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18 janv. 2013
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Une journée de mannequin, ou la loterie des castings

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AFP
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18 janv. 2013

PARIS, 18 jan 2013 (AFP) - 9H30, bd Saint-Martin mi-janvier à Paris. Les défilés Haute Couture vont bientôt commencer. Installée sur le canapé d'un appartement qu'elle partage avec cinq Lituaniennes, Ioana Timoce, 19 ans, secoue sa longue chevelure châtain et avale une gorgée d'eau. Dans quelques minutes, elle a rendez-vous avec son agent.

Photo AFP.


Avec Sylvain Puij, directeur de "H Model Management" près du Louvre, la jeune mannequin roumaine va découvrir son programme de castings du jour, précieux sésames à l'issue desquels elle décrochera peut-être le gros lot: un défilé pour un grand couturier ou une série de photos pour un magazine.

Dehors l'air est glacial, le ciel bleu. Accompagnée de ses jeunes acolytes de 16 ans qui découvrent avec de grands yeux la capitale de la mode, Ioana marche à longues enjambées. A l'aube, elle a avalé "des céréales, un yaourt et une orange, de la vitamine A pour la peau ". Elle mangera quand elle aura fini, "de tout mais pas trop de sucre, ni de pain". Entre temps, "pommes, jus, café" feront l'affaire.

Longiligne dans sa combinaison-short, son léger manteau et ses bottes de cuir noir, elle attire les regards. Plan de Paris en main elle s'engouffre dans le métro. Il y a quelques heures encore, elle était à Cluj-Napoca en Roumanie, son pays natal où vivent ses parents, juriste et libraire, sa soeur et son petit ami, et où elle étudie les relations publiques à l'université parallèlement à son métier de mannequin.

"Je me souviens de mes débuts, il y a trois ans. J'avais peur, je me mordais les lèvres. Depuis j'ai acquis de l'expérience, beaucoup voyagé, travaillé au Japon, en Europe, en Chine. Aujourd'hui j'ai confiance en moi", explique-t-elle en anglais, dans un sourire qui illumine son pâle visage et ses yeux saphir.

Cotisations sans contrepartie

Tokyo, Shenzhen, Séoul, Milan, Berlin... Avec son 1,77 m et ses mensurations - 83 (poitrine), 60 (taille), 88 (hanches) - Ioana a séduit nombre de professionnels, défilant notamment pour Chanel, Vivienne Westwood, Roberto Cavalli. Mais pour en arriver là "il faut travailler dur", explique Giani Portmann, chercheuse de talents depuis plus de 20 ans et "deuxième maman" de la jeune femme, découverte lors d'un concours de beauté à Bucarest, en 2008.

Car contrairement à quelques "top models" hébergés dans des palaces et qui ne se déplacent pas à moins de plusieurs milliers d'euros la journée, Ioana comme la très grande majorité de ses consœurs ne sait pas à l'avance si elle décrochera un contrat: quelques centaines d'euros pour un "shooting" (photos) ou "des milliers" pour une campagne publicitaire. Il se peut qu'elle rentre bredouille et doive rembourser son agence des frais avancés.

"Elle devra de toute façon lui reverser 20% de ses gains, payer des impôts à l'Etat français et cotiser, sans pour autant bénéficier du régime social", déplore Giani Portmann.

"H Model Management" est une des 50 agences parisiennes. Ce matin on dirait une ruche, remplie de créatures filiformes dont les "composites" (cartes de visite avec photos et mensurations) sont affichés aux murs. Installés derrière des ordinateurs, une dizaine de "bookers" (agents artistiques) briefent les filles. Ioana a trois castings dont un rendez-vous avec "La" photographe de mode Ellen von Unwerth, qui officie notamment pour Vogue.

Le marathon commence: studio EVU dans le 15e arrondissement, atelier de Gustavo Lins dans le Marais, grand magazine de mode près de la Bourse. Des heures de trajet en métro et d'attente parfois pour une entrevue de quelques minutes à peine. Mais Ioana est "contente": Ellen von Unwerth l'a photographiée et elle a essayé une robe du créateur brésilien qui l'a pourtant trouvée "trop petite" et "trop brune".

"Restons lucides. Tout le monde ne peut pas m'aimer. Moi je m'accepte comme je suis et je crois en moi", commente la jeune femme, qui rêve de dessiner un jour sa "propre collection de vêtements". Par Sandra LACUT

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