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Marguerite Capelle
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28 févr. 2023
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Weinsanto inaugure la Fashion Week parisienne

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Marguerite Capelle
Publié le
28 févr. 2023

"Ecartez-vous", criait l’avant-dernière top du défilé Weinsanto. Et les spectateurs de se renfoncer dans leur siège avec obéissance tandis qu’elle les doublait, affublée d’épaulettes monumentales : un point d’orgue pour le défilé d’ouverture de la Fashion Week de Paris.
 

Weinsanto -Automne-Hiver 2023 - 2024 - Prêt-à-porter féminin - France - Paris - © ImaxTree


Son boléro en velours matelassé affichait au moins deux mètres d’envergure, avec un décolleté de la taille d’une bouche d’égout parisienne. Ses manches frôlaient les visages des invités assis au premier rang, tandis que sa traîne s’étendait sur trois mètres.

S’il est possible de résumer l’incroyable sens de l’humour et la fantaisie qui définissent Victor Weinsanto, c’est bien ce talent pour susciter le choc, rien qu’avec des proportions proprement surréalistes et loufoques.

Venu du monde de la danse classique, Weinsanto a fait ouvrir son défilé par une danseuse professionnelle, qui exécutait des pirouettes, vêtue d’un merveilleux justaucorps largement transparent – presque comme des algues pointillistes, mais fait de chaînes, de perles de rocailles, d’éclats de plastique et de gerbes métalliques.

La danseuse tourbillonnait en descendant un petit escalier, à l’intérieur du centre culturel Comme des Garçons, dans le Marais. Elle était suivie d’une grande prêtresse du camp, en body intégral de velours noir, maxi cape et chapeau "auréole" monumental, agrémenté de fil d’or.

Malgré son sens du spectacle, Victor Weinsanto sait aussi créer des pièces cool et commerciales – des parkas en denim savamment vieilli, des robes stretch à imprimé abstrait, marbré, ou des corsets aguicheurs en velours semblable à du stuc.

Signe du culte voué au créateur, toute une bande de collègues avait répondu présents : Jean-Paul Gaultier, Charles de Vilmorin et le bras droit de Rick Owens, Tyrone Dylan.
 

Weinsanto - Automne-Hiver 2023 - 2024 - Prêt-à-porter féminin - France - Paris - © ImaxTree


"Bravo ! Bravo ! C’est trop bon. En plus, tu es honnête avec toi-même, et généreux. C’était beau, et excellent, tu as fait du super, super boulot", s’enthousiasmait Gaultier en embrassant Victor, en coulisses.

Le défilé conforme aussi l’aplomb du créateur en matière de drapé. Comme avec cette robe asymétrique de première classe, portée par une vamp avec des ongles de cinq centimètres vernis de blanc, un tas de collier ras-de-cou et une chevelure noire de sorcière. Quant à ses trenchs déstructurés, ils ont suscité de nombreux hochements de tête approbateurs.

Victor Weinsanto a savouré un tonnerre d’applaudissements, au moment du salut. Il fait preuve d'une admirable inclusivité – le casting incluait des mannequins trans, des travestis et des tops grande taille.

Le tout était présenté devant un splendide panneau en plâtre, œuvre de Gérard Piagault – créateur de décors de scène pour Dior et d’autres grandes maisons – et qu’il a imaginé tout spécialement à partir de la dernière silhouette du défilé, une robe-corset oiseau de paradis.

La maison Weinsanto est peut-être toute jeune, mais elle est déjà culte. Des centaines de fans étaient massés dehors, sans même pouvoir accéder à cet évènement pris d’assaut.

"Nous avons tous nos propres objectifs et nos rêves. Il ne s’agit donc pas d’une direction univoque, plutôt d’un esprit d’ouverture", expliquait le créateur, qui arborait des cheveux verts pour l’occasion.

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