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20 déc. 2006
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Un musée de la soie va voir le jour à Tours

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20 déc. 2006

Capitale historique de la soie avec Lyon, Tours envisage d’ouvrir un musée de France entièrement dédié à la précieuse étoffe qu’est la soie. Le projet initié depuis plusieurs années déjà a été réaffirmé et développé par Antoinette Roze, dirigeante des soieries Jean Roze et présidente de l’association Tours Cité de la Soie, et Françoise Magny, conservatrice en chef du Patrimoine, lors du quatrième colloque de la soie qui s’est tenu à Tours le 24 novembre dernier.


Manufacture Le Manach

Toute la journée, les intervenants se sont succédés pour lever le voile sur les couleurs en soierie. C’est en présence de Hubert de Givenchy et d’un représentant de Renaud Donnedieu de Vabres, député de la première circonscription d'Indre-et-Loire et ministre de la culture et de la communication, que la création d’un musée de la soie a été exposée.

« Pour conserver le patrimoine tout en le rendant vivant, il faut faire savoir les savoir-faire », affirme haut et fort Antoinette Roze. C’est une « chance de pérennisation d’une économie tricentenaire » ajoute-t-elle.

D’ailleurs, il a été souligné de nombreuses fois lors du colloque la préséance historique de l’industrie tourangelle de la soie sur celle de Lyon. Au XIVe siècle, la soierie était la première ressource de la province et la fabrique de draps d’or, d’argent et de soies installée à Tours dès 1480 faisait vivre 45 % de la population après un siècle d’existence. C’est sous le règne de François Ier que naît la concurrence lyonnaise.

Fort de ce passé de prestige, Tours pense à un musée de la soie depuis près d'un siècle déjà. L’acte fondateur de ce lieu d'exposition ? Ernest Demonté, ancien directeur de la manufacture actuelle Le Manach, a fait don de nombreuses créations au début du XXe siècle. D’autres dons de Jean Roze ont afflué en 1972. Mais il faut attendre 2005 pour que l’idée de créer un musée de France germe dans les esprits de tous.


Soieries de la manufacture Le Manach

C’est la manufacture Le Manach qui devrait accueillir le musée au sein de ses trois ateliers. Livres d’échantillons du XVIIIe siècle, dépôts des statuts de la soierie, modèles mis en cartes… Un fond complet, qui va permettre de remettre la soierie en histoire, complété par des archives des manufactures, locales et nationales. Ses 4 000 mises en carte, ses esquisses, ses machines vont être mises à disposition du grand public. On y trouvera également les dons des trois manufactures tourangelles ainsi que de la passementerie et le fond du Musée des arts et métiers.

Chronologie, réalités économique et anthropologique, connaissances techniques et stylistiques… Sa scénographie va permettre « d’appréhender la soierie dans tout son déroulement », selon Françoise Magny. « Elle doit donner vie à l’étoffe, faire revivre l’histoire de la soie ». Une place particulière sera faite au camp du drap d’or. On commencera dans ce musée par montrer des soieries et des armures avant de rentrer dans la technique. L’élevage du ver à soie et la réalisation du fil de soie seront ensuite expliqués. Une chronologie justifiée par le fait que la soie à Tours a d’abord été importée avant d’être élevée.

S’y dérouleront aussi des ateliers familiaux où un métier du XVe siècle en état de marche doit être reconstitué. Loin d’être passéiste, le musée devrait mettre à disposition du public un centre de recherche, de création et de formation. La visite s’achèverait sur une salle d’actualité.

En cours de montage, le projet de musée de la soierie à Tours se concrétise avec le soutien du ministère de la Culture, les instances régionales et départementales, l’association Tours Cité de la Soie, les associations touristiques et Hubert de Givenchy qui a clôturé le colloque en déclarant : « Comment va continuer la richesse de ces tissus si on ne les montre pas ? C’est la deuxième fois que je visite Le Manach. Son potentiel est formidable. Il faut trouver les moyens de financer (le projet). Je vais suivre comme un scout. Avant, j’allais à Lyon, maintenant, je suis à Tours ».

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