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28 mai 2011
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Xavier Clergerie: “Nous voulons construire le carrefour de la mode mondiale en féminin”.

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28 mai 2011

Xavier Clergerie et Bertrand Foache, co-fondateurs de WSN (Who’s Next, Première Classe, Atelier Paris sur Mode) sont aujourd’hui aux commandes de la grande majorité des salons de mode de la porte de Versailles depuis le rachat de la Sodes (Prêt-à-Porter Paris) par leur partenaire dans WSN, Comexposium, et leur prise de participation de 50% dans le salon de la chaussure Mess Around. Seul en fait le salon Eclat de Mode, centré sur les bijoux, ne fait pas partie du cercle. Mais, celui-ci sera évidemment tributaire des décisions prises par ses grands voisins. Sur celles-ci justement, Xavier Clergerie lève un coin du voile.

Prêt A Porter Paris, Who's Next, Xavier Clergerie
Xavier Clergerie (photo Pixel Formula)


FashionMag: Le regroupement des salons était-il inéluctable?
Xavier Clergerie: On ne pouvait pas faire autrement. La France se doit de présenter une plate-forme générale de mode. Cela commence par les défilés, qui représentent la dimension artistique de la mode. Il y a un salon comme Première Classe, qui s’est toujours positionné sur une vision très créative. Le salon est haut de gamme en matière de création s’il ne l’est pas forcément au niveau des prix des produits proposés. Mais ce marché créatif fonctionne parce qu’il y a d’autres marchés à coté. C’est un tout. Il est important de conforter la place parisienne comme un lieu commercial sur l’ensemble des marchés de mode.


FashionMag: Comment vont s’organiser les structures Sodes (ndlr: qui gère le salon Prêt à Porter Paris et ses satellites), et WSN Développement (Who’s Next et Première Classe, et Atelier Paris sur Mode)?
Xavier Clergerie: L’opérationnel est entre nos mains, de Bertrand et moi.


FashionMag: Mais, capitalistiquement, Comexposium est propriétaire à 100% de la Sodes ?
Xavier Clergerie: Non. On peut dire d’une certaine manière que nous sommes d’ores et déjà à 50-50. Comme dans WSN. La question qui reste à traiter est la fusion juridique des deux entités. Ou non. C’est un travail d’ordre juridique, ça n’empêche pas de travailler…


FashionMag: Avez-vous décidé d’un calendrier?
Xavier Clergerie: Rien ne se passera vraiment avant janvier 2012. Surement pour les salons de première session, qui sont bien engagés. Mais aussi vraisemblablement pour la deuxième session. Même s’il ne faut pas exclure des modifications.


FashionMag: Quelles décisions avez-vous déjà prises?

Xavier Clergerie: L’ajournement de Dubaï en est une. Il était clair que poursuivre nos efforts demandaient beaucoup d’énergie et que nous souhaitions nous concentrer sur Paris. On s’est rendu compte aussi que tous les acheteurs de la région intéressés par la mode et le produit viennent à Paris. On n’abandonne quand même pas totalement puisque on a décidé de favoriser un showroom sur place pour les marques qui souhaitent s’implanter dans cette région du monde.
Autre décision prise: l’arrêt de The Train à New York. Ce n’est pas l’idée qui était mauvaise. C’est son application aujourd’hui. The Train a été dépassé par ses concurrents. Du coup, la manifestation a peu de visiteurs. Cela ne rend pas service aux exposants. De plus, cela dessert au final les salons de Paris.


