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Un petit créateur de parfums de luxe breton à la conquête du monde

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19 janv. 2007

DINARD (Ille-et-Vilaine), 19 jan 2007 (AFP) - "Ma vie, je la passe à sentir du parfum". Et pourtant Yvon Mouchel n'est pas un "nez", mais un créateur de parfum passionné, installé loin des capitales du luxe dans la station balnéaire de Dinard d'où il vend ses fragrances à des femmes du monde entier.


Yves Mouchel

Tout commence en 1986, lorsque cet ancien cadre marketing de L'Oréal décide de changer de vie et de revenir en Bretagne, dont il est originaire, pour y acheter une petite parfumerie à Dinard.

C'est dans un avion qu'il a le déclic : "J'étais assis à côté d'une femme qui portait L'heure Bleue de Guerlain. J'ai eu un choc, j'ai compris ce parfum et réalisé que j'avais un désir: en créer", raconte-t-il dans son élégant bureau surplombant sa petite boutique de Dinard.

Il met alors en devanture sa première création, "Divine", qui est aussi le nom de sa marque, dans son échoppe de Dinard. Puis dans sa nouvelle parfumerie de Saint-Malo. "Les femmes ont adoré", explique-t-il, car "elles en ont assez de porter le même parfum que tout le monde".

Le bouche à oreille a fait le reste.

Six parfums sont nés en vingt ans, quatre pour femmes et deux pour hommes. Tous ont été élaborés avec l'aide de "nez qui comptent parmi les meilleurs du monde, des magiciens de la composition", comme Richard Ibanez ou le breton Yann Vasnier qui travaille aujourd'hui pour la multinationale Qwest.

Pour créer un nouveau parfum, le patron de Divine travaille par courriers interposés. Ses "nez" lui envoient des fioles d'échantillons qu'il respire, commente par courrier électronique, sélectionne et entasse dans les tiroirs de son bureau au fil des mois.


Yvon Mouchel, créateur de parfum, teste ses derniers échantillons dans son atelier de Dinard, le 17 janvier 2007 - Photo : André Durand/AFP

"Et après des milliers d'essais, un matin, je saute au plafond. Je sais qu'il est prêt", s'enthousiasme-t-il. Il fait ensuite fabriquer le parfum à Grasse, à Paris ou à Londres, selon les composants.

Sans aucune publicité, Yvon Mouchel a d'abord vendu ses créations par correspondance, puis a lancé en 1997 son site de vente par internet. "L'âme soeur", "L'infante" ou encore "L'homme sage" sont aussi distribués dans quelques enseignes prestigieuses comme le Liberty à Londres, Takashimaya à New-York et, depuis peu, au Bon Marché à Paris.

En l'incluant dans la cour des grands, quelques blogs élogieux d'experts de la parfumerie ont récemment parfait sa notoriété.

Yvon Mouchel reconnaît que son modèle économique est des plus iconoclastes. "On est petit, mais cela cartonne en ce moment", se réjouit-il, lui qui écoule 10 000 flacons par an et compte 22 000 clientes fidèles, parmi lesquelles des personnalités connues dont il préserve l'anonymat.

Une quinzaine de créateurs indépendants de parfum existent en France, un mouvement lancé dans les années 80.

Nostalgique des parfumeurs du début du XXe siècle, M. Mouchel regrette que le monde du parfum, propriété des groupes financiers ou des couturiers, ait "perdu son âme", à grand renfort de publicités ou d'efforts sur le design des flacons en oubliant l'essentiel: "le jus".

Par Déborah CLAUDE

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