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Utip, plateforme de dons aux influenceurs, fait naufrage

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5 avr. 2023

La plateforme française uTip, permettant aux influenceurs et créateurs de contenus d'être rémunérés par des dons de leurs abonnés, a fermé ses portes mardi 3 avril. La plateforme indique avoir été bloquée par son prestataire de paiement Mangopay. Alors que Bercy entend encadrer la dépendance des influenceurs aux marques, cet arrêt surprise pose la question de leur dépendance aux plateformes de revenus elles-mêmes.


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"La plateforme cessera son activité le 4 avril car notre prestataire de paiement MangoPay a décidé de mettre fin à notre contrat. Aucun don ni achat ne sera possible après cette date", publiait lundi 3 avril sur Twitter l’entreprise, qui précise être en liquidation judiciaire depuis le 23 mars.

Selon uTip, les créateurs de contenus peuvent encore retirer leurs fonds et leur liste d'abonnés pendant quelques jours, afin de migrer vers une plateforme concurrente. "Les utilisateurs qui ont des fonds dans leur portefeuille sur la plateforme uTip pourront les transférer sur leur compte bancaire. (...) La fin de notre relation avec uTip n'aura pas d'impact sur nos obligations envers les utilisateurs", a confirmé Romain Mazeries, dirigeant de Mangopay, dans une déclaration à l'AFP.

Contenus pour adultes et "erreur de modération"



Mangopay, une ancienne filiale de Crédit Mutuel Arkéa rachetée l'année dernière par le fonds américain Advent International, avait clos il y a plusieurs mois le compte de uTip après avoir détecté des paiements utilisés pour financer du contenu pour adultes.

Selon le cofondateur de uTip Stanislas Mako, interrogé par l'AFP, il s'agissait d'une "erreur de modération" car l'activité des travailleurs et travailleuses du sexe est interdite sur la plateforme.

Celui-ci regrette toutefois que Mangopay n'ait pas prévu des conditions de transfert des abonnements permettant une poursuite de l'activité de uTip, une entreprise déjà "en situation financière fragile".

Dépendance des créateurs aux plateformes tierces



Lancée en 2017, uTip revendiquait dernièrement plus de 10.000 créateurs actifs et un volume d'affaires (l'argent ayant transité par son service) supérieur à 2 millions d'euros. Des fonds correspondants à des dons ou achats de merchandising destinés à financer créateurs de contenus en ligne et influenceurs.

Des acteurs du web qui trouvaient par ailleurs avec cette plateforme un outil pour fédérer leur communauté. Les dons pouvaient en effet être ponctuels ou réguliers, ou éventuellement ouvrir l’accès à des contenus exclusifs.

Utip venait par ailleurs compléter les revenus générés par les créateurs de contenus sur des plateformes comme YouTube (Google) ou Twitch (Amazon). Plateformes dont les révisions à la baisse des rémunérations, et des règles toujours restrictives, font régulièrement polémique dans le milieu de l’influence marketing. Posant la question de la dépendance totale de ces derniers face à des plateformes de plus en plus promptes à “démonétiser” (ne plus rémunérer) certains contenus.

Une question d’autant plus épineuse à l’heure où l’exécutif et le législateur travaillent sur un cadre légal pour les influenceurs. Cadre portant en particulier sur les interactions entre influenceurs et des annonceurs devenus leur source privilégiée de revenus. Lien posant la question de la transparence éditoriale de certains contenus, et des produits à exclure des collaborations possibles.

Alors qu’il proposait au départ de financer du contenu en regardant des publicités, uTip avait su se faire un nom face à son rival français Tipeee ou le service américain de mécénat Patreon. Des plateformes vers lesquels nombre d’influenceurs ont annoncé en catastrophe leur migration depuis lundi.

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