Par
Reuters
Publié le
14 janv. 2016
Temps de lecture
4 minutes
Télécharger
Télécharger l'article
Imprimer
Taille du texte

Casino abaisse sa prévision de résultat et fait douter le marché

Par
Reuters
Publié le
14 janv. 2016

Casino a abaissé jeudi sa prévision de résultat opérationnel courant pour 2015, y compris en France, provoquant une rechute du titre en Bourse alors que l'investisseur Carson Block (Muddy Waters) a une nouvelle fois demandé au groupe des clarifications sur ses comptes.


Casino


Le distributeur, aux prises avec une chute de ses ventes au Brésil dans le non-alimentaire et le e-commerce, a une nouvelle fois révisé en baisse ses prévisions de résultats malgré un retour à la croissance en France au second semestre.

Son directeur financier Antoine Giscard d'Estaing a déclaré qu'un consensus de 1,5 milliard d'euros sur l'Ebit 2015 était « réaliste », alors que nombre d'analystes attendaient plutôt 1,6 milliard, un chiffre déjà abaissé par rapport à la fourchette de 1,68 à 1,78 milliard d'octobre. Le consensus atteignait 2,13 milliards en juillet.

La prévision du résultat opérationnel en France a elle aussi été révisée en baisse, à 340 millions d'euros, alors que le groupe disait encore mi-octobre tabler sur 400 millions.

Ces chiffres ont été sanctionnés par le marché. Le titre a fini la séance en recul de 6,23 % à 38,185 euros, parmi les plus fortes baisse du SBF 120 (-1,85 %).

L'endettement du distributeur aux prises avec la récession brésilienne et une faible rentabilité en France a nourri les inquiétudes et lourdement pesé sur le titre, qui a abandonné 44,5 % en Bourse en 2015.

« Il y a un risque de nouvelles pressions sur les résultats au Brésil. Il faudrait avoir l'assurance que le consensus a touché un plus bas avant d'être plus optimiste. Ce n'est probablement pas encore le cas », notent les analystes de la Société générale.

« Rebond nécessaire » en France

Ceux de Barclays se disent « inquiets » concernant la capacité à atteindre les objectif 2016 en France (le groupe a réaffirmé viser un Ebit de plus de 500 millions d'euros) « alors que Casino n'a pas voulu donner la contribution exacte des cessions d'actifs immobiliers attendues ».

En réponse aux critiques de Muddy Waters sur l'apport des opérations immobilières de Casino à ses résultats opérationnels en France, Antoine Giscard d'Estaing a tenu à souligner que l'amélioration de la rentabilité proviendrait uniquement des activités dans la distribution alimentaire.

Face à une crise économique qui semble durable au Brésil, Casino a insisté sur le redressement attendu de ses résultats en France grâce à l'amélioration de ses ventes, à ses accords à l'achat avec Intermarché et à ses réductions de coûts.

« Un rebond en France est nécessaire pour sécuriser le cash-flow et la capacité de servir un dividende stable société mère Rallye », notent les analystes de Raymond James.

Mi-décembre, Casino a annoncé un plan de désendettement - le deuxième en six mois - suivi par un rapport au vitriol de Muddy Waters estimant que la présentation des comptes masquait la forte détérioration des activités et un risque de financement face à un endettement très élevé.

Casino a rétorqué quelques jours plus tard en assurant que sa dynamique opérationnelle serait tirée par l'amélioration des activités en France, que son cash-flow libre permettrait de financer ses dividendes 2015 comme 2016 et que sa liquidité lui permettait de rembourser sa dette au-delà de 2017.

« Exaspération de la communauté financière »

Malgré cette réponse, les investisseurs doutent. Le titre accuse une chute de 23,61 % depuis la publication du rapport de Muddy Waters, alors que le SBF 120 a limité sa perte à 8,31 % sur la même période.
« Le marché est en plein doute », lâche un gérant d'actifs, pour qui « Casino est trop contraint par une dette trop élevée » et qui relève qu'aux niveaux actuels, la valorisation des actifs de Rallye est inférieure au montant de ses dettes. A la fin 2014, la dette nette de Casino totalisait 5,8 milliards d'euros et celle de Rallye 2,4 milliards.

« Il y avait manifestement urgence à désendetter le groupe (...) et l'annonce de la cession du Vietnam, présenté jusque-là comme une pépite créatrice de valeur, peut laisser penser que la situation était devenue très tendue, alors qu'un premier plan de désendettement avait été annoncé cet été », commente un gérant d'actifs sous couvert d'anonymat.

Dans le cadre de cette cession, Casino a indiqué en fin de journée avoir reçu des marques d'intérêt pour sa filiale Big C cotée en Thaïlande.

Si nombre d'analystes ont estimé que la complexité du groupe (multiples minoritaires et cascade de holdings : Rallye, Foncière Euris, Finatis, Euris) et ses méthodes de consolidation étaient bien connues, certains comme ceux de Bryan Garnier relèvent que Muddy Waters « reflète probablement l'exaspération de la communauté financière vis-à-vis de la complexité du groupe et de sa dette ». « Casino doit sortir de ce cercle vicieux » disent-ils.

Pour Tangi Le Liboux, stratégiste d'Aurel BGC, « le groupe ne pourra sans doute pas faire l’économie à terme d’un plan de simplification destiné à redresser la lisibilité des comptes. Sans quoi les doutes ne seront jamais levés ».

© Thomson Reuters 2024 All rights reserved.

Tags :
Distribution