la société grâce à des ressources exceptionnelles avec un flux de trésorerie de 13,5 milliards (le précédent record s’élevait à 6,2 milliards en 2019). "En 2021, on a investi 13,3 milliards d’euros, essentiellement dans l’acquisition de Tiffany. Nous avons eu un cash-flow disponible de 13,5 milliards. Si je poussais le raisonnement, je vous dirais qu’en un an nous avons remboursé notre acquisition de Tiffany. Ce n’est pas tout à fait vrai car il y a eu d’autres emplois, mais c’est quand même assez parlant", a expliqué le directeur financier.

"Tout le monde nous a dit que nous avions payé cher. Mais en fait, je crois qu’au fond nous n’avons pas payé très cher. C’est peut-être pour ça que M. Guiony a réussi à rembourser tout ça rapidement. Compte-tenu des résultats que nous avons obtenus. Je pense qu’aujourd’hui, si elle était toujours cotée, Tiffany vaudrait le double", a lâché, tout sourires, Bernard Arnault, en admettant qu’il "exagérait sans doute". "Nous avons fait pour le groupe une excellente acquisition", a-t-il conclu.

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