FashionMag: A Paris justement, envisagez- vous un grand salon ou allez-vous garder chaque entité?
Xavier Clergerie: D’abord, nous réfléchissons… Mais ce qu’on peut dire déjà, c’est qu’il y aura une segmentation appropriée aux différents marchés, en s’appuyant sur des regroupements de secteurs. Mais il ne faut pas penser concentration. On peut imaginer aussi de nouvelles approches, la création de nouveaux secteurs en fonction des tendances de mode par exemple. Notre objectif est bien de présenter une diversité. Ce sera plein de salons de mode réunis dans une grande cohérence. Il pourra y avoir une offre pour les rondes, une autre concernant la fourrure, le sélectif, etc. Tout cela sera rythmé par la tendance. Ce qui va changer, et vraiment parce que l’on a la liberté stratégique, c’est de concevoir une Porte de Versailles faite pour les salons de mode. On aura le sentiment d’entrer dans un endroit unique pour la période des salons de mode. L’entité Porte de Versailles n’aura rien à voir avec d’autres grands salons comme l’Agriculture ou Batimat par exemple.


FashionMag: Et au fait le nom Prêt-à-Porter Paris?

Xavier Clergerie: C’est un nom connu dans le monde entier. Il a toute sa place porte de Versailles. Mais Who’s Next aussi par exemple. On travaille sur tout ça. On peut travailler sur une sorte de déclinaison.


FashionMag: La dimension internationale s’exprimera comment?

Xavier Clergerie: C’est un élément important, même essentiel. Les salons de mode de Paris doivent incarner le carrefour de la mode mondiale en prêt-à-porter féminin. Pour cela, nous souhaitons travailler avec différents pays, les solliciter, faire venir des exposants de ces pays. Il y aura un pays invité d’honneur, pourquoi pas l’Inde ou le Brésil…

Prêt A Porter Paris, Who's Next, Xavier Clergerie
session Première Classe début 2011 (photo Pixel Formula)



FashionMag: Vous n’avez pas peur de disperser l’offre?

Xavier Clergerie: Chaque pays a une histoire avec la mode. Certains sont ou ont été des lieux de sourcing, avec des sous-traitants, puis ils deviennent des lieux de consommation. Demain, les pays dont nous parlons détiendront des marques. Il faut que ce soit à Paris qu’elles exposent pour le monde entier.


FashionMag: Pour la deuxième session, que prévoyez-vous?
Xavier Clergerie: Il est évident qu’il n’y aura pas à l’intérieur de notre structure deux salons d’habillement concurrents. Mais il faut nous laisser le temps…


FashionMag: Question rituelle à un organisateur de salon parisien: vous restez en septembre ou vous passez en juillet?
Xavier Clergerie: On peut imaginer juillet. C’est le bon mois pour les acheteurs du monde entier. C’est d’autant plus facile de décider que nous sommes les seuls décisionnaires aujourd’hui.


FashionMag: Et le salon de fast fashion que vous montez avec Eurovet, Sixty Days, dans tout ça? Ca vous intéresse toujours?
Xavier Clergerie: Là, pour le coup, on n’est pas tout seul puisque nous sommes partenaires avec Eurovet (Rires.. ). C’est un concept qui a toute sa place et qui correspond vraiment aux besoins des acheteurs, français notamment. Une boutique aujourd’hui a bien 30% de son assortiment en court terme. Et on a vu à Who’s Next l’accroissement de la présence de marques de fast fashion. Pour ne pas brouiller les cartes, il fallait leur donner un concept propre. Nous devrions atteindre une quarantaine d’exposants sur la session de septembre. Je devance la question… Vous allez me dire que ce n’est pas beaucoup. Mais une marque ne quitte pas facilement Who’s Next, vous savez. C’est un bon salon (rires)!


FashionMag: Et l’homme dans tout ça?
Xavier Clergerie: Nous voulons construire la plate forme internationale de la mode féminine. Pour l’homme, il y a déjà un bon salon, le Pitti Uomo. En revanche, et nous le développons très bien à Who’s Next avec aujourd’hui 300 marques sur ce segment, il y a de la place pour un secteur homme de qualité qui attire de nouveaux détaillants et peut-être convaincra les plus traditionnels à se bouger. Ce qui est intéressant de relever, c’est que ce sont les marques femme qui se lancent dans l’homme qui font bouger ce marché. Peut-être les détaillants femme suivront eux aussi…

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