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12 avr. 2022
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Ukraine/Russie: les enseignes parlent des impacts directs et indirects sur l'activité

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12 avr. 2022

La guerre en Ukraine a un impact sur l'approvisionnement de 15,4% des enseignes d'habillement-chaussures. Des enseignes qui sont respectivement 15,4% et 9,6% à compter des points de vente en Russie et Ukraine, selon une enquête menée par l'Institut Français de la Mode auprès d'une centaine de chaines spécialisées. Enquête qui porte également sur l'impact coûts de transport et d'énergie, stratégies de sourcing, ou fréquentation des points de vente. Et ceci à l'heure où Bercy déploie un "PGE Ukraine" pour les entreprises touchées.


Un magasin Zara fermé à Moscou Metropolis le 7 mars 2022 - Shutterstock


Cette enquête apporte un éclairage sur l'impact du conflit sur les ventes des enseignes dans ces deux pays. Chez les enseignes présentes en Russie, 62,5% ont fermé leurs points de vente locaux. Parmi les enseignes présentes dans le pays, 42,9% indiquent que la Russie représente de 1 à 5% de leur chiffre d'affaires global, et moins de 1% pour 28,6% des répondants. Le pays pèse cependant de 10 % à 25% des revenus pour 14,3% des enseignes et plus de 25% pour 14,3% d'entre elles.

Côté Ukraine, 80% des répondants ont fermé leurs points de vente locaux. Dans un pays qui, pour 50% des enseignes présentes, pèse moins de 1% de l'activité. Pour 25% des répondants, l'Ukraine pèse de 1 à 5% du total, tandis que 25% indiquent que le marché représente de 10% à 25% de leurs ventes. Pour 59,6% des enseignes consultées, aucun approvisionnement ne vient d'Ukraine. Pour les autres, 15,4% indiquent que leur sourcing a été impacté par la situation, contre 25% ne faisant pas état de conséquence sur les commandes.

Reste que la guerre a des conséquences économiques collatérales, comme la perturbation du fret aérien venant d'Asie. Pour 48,1% des enseignes, ces perturbations ont un impact sur le sourcing. Sur l'ensemble des répondants, 42% souhaitent faire évoluer l'origine de leur approvisionnement, dont 20% à moyen et court terme. Auxquels s'ajoutent 4% y travaillant sur le long terme, et 8% étant encore au stade du projet.

"La guerre ne vient-là que renforcer un mouvement qui était déjà sensible, précédemment", nous indique Gildas Minvielle, directeur de l'Observatoire économique de l'IFM. "Les enseignes se penchaient sur la question pour des raisons d'écologie, et limiter les couts de transport. Le conflit vient renforcer ce contexte où la proximité prend une place grandissante dans les stratégies".


IFM



Les effets de la guerre viennent renforcer les coûts de l'énergie et des matières. Déjà 53,8% des enseignes indiquent avoir répercuté ces hausses sur les prix de vente, avec des hausses de 7% en moyenne selon l'IFM, qui évoque des pics à +15%. Un impact sur le pouvoir d'achat qui a un effet sur la fréquentation des points de ventes, où 84,6% des répondants voient des baisses de fréquentation (28,8% parlant de baisse considérable). Et si 55,8% parlent de stabilité du panier moyen, 25% constatent une baisse.

"Même s'il est difficile à évaluer, la guerre procure un certain sentiment peu propice aux achats et à la consommation", pour Gildas Minvielle, qui rappelle en outre l'impact traditionnellement négatif des campagnes présidentielles sur les dépenses. Le spécialiste relève de fait que le scénario le plus optimiste de l'IFM pour 2022, qui prévoyait un retour aux niveaux de vente de 2019, sera difficile à tenir. "Avec ce début d'année fragile, c'est fortement compromis", pour le spécialiste.

Un "PGE Resilience" spécial Ukraine



Le 7 avril, Bercy a apporté des détails sur le "PGE Resilience" destiné aux entreprises touchées par le conflit en Ukraine. Celui-ci est un complément du PGE (prêt garanti par l'Etat) instauré durant la crise sanitaire, permettant de s’endetter jusqu’à 25% du chiffre d’affaires, et disponible jusqu’au 30 juin prochain. Ce complément lié à l'Ukraine permettra aux entreprises de solliciter un PGE couvrant jusqu’à 15% de leur chiffre d’affaires annuel moyen au cours des trois dernières années, pour faire face à leurs éventuelles difficultés de trésorerie.


IFM



"Pour obtenir un PGE Résilience, les entreprises devront certifier auprès de leur banque, sur une base déclarative, que leur trésorerie est pénalisée, de manière directe ou indirecte, par les conséquences économiques du conflit en Ukraine", explique Bercy. Qui souligne que la distribution de ce PGE spécifique ne prévoit pas de critère d’éligibilité fondée sur la forme juridique, la taille ou le secteur d’activité de l'entreprise. Chaque demande sera examinée au cas par cas en fonction de la situation financière de l’entreprise et de son besoin de financement, indique le ministère.
 
 

